Émissions de gaz à effet de serre et flux de carbone du sol associés aux mélanges de résidus de récolte et de produits résiduaires organiques dans la culture de la canne à sucre

Dans le contexte environnemental actuel il est nécessaire d'optimiser l'utilisation des ressources pour réduire les déchets et les émissions de gaz à effet de serre (GES). L'utilisation de ressources renouvelables et le recyclage sont au coeur du modèle d'économie circulaire, selon lequel le déchet est une ressource mobilisable, transformable, réutilisable et par conséquent non limitée. En agriculture, le cercle vertueux de l'économie circulaire peut être mis en place à travers le recyclage des matières organiques en tant que fertilisants et l'adoption d'une approche agroécologique qui privilégie les services écosystémiques pour lutter contre les nuisibles, protéger le sol et augmenter ses stocks de carbone, dont un des exemples est le paillage. Dans la culture de canne à sucre, la paille laissée à la surface du sol, est aussi de plus en plus convoitée par les industriels pour la production d'agrocarburant de seconde génération. L'émergence d'une telle concurrence d'usage de la biomasse et les enjeux environnementaux sous-jacents imposent d'évaluer à la fois les avantages et les inconvénients agronomiques et environnementaux du recyclage conjoint du paillis de canne à sucre et des fertilisants organiques. Les objectifs de ce travail sont donc i) de comparer l'effet des fertilisants de qualité physicochimique contrastée, sur la décomposition d'un paillis de canne à sucre, et ii) d'évaluer les potentialités d'émission de GES des mélanges paillisfertilisant en fonction de la quantité de paille laissée et de la qualité des fertilisants apportés. La stratégie de recherche adoptée visait dans un premier temps à détecter des interactions carbone/azote lors du recyclage conjoint de la paille et des fertilisants organiques. Nous avons ainsi testé la prédictibilité des dynamiques de minéralisation du C et du N des matières organiques seules, ou en mélange (paille/fertilisant) en laboratoire, par un modèle additif simple et un modèle mécaniste de transformation du carbone et de l'azote dans le sol – CANTIS. Nos résultats ont montré que les deux modèles ont surestimé la minéralisation du C et n'ont pas prédit correctement la minéralisation du N des deux mélanges. Cette interaction antagoniste pour les mélanges a pu être corrigée par l'application d'un facteur de contact dans CANTIS, qui reflète la diminution de la biodisponibilité du C et du N, due à des hétérogénéités de distribution à une échelle fine du sol. Dans un deuxième temps, nous avons effectué des essais au champ (en condition réelles) pour suivre à la fois la décomposition de la paille de canne à sucre en mélange avec des fertilisants organiques et les émissions de GES. La quantité de paille décomposée a été proportionnelle à la quantité initiale laissée et n'a été affectée ni par la quantité de paille initiale, ni par le type de fertilisant apporté. Cette proportionnalité est transposable aux potentialités de stockage de carbone dans le sol et devrait être considérée lors de la mise en place de programmes de séquestration de carbone dans le sol ou lors de l'exportation de la paille pour une utilisation par ailleurs. Le type de fertilisant a un rôle clef sur les émissions de GES à court terme après la fertilisation. Les flux d'émissions moyens de CO2 et de N2O les plus élevés ont été obtenus en appliquant du lisier de porc, qui a une forte teneur en eau et est riche en N minéral. A l'inverse, les cinétiques des émissions de GES des fertilisants solides ont été régis par des facteurs environnementaux, dont certains pourraient être contrôlés, tels que l'apport en eau ou la quantité de fertilisant. L'utilisation de fertilisants organiques est bénéfique lorsqu'ils sont riches en N organique et pauvres en teneur en eau, comme la boue de station d'épuration sèche, mais la minéralisation de l'azote dans ce cas est progressive et nécessite l'élaboration de plans d'épandage spécifiques pour répondre aux besoins des cultures. Une meilleure intégration des interactions entre les différentes sources de N et de C devrait être envisagée, afin de développer la modélisation en tant qu'outil précis pour la gestion d'un agro-écosystème.

