Analyse multiéchelle de la diversité génétique des sorghos : compréhension des processus évolutifs pour la conservation in situ
Au Burkina Faso, au Mali, au Niger et à Wanté, 1 518 échantillons de sorgho ont été collectés et analysés à l'aide de marqueurs microsatellites. Les paramètres de diversité et de différenciation génétique ont été estimés à différentes échelles spatiales, depuis celle de la variété locale à celle du pays, pour déterminer l'effet des principales forces évolutives sur la diversité génétique du sorgho. Il existe une diversité intra-variétale principalement déterminée par la biologie de la reproduction du sorgho et par les dérives génétiques engendrées par les effectifs limités d'individus lors de l'introduction d'une variété ou de la sélection paysanne de la semence. À l'échelle d'un village, la corrélation entre la diversité des noms vernaculaires et la diversité génétique mesurée par les marqueurs microsatellites est faible. Aucune structuration spatiale n'est observée dans des villages distants de plus de 30 kilomètres soulignant le caractère très local des systèmes semenciers traditionnels. Au Mali et au Niger, une proportion équivalente et supérieure, respectivement, de la diversité génétique du sorgho est observée sur un transect longitudinal qui recoupe essentiellement des divisions ethnolinguistiques, par rapport au transect latitudinal qui recoupe une variabilité agro-écologique plus grande. La diversité des groupes humains explique donc, en interaction avec les conditions environnementales, la diversité génétique du sorgho in situ. Une grande partie de la diversité présente dans la core collection sorgho du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) se retrouve à l'échelle de pays comme le Niger ou le Mali. L'importance de la diversité génétique cultivée par les paysans dans des systèmes agricoles restés traditionnels souligne l'utilité des approches de conservation in situ des ressources génétiques. La conciliation des enjeux de conservation et d'amélioration variétale pourrait être réalisée par un recours plus important au germoplasme local dans des programmes de sélection décentralisés.
Summary: | Au Burkina Faso, au Mali, au Niger et à Wanté, 1 518 échantillons de sorgho ont été collectés et analysés à l'aide de marqueurs microsatellites. Les paramètres de diversité et de différenciation génétique ont été estimés à différentes échelles spatiales, depuis celle de la variété locale à celle du pays, pour déterminer l'effet des principales forces évolutives sur la diversité génétique du sorgho. Il existe une diversité intra-variétale principalement déterminée par la biologie de la reproduction du sorgho et par les dérives génétiques engendrées par les effectifs limités d'individus lors de l'introduction d'une variété ou de la sélection paysanne de la semence. À l'échelle d'un village, la corrélation entre la diversité des noms vernaculaires et la diversité génétique mesurée par les marqueurs microsatellites est faible. Aucune structuration spatiale n'est observée dans des villages distants de plus de 30 kilomètres soulignant le caractère très local des systèmes semenciers traditionnels. Au Mali et au Niger, une proportion équivalente et supérieure, respectivement, de la diversité génétique du sorgho est observée sur un transect longitudinal qui recoupe essentiellement des divisions ethnolinguistiques, par rapport au transect latitudinal qui recoupe une variabilité agro-écologique plus grande. La diversité des groupes humains explique donc, en interaction avec les conditions environnementales, la diversité génétique du sorgho in situ. Une grande partie de la diversité présente dans la core collection sorgho du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) se retrouve à l'échelle de pays comme le Niger ou le Mali. L'importance de la diversité génétique cultivée par les paysans dans des systèmes agricoles restés traditionnels souligne l'utilité des approches de conservation in situ des ressources génétiques. La conciliation des enjeux de conservation et d'amélioration variétale pourrait être réalisée par un recours plus important au germoplasme local dans des programmes de sélection décentralisés. |
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