Des propositions techniques pour des enjeux encore non maîtrisés
En milieu tropical humide, la répartition des précipitations est hétérogène entre la saison fraîche le plus souvent sèche et la saison chaude plus humide, pendant laquelle des pluies abondantes peuvent interdire toute culture horticole. L'abri sert de parapluie au dessus des cultures pour limiter les effets mécaniques négatifs des pluies (Martinique, Guyane, Gabon...); dans certaines régions tropicales d'altitude, l'abri fermé voire chauffé protège des températures hivernales fraîches (Réunion, Da Lat - Vietnam-, Bogota, Kunming -Chine-). Il permet aussi de protéger les cultures d'infestations d'insectes par la mise en place d'un filet hermétique de mailles de 250 à 500 microns formant une barrière physique autour de la culture. Par l'artificialisation du milieu qu'ils offrent, les abris ont donc pour objectif de réduire la saisonnalité de la production maraîchère. Ils entraînent un accroissement de la production avec une meilleure qualité sur une surface moindre, mais ils impliquent une formation technique et un investissement financier, variable selon la protection recherchée et les conditions climatiques locales (en particulier le risque cyclonique): 2,5 euros/m² à Da Lat, 3 euros/m² à Bogota mais 30 euros/m² à la Réunion. Les cultures sous abri ont déjà été réalisées dans de nombreuses zones tropicales depuis une trentaine d'années. Elles ont mis en évidence que les structures induisent à leur tour des effets indésirables pour lesquels de nouvelles solutions sont proposées: - Le choix de l'armature ou de la couverture permet de réduire l'élévation de la température et la diminution du rayonnement (ouvertures au faîtage ou latérale, emploi du polyéthylène,); - La limitation des pluies se révèle favorable aux insectes et acariens phytophages, mais la fermeture des abris permet la protection biologique contre ces ravageurs (comme Encarsia et Eretmocerus contre les aleurodes,); - La pollinisation naturelle est complétée par l'introduction de pollinisateurs ou par des techniques de substitution (vibrage et hormonage); - Le greffage sur des porte-greffes résistants aux maladies telluriques (flétrissement bactérien) diminue fortement la mortalité des plantes, notamment des Solanacées; - Enfin la culture hors-sol est une alternative à la baisse des qualités physiques, chimiques et sanitaires conséquence de l'utilisation intensive du sol. Les travaux de recherche menés actuellement par le CIRAD et ses partenaires portent sur l'amélioration des techniques de production sous abri, ainsi que sur l'introduction de ces nouvelles techniques dans des localités où elles ne sont pas encore développées. A la Réunion, la culture hors-sol sous abri de la tomate s'est développée en raison de la présence de races très virulentes de Ralstonia solanacearum. La recherche a accompagné cette évolution en étudiant de nouveaux substrats, et en améliorant la gestion de la fertilisation et de l'irrigation (pilotes). Il s'agit aujourd'hui d'aider la profession à réduire ses charges de main-d'oeuvre d'où les nouvelles études sur l'amélioration de la pollinisation sous abris étanches aux insectes. A la Martinique, le développement des cultures sous abri a permis de s'affranchir des contraintes liées aux excès de pluviométrie. Les abris sont de type parapluie, que ce soit pour le hors-sol ou la pleine terre. Le CIRAD a contribué à la définition des structures et des couvertures plastiques. On y étudie actuellement le recyclage des solutions nutritives pour le système hors-sol et la gestion de l'azote en pleine terre. Autour des grandes villes de l'Asie du Sud-est (Phnom Pen, Vientiane, Hanoi), le CIRAD et l'AVRDC testent des abris "parapluies" pour des cultures de pleine terre, en proposant le greffage de la tomate sur aubergine (résistance à l'inondation et au flétrissement bactérien) ou sur tomate (résistance au flétrissement bactérien), l'utilisation d'hormones de nouaison et un choix de différentes espèces à haute valeur ajoutée. Les cultures sous abris se situent résolument dans une stratégie d'intensification avec un accroissement des investissements, de la main-d'oeuvre et des intrants. Au regard des pratiques plus traditionnelles, la mise au point de nouvelles techniques doit s'accompagner de bilans écologiques et de suivi de la qualité des produits afin de (i) réduire les risques de pollution, (ii) démontrer l'absence de nuisibilité pour l'environnement urbain, (iii) satisfaire les besoins de qualité des consommateurs. Pour le CIRAD et ses partenaires, l'enjeu n'est donc plus uniquement de trouver des solutions techniques rentables mais aussi de démontrer leur justification sociale.