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Bibliographic Details
Main Author: Kyulavski, Vladislav
Format: thesis biblioteca
Language:fre
Published: Université de la Réunion
Subjects:P02 - Pollution, Q70 - Traitement des déchets agricoles, canne à sucre, gaz à effet de serre, résidu de récolte, déchet agricole, réduction des émissions, émissions de gaz à effet de serre, carbone organique du sol, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_7501, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_34841, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_16118, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8683, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_331597, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_36198c2c, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_389fe908,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/596144/
http://agritrop.cirad.fr/596144/1/ID596144.pdf
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Description
Summary:Dans le contexte environnemental actuel il est nécessaire d'optimiser l'utilisation des ressources pour réduire les déchets et les émissions de gaz à effet de serre (GES). L'utilisation de ressources renouvelables et le recyclage sont au coeur du modèle d'économie circulaire, selon lequel le déchet est une ressource mobilisable, transformable, réutilisable et par conséquent non limitée. En agriculture, le cercle vertueux de l'économie circulaire peut être mis en place à travers le recyclage des matières organiques en tant que fertilisants et l'adoption d'une approche agroécologique qui privilégie les services écosystémiques pour lutter contre les nuisibles, protéger le sol et augmenter ses stocks de carbone, dont un des exemples est le paillage. Dans la culture de canne à sucre, la paille laissée à la surface du sol, est aussi de plus en plus convoitée par les industriels pour la production d'agrocarburant de seconde génération. L'émergence d'une telle concurrence d'usage de la biomasse et les enjeux environnementaux sous-jacents imposent d'évaluer à la fois les avantages et les inconvénients agronomiques et environnementaux du recyclage conjoint du paillis de canne à sucre et des fertilisants organiques. Les objectifs de ce travail sont donc i) de comparer l'effet des fertilisants de qualité physicochimique contrastée, sur la décomposition d'un paillis de canne à sucre, et ii) d'évaluer les potentialités d'émission de GES des mélanges paillisfertilisant en fonction de la quantité de paille laissée et de la qualité des fertilisants apportés. La stratégie de recherche adoptée visait dans un premier temps à détecter des interactions carbone/azote lors du recyclage conjoint de la paille et des fertilisants organiques. Nous avons ainsi testé la prédictibilité des dynamiques de minéralisation du C et du N des matières organiques seules, ou en mélange (paille/fertilisant) en laboratoire, par un modèle additif simple et un modèle mécaniste de transformation du carbone et de l'azote dans le sol – CANTIS. Nos résultats ont montré que les deux modèles ont surestimé la minéralisation du C et n'ont pas prédit correctement la minéralisation du N des deux mélanges. Cette interaction antagoniste pour les mélanges a pu être corrigée par l'application d'un facteur de contact dans CANTIS, qui reflète la diminution de la biodisponibilité du C et du N, due à des hétérogénéités de distribution à une échelle fine du sol. Dans un deuxième temps, nous avons effectué des essais au champ (en condition réelles) pour suivre à la fois la décomposition de la paille de canne à sucre en mélange avec des fertilisants organiques et les émissions de GES. La quantité de paille décomposée a été proportionnelle à la quantité initiale laissée et n'a été affectée ni par la quantité de paille initiale, ni par le type de fertilisant apporté. Cette proportionnalité est transposable aux potentialités de stockage de carbone dans le sol et devrait être considérée lors de la mise en place de programmes de séquestration de carbone dans le sol ou lors de l'exportation de la paille pour une utilisation par ailleurs. Le type de fertilisant a un rôle clef sur les émissions de GES à court terme après la fertilisation. Les flux d'émissions moyens de CO2 et de N2O les plus élevés ont été obtenus en appliquant du lisier de porc, qui a une forte teneur en eau et est riche en N minéral. A l'inverse, les cinétiques des émissions de GES des fertilisants solides ont été régis par des facteurs environnementaux, dont certains pourraient être contrôlés, tels que l'apport en eau ou la quantité de fertilisant. L'utilisation de fertilisants organiques est bénéfique lorsqu'ils sont riches en N organique et pauvres en teneur en eau, comme la boue de station d'épuration sèche, mais la minéralisation de l'azote dans ce cas est progressive et nécessite l'élaboration de plans d'épandage spécifiques pour répondre aux besoins des cultures. Une meilleure intégration des interactions entre les différentes sources de N et de C devrait être envisagée, afin de développer la modélisation en tant qu'outil précis pour la gestion d'un agro-écosystème.