Diversité des systèmes de production de mangues au Sénégal selon le mode de gestion des mouches des fruits

Au Sénégal, la mouche orientale des fruits (Bactrocera dorsalis) pénalise fortement la production et l'exportation des mangues. Depuis plusieurs années, l'Etat du Sénégal et les partenaires techniques et financiers mènent des actions de lutte contre la mouche à travers la sensibilisation et la distribution d'outils de lutte. Les producteurs montrent pourtant un engagement très hétérogène dans la lutte contre la mouche. Nous avons cherché à comprendre quels sont les facteurs agronomiques et commerciaux qui expliquent le niveau d'engagement des producteurs dans la lutte contre la mouche ? Nous avons étudié la manière dont les producteurs de mangue sénégalais gèrent le problème de ce ravageur dans les vergers des Niayes et de la Casamance. Nous avons conduit 18 d'entretiens semi-directifs préliminaires avec des producteurs de mangue des deux bassins de production, complétée par une enquête quantitative avec 204 producteurs de la zone des Niayes et 100 producteurs en Casamance. Une analyse en composantes multiples des données a permis de construire une typologie des systèmes de production au regard du mode de gestion de la mouche des fruits : (i) Un système de cueillette caractérisé par des vergers pluri-variétaux, des systèmes agroforestiers, des vergers abandonnés et des manguiers hors verger. Dans ce type de système, les mangues sont destinées à l'autoconsommation et au marché domestique. Les pratiques d'entretien des vergers y sont inexistantes. La lutte contre Bactrocera dorsalis étant plus efficace lorsqu'on combine plusieurs méthodes de lutte, on note que dans le système de cueillette moins de 2 méthodes d'élimination et/ou de capture des mouches des fruits sont mobilisées (la pulvérisation d'insecticides et les méthodes de capture des males y sont plus fréquents). (ii) Un système extensif représenté par des vergers de manguiers mono ou pluri-variétaux et de taille petite à moyenne (< 1 ha à 10ha). Dans ce type de système, les fruits sont destinés au marché domestique. Les arbres sont irrigués mais le ramassage des mangues tombées visant à réduire les risques d'infestation est peu fréquemment appliqué dans ce système. Néanmoins, les producteurs emploient à la fois 3 à 4 méthodes d'élimination ou de capture des mouches des fruits (élimination des mâles, pulvérisation d'insecticide, appâts alimentaires, etc.). (iii) Un système intensif représenté par des vergers de taille moyenne à grande (<10 ha) privilégiant les variétés Kent et Keitt destinées à l'export. Dans ce type de système, les vergers sont bien entretenus avec l'irrigation et la fertilisation des manguiers. La lutte contre la mouche des fruits est organisée de sorte à réduire les risques d'infestation avec la combinaison de plus de 4 méthodes de lutte (ramassage fréquent des mangues tombées et leur élimination, outils de piégeage des mâles, appâts alimentaires, insecticides, traitement des larves au sol, etc.). La mouche des fruits pouvant se déplacer de verger en verger, la coexistence de ces trois types de systèmes de production où la mouche se gère différemment limite probablement l'efficacité des initiatives publiques et privées en matière de lutte contre ce ravageur.

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Bibliographic Details
Main Authors: Ndiaye, Diatou, Zackariaou, Boubacar, Brévault, Thierry, Belmin, Raphaël
Format: conference_item biblioteca
Language:eng
Published: ISRA
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/601345/
http://agritrop.cirad.fr/601345/7/ID601345.pdf
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Description
Summary:Au Sénégal, la mouche orientale des fruits (Bactrocera dorsalis) pénalise fortement la production et l'exportation des mangues. Depuis plusieurs années, l'Etat du Sénégal et les partenaires techniques et financiers mènent des actions de lutte contre la mouche à travers la sensibilisation et la distribution d'outils de lutte. Les producteurs montrent pourtant un engagement très hétérogène dans la lutte contre la mouche. Nous avons cherché à comprendre quels sont les facteurs agronomiques et commerciaux qui expliquent le niveau d'engagement des producteurs dans la lutte contre la mouche ? Nous avons étudié la manière dont les producteurs de mangue sénégalais gèrent le problème de ce ravageur dans les vergers des Niayes et de la Casamance. Nous avons conduit 18 d'entretiens semi-directifs préliminaires avec des producteurs de mangue des deux bassins de production, complétée par une enquête quantitative avec 204 producteurs de la zone des Niayes et 100 producteurs en Casamance. Une analyse en composantes multiples des données a permis de construire une typologie des systèmes de production au regard du mode de gestion de la mouche des fruits : (i) Un système de cueillette caractérisé par des vergers pluri-variétaux, des systèmes agroforestiers, des vergers abandonnés et des manguiers hors verger. Dans ce type de système, les mangues sont destinées à l'autoconsommation et au marché domestique. Les pratiques d'entretien des vergers y sont inexistantes. La lutte contre Bactrocera dorsalis étant plus efficace lorsqu'on combine plusieurs méthodes de lutte, on note que dans le système de cueillette moins de 2 méthodes d'élimination et/ou de capture des mouches des fruits sont mobilisées (la pulvérisation d'insecticides et les méthodes de capture des males y sont plus fréquents). (ii) Un système extensif représenté par des vergers de manguiers mono ou pluri-variétaux et de taille petite à moyenne (< 1 ha à 10ha). Dans ce type de système, les fruits sont destinés au marché domestique. Les arbres sont irrigués mais le ramassage des mangues tombées visant à réduire les risques d'infestation est peu fréquemment appliqué dans ce système. Néanmoins, les producteurs emploient à la fois 3 à 4 méthodes d'élimination ou de capture des mouches des fruits (élimination des mâles, pulvérisation d'insecticide, appâts alimentaires, etc.). (iii) Un système intensif représenté par des vergers de taille moyenne à grande (<10 ha) privilégiant les variétés Kent et Keitt destinées à l'export. Dans ce type de système, les vergers sont bien entretenus avec l'irrigation et la fertilisation des manguiers. La lutte contre la mouche des fruits est organisée de sorte à réduire les risques d'infestation avec la combinaison de plus de 4 méthodes de lutte (ramassage fréquent des mangues tombées et leur élimination, outils de piégeage des mâles, appâts alimentaires, insecticides, traitement des larves au sol, etc.). La mouche des fruits pouvant se déplacer de verger en verger, la coexistence de ces trois types de systèmes de production où la mouche se gère différemment limite probablement l'efficacité des initiatives publiques et privées en matière de lutte contre ce ravageur.