Compréhension des mécanismes responsables de la faible densité de la population de buffles (Syncerus caffer caffer) de la Réserve Nationale de Niassa Mozambique

La Réserve Nationale de Niassa (RNN, Mozambique) est une des plus grandes aires protégées en Afrique (42,140 km2) et inclut une population humaine d'environ 39,000 résidents au sein de ses limites. La RNN a subit 10 ans de guerre d'indépendance (1964-1974) puis 15 ans de guerre civile (1977-1992), périodes pendant lesquelles les populations animales ont fortement diminué. Malgré d'importants efforts de conservation, les densités de la communauté d'herbivores y sont très faibles comparées à d'autres systèmes de savanes similaires, notamment la densité de la population de buffles qui est considérée comme une espèce clé dans l'industrie locale des trophées de chasse et est donc logiquement devenue une priorité de gestion pour la RNN. Nous avons répondu à cette problématique à travers trois protocoles. Premièrement, nous avons analysé les données de 5 comptages aériens (2002-2011), réalisés en fin de saison sèche, afin d'explorer les relations entre la distribution de la population de buffles et plusieurs variables environnementales, reflétant les équilibres à long terme et à large échelle avec les ressources clés. Deuxièmement, nous avons étudié les stratégies d'utilisation de l'espace et de sélection de l'habitat de 9 troupeaux de buffles dans des zones contrastées et sur une période de 3 ans. Enfin, nous avons analysé les potentiels impacts directs et indirects des moyens de subsistance des foyers locaux sur le buffle et les ressources naturelles à partir de questionnaires réalisés dans des villages contrastés. Les résultats montrent que l'arrangement spatial des rivières permanentes et de l'eau résiduelle dans le réseau hydrographique secondaire est principalement responsable de la distribution de la population de buffles dans la RNN en saison sèche. La taille des domaines vitaux fait partie des plus grandes jamais observée pour cette espèce avec de larges mouvements saisonniers en réponse à une ségrégation des ressources. Les feux de brousse contraignent fortement la sélection de l'habitat et leur ampleur limite énormément la disponibilité en fourrage pour le buffle. Aucun évitement évident de la présence humaine (proximité aux villages / routes) n'a été observé par les deux premiers protocoles, mais les réponses aux questionnaires suggèrent un potentiel impact du braconnage sur la dynamique de la population de buffles. Ces résultats fournissent de précieuses informations aux gestionnaires d'aires protégées. A une si grande échelle, en raison de l'hétérogénéité des covariables environnementales, les actions de gestion doivent être adaptées aux zones contrastées de la RNN.

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Bibliographic Details
Main Author: Prin, Thomas
Format: thesis biblioteca
Language:fre
Published: Université Claude Bernard
Subjects:L20 - Écologie animale, P01 - Conservation de la nature et ressources foncières, parc national, réserve naturelle, buffle africain, Syncerus caffer, densité de population, écologie animale, ressource en eau, braconnage, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5079, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_16141, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_167, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_d0debf2f, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6112, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_427, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8325, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_74a7d8c3, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_4964,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/591630/
http://agritrop.cirad.fr/591630/1/ID591630.pdf
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Summary:La Réserve Nationale de Niassa (RNN, Mozambique) est une des plus grandes aires protégées en Afrique (42,140 km2) et inclut une population humaine d'environ 39,000 résidents au sein de ses limites. La RNN a subit 10 ans de guerre d'indépendance (1964-1974) puis 15 ans de guerre civile (1977-1992), périodes pendant lesquelles les populations animales ont fortement diminué. Malgré d'importants efforts de conservation, les densités de la communauté d'herbivores y sont très faibles comparées à d'autres systèmes de savanes similaires, notamment la densité de la population de buffles qui est considérée comme une espèce clé dans l'industrie locale des trophées de chasse et est donc logiquement devenue une priorité de gestion pour la RNN. Nous avons répondu à cette problématique à travers trois protocoles. Premièrement, nous avons analysé les données de 5 comptages aériens (2002-2011), réalisés en fin de saison sèche, afin d'explorer les relations entre la distribution de la population de buffles et plusieurs variables environnementales, reflétant les équilibres à long terme et à large échelle avec les ressources clés. Deuxièmement, nous avons étudié les stratégies d'utilisation de l'espace et de sélection de l'habitat de 9 troupeaux de buffles dans des zones contrastées et sur une période de 3 ans. Enfin, nous avons analysé les potentiels impacts directs et indirects des moyens de subsistance des foyers locaux sur le buffle et les ressources naturelles à partir de questionnaires réalisés dans des villages contrastés. Les résultats montrent que l'arrangement spatial des rivières permanentes et de l'eau résiduelle dans le réseau hydrographique secondaire est principalement responsable de la distribution de la population de buffles dans la RNN en saison sèche. La taille des domaines vitaux fait partie des plus grandes jamais observée pour cette espèce avec de larges mouvements saisonniers en réponse à une ségrégation des ressources. Les feux de brousse contraignent fortement la sélection de l'habitat et leur ampleur limite énormément la disponibilité en fourrage pour le buffle. Aucun évitement évident de la présence humaine (proximité aux villages / routes) n'a été observé par les deux premiers protocoles, mais les réponses aux questionnaires suggèrent un potentiel impact du braconnage sur la dynamique de la population de buffles. Ces résultats fournissent de précieuses informations aux gestionnaires d'aires protégées. A une si grande échelle, en raison de l'hétérogénéité des covariables environnementales, les actions de gestion doivent être adaptées aux zones contrastées de la RNN.