Summary: | En milieu tropical humide, la répartition des précipitations est hétérogène entre la saison fraîche le plus souvent sèche et la saison chaude plus humide, pendant laquelle des pluies abondantes peuvent interdire toute culture horticole. L'abri sert de parapluie au dessus des cultures pour limiter les effets mécaniques négatifs des pluies (Martinique, Guyane, Gabon...); dans certaines régions tropicales d'altitude, l'abri fermé voire chauffé protège des températures hivernales fraîches (Réunion, Da Lat - Vietnam-, Bogota, Kunming -Chine-). Il permet aussi de protéger les cultures d'infestations d'insectes par la mise en place d'un filet hermétique de mailles de 250 à 500 microns formant une barrière physique autour de la culture. Par l'artificialisation du milieu qu'ils offrent, les abris ont donc pour objectif de réduire la saisonnalité de la production maraîchère. Ils entraînent un accroissement de la production avec une meilleure qualité sur une surface moindre, mais ils impliquent une formation technique et un investissement financier, variable selon la protection recherchée et les conditions climatiques locales (en particulier le risque cyclonique): 2,5 euros/m² à Da Lat, 3 euros/m² à Bogota mais 30 euros/m² à la Réunion. Les cultures sous abri ont déjà été réalisées dans de nombreuses zones tropicales depuis une trentaine d'années. Elles ont mis en évidence que les structures induisent à leur tour des effets indésirables pour lesquels de nouvelles solutions sont proposées: - Le choix de l'armature ou de la couverture permet de réduire l'élévation de la température et la diminution du rayonnement (ouvertures au faîtage ou latérale, emploi du polyéthylène,); - La limitation des pluies se révèle favorable aux insectes et acariens phytophages, mais la fermeture des abris permet la protection biologique contre ces ravageurs (comme Encarsia et Eretmocerus contre les aleurodes,); - La pollinisation naturelle est complétée par l'introduction de pollinisateurs ou par des techniques de substitution (vibrage et hormonage); - Le greffage sur des porte-greffes résistants aux maladies telluriques (flétrissement bactérien) diminue fortement la mortalité des plantes, notamment des Solanacées; - Enfin la culture hors-sol est une alternative à la baisse des qualités physiques, chimiques et sanitaires conséquence de l'utilisation intensive du sol. Les travaux de recherche menés actuellement par le CIRAD et ses partenaires portent sur l'amélioration des techniques de production sous abri, ainsi que sur l'introduction de ces nouvelles techniques dans des localités où elles ne sont pas encore développées. A la Réunion, la culture hors-sol sous abri de la tomate s'est développée en raison de la présence de races très virulentes de Ralstonia solanacearum. La recherche a accompagné cette évolution en étudiant de nouveaux substrats, et en améliorant la gestion de la fertilisation et de l'irrigation (pilotes). Il s'agit aujourd'hui d'aider la profession à réduire ses charges de main-d'oeuvre d'où les nouvelles études sur l'amélioration de la pollinisation sous abris étanches aux insectes. A la Martinique, le développement des cultures sous abri a permis de s'affranchir des contraintes liées aux excès de pluviométrie. Les abris sont de type parapluie, que ce soit pour le hors-sol ou la pleine terre. Le CIRAD a contribué à la définition des structures et des couvertures plastiques. On y étudie actuellement le recyclage des solutions nutritives pour le système hors-sol et la gestion de l'azote en pleine terre. Autour des grandes villes de l'Asie du Sud-est (Phnom Pen, Vientiane, Hanoi), le CIRAD et l'AVRDC testent des abris "parapluies" pour des cultures de pleine terre, en proposant le greffage de la tomate sur aubergine (résistance à l'inondation et au flétrissement bactérien) ou sur tomate (résistance au flétrissement bactérien), l'utilisation d'hormones de nouaison et un choix de différentes espèces à haute valeur ajoutée. Les cultures sous abris se situent résolument dans une stratégie d'intensification avec un accroissement des investissements, de la main-d'oeuvre et des intrants. Au regard des pratiques plus traditionnelles, la mise au point de nouvelles techniques doit s'accompagner de bilans écologiques et de suivi de la qualité des produits afin de (i) réduire les risques de pollution, (ii) démontrer l'absence de nuisibilité pour l'environnement urbain, (iii) satisfaire les besoins de qualité des consommateurs. Pour le CIRAD et ses partenaires, l'enjeu n'est donc plus uniquement de trouver des solutions techniques rentables mais aussi de démontrer leur justification sociale. |
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