Microfinance, banques agricoles, banques commerciales : quels partenariats pour le financement de l'agriculture ?

Le secteur de la microfinance s'est fortement développé en Afrique de l'Ouest dans les quinze dernières années. En fin 1999, à l'échelle de l'UEMOA, on dénombrait 250 institutions de microfinance (IMF) officiellement déclarées. Au 30 juin 2000, elles représentaient un encours de crédit de 93,7 millions de FCFA et un encours des dépôts de 114,9 millions FCFA (PASMEC-MRDM). Comparé au volume d'activité des banques classiques, le secteur de la microfinance peut apparaître encore faiblement développé. Cependant, sa décentralisation est un avantage comparatif important: en 1997, les 188 IMF répertoriés offraient 2628 points d'accès là où les 84 banques et établissements financiers n'en proposaient que 582. C'est face aux difficultés des banques à s'implanter durablement en milieu rural, que la composante rurale de la microfinance s'est fortement développée en Afrique de l'Ouest. Le secteur de la microfinance recouvre aujourd'hui une grande diversité de formes institutionnelles (mutuelles, associations d'épargne crédit, entreprises, projets...), avec des degrés de développement variés (de la micro-institution locale aux réseaux mutualistes nationaux) et des niveaux de professionnalisation contrastés. Pendant leurs phases d'émergence, ces institutions se sont le plus souvent développées à l'aide de financements extérieurs et/ou par la mobilisation de ressources internes. En phase de croissance et de recherche de Perennisation, les IMF ont besoin de sécuriser le placement de leurs excédents, d'acquérir une crédibilité institutionnelle et financière à l'échelle du secteur. Certains grands réseaux mutualistes envisagent de créer leur propre établissement financier; mais la plupart des IMF n'ont pas une envergure suffisante pour autoriser ce type d'ambition et se tournent vers le système bancaire classique pour tenter d'assurer leur ancrage dans le marché financier. Le secteur bancaire recouvre lui aussi plusieurs types d'institutions: banques commerciales privées, banques de développement sous régionales, banques agricoles encore largement publiques. Les banques commerciales restent essentiellement urbaines, leur décentralisation se limitant aux bourgs centres dans le meilleur des cas. Très souvent, les banques sont surliquides, éprouvant une grande difficulté à jouer leur rôle de financement de l'économie. Elles se concentrent sur les secteurs d'activités les plus rentables et les plus sécurisés (commerce, industries...), et limitent leurs investissements dans le secteur rural et à fortiori dans le secteur de l'agriculture familiale. Les banques agricoles, là où elles existent encore, sont souvent les seules à s'aventurer dans le financement du secteur agricole. Mais là encore, leur choix se porte sur des filières ou des zones présentant des garanties de rentabilité et de sécurité (filières organisées, garantie par caution sur le produit final, zones irriguées...). Malgré ces choix prudents, les déboires ont été importants et répétés et tempèrent souvent durablement l'intérêt des banques à investir dans le secteur agricole. La réforme du secteur financier de la plupart des pays africains a profondément modifié la donne pour les banques, obligeant bon nombre d'entre elles à adopter des procédures drastiques d'assainissement de leur gestion. Celles-ci, conjuguées à la forte incertitude que la libéralisation a introduit dans le secteur agricole, semblent limiter davantage encore la propension des banques à investir en milieu rural et agricole. Après quinze ans de développement de la microfinance, l'Afrique de lOuest offre donc toujours l'image de deux mondes cloisonnés, un secteur bancaire classique replié sur son espace urbain et qui dispose de ressources financières non valorisées et un secteur de la microfinance dont le développement est handicapé, notamment, par des besoins de financement non satisfaits. Pourtant, quelques exemples de relations fructueuses et à bénéfices réciproques entre banques et IMF existent en Afrique de l'Ouest

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Bibliographic Details
Main Authors: Wampfler, Betty, Baron, Christian
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CIRAD
Subjects:E13 - Investissements, financement et crédit,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/511127/
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Summary:Le secteur de la microfinance s'est fortement développé en Afrique de l'Ouest dans les quinze dernières années. En fin 1999, à l'échelle de l'UEMOA, on dénombrait 250 institutions de microfinance (IMF) officiellement déclarées. Au 30 juin 2000, elles représentaient un encours de crédit de 93,7 millions de FCFA et un encours des dépôts de 114,9 millions FCFA (PASMEC-MRDM). Comparé au volume d'activité des banques classiques, le secteur de la microfinance peut apparaître encore faiblement développé. Cependant, sa décentralisation est un avantage comparatif important: en 1997, les 188 IMF répertoriés offraient 2628 points d'accès là où les 84 banques et établissements financiers n'en proposaient que 582. C'est face aux difficultés des banques à s'implanter durablement en milieu rural, que la composante rurale de la microfinance s'est fortement développée en Afrique de l'Ouest. Le secteur de la microfinance recouvre aujourd'hui une grande diversité de formes institutionnelles (mutuelles, associations d'épargne crédit, entreprises, projets...), avec des degrés de développement variés (de la micro-institution locale aux réseaux mutualistes nationaux) et des niveaux de professionnalisation contrastés. Pendant leurs phases d'émergence, ces institutions se sont le plus souvent développées à l'aide de financements extérieurs et/ou par la mobilisation de ressources internes. En phase de croissance et de recherche de Perennisation, les IMF ont besoin de sécuriser le placement de leurs excédents, d'acquérir une crédibilité institutionnelle et financière à l'échelle du secteur. Certains grands réseaux mutualistes envisagent de créer leur propre établissement financier; mais la plupart des IMF n'ont pas une envergure suffisante pour autoriser ce type d'ambition et se tournent vers le système bancaire classique pour tenter d'assurer leur ancrage dans le marché financier. Le secteur bancaire recouvre lui aussi plusieurs types d'institutions: banques commerciales privées, banques de développement sous régionales, banques agricoles encore largement publiques. Les banques commerciales restent essentiellement urbaines, leur décentralisation se limitant aux bourgs centres dans le meilleur des cas. Très souvent, les banques sont surliquides, éprouvant une grande difficulté à jouer leur rôle de financement de l'économie. Elles se concentrent sur les secteurs d'activités les plus rentables et les plus sécurisés (commerce, industries...), et limitent leurs investissements dans le secteur rural et à fortiori dans le secteur de l'agriculture familiale. Les banques agricoles, là où elles existent encore, sont souvent les seules à s'aventurer dans le financement du secteur agricole. Mais là encore, leur choix se porte sur des filières ou des zones présentant des garanties de rentabilité et de sécurité (filières organisées, garantie par caution sur le produit final, zones irriguées...). Malgré ces choix prudents, les déboires ont été importants et répétés et tempèrent souvent durablement l'intérêt des banques à investir dans le secteur agricole. La réforme du secteur financier de la plupart des pays africains a profondément modifié la donne pour les banques, obligeant bon nombre d'entre elles à adopter des procédures drastiques d'assainissement de leur gestion. Celles-ci, conjuguées à la forte incertitude que la libéralisation a introduit dans le secteur agricole, semblent limiter davantage encore la propension des banques à investir en milieu rural et agricole. Après quinze ans de développement de la microfinance, l'Afrique de lOuest offre donc toujours l'image de deux mondes cloisonnés, un secteur bancaire classique replié sur son espace urbain et qui dispose de ressources financières non valorisées et un secteur de la microfinance dont le développement est handicapé, notamment, par des besoins de financement non satisfaits. Pourtant, quelques exemples de relations fructueuses et à bénéfices réciproques entre banques et IMF existent en Afrique de l'Ouest