Elaboration d'une stratégie de lutte durable et efficace contre l'anthracnose des baies du caféier Arabica dans les hautes terres de l'ouest-Cameroun : bilan des connaissances acquises et perspectives

L'anthracnose des baies du caféier Arabica causée par Colletotrichum kahawae est l'un des facteurs limitant majeurs pour la production du café Arabica en Afrique, donc au Cameroun. Les pertes enregistrées sont de l'ordre de 50% en moyenne. Le principal objectif actuel de lutte contre cette maladie est de rechercher, de créer et de diffuser les variétés durablement résistantes à l'anthracnose et adaptées aux différentes écologies et systèmes culturaux pratiqués dans les petites exploitations paysannes. A cet effet, une meilleure connaissance à la fois des populations pathogènes, de la nature et du niveau de résistance du germoplasme hôte, et de divers paramètres épidémiologiques de la maladie est nécessaire. La diversité génétique des populations pathogènes du Cameroun a été évaluée par détermination des groupes de compatibilité végétative (GCV) et à l'aide des marqueurs RAPD (Random Amplified Polymorphic DNA) et a été ensuite comparée à celle des pays de l'Afrique de l'Est. La caractérisation des relations hôte/parasite a été réalisée à l'aide des inoculations artificielles sur hypocotyles de semenceaux déracinés et sur baies vertes détachées de caféiers Arabica. L'effet des quelques facteurs abiotiques sur l'incidence de la maladie a été mesuré. Les sources d'inoculum primaire ont été recherchées. Un seul groupe de compatibilité végétative (GCV) a été mis en évidence. L'analyse de la structure de la population camerounaise à l'aide des RAPD suggère que cette population est clonale et peu structurée. Comparée à la population originaire d'Afrique de l'Est, les résultats montrent l'existence d'une forte différenciation génétique entre les deux populations géographiques. Ce qui suggère l'absence de migration de l'agent pathogène entre ces deux régions et soulève le problème de l'origine de la maladie et de l'évolution de l'agent pathogène. Des tests de pathogénie réalisés avec les différents isolats étudiés n'ont pas mis en évidence de réactions spécifiques de résistance. Toutefois, différents niveaux d'aggressivité des isolats et différents niveaux de résistance entre les génotypes ont été observés. La résistance du caféier Arabica semble de nature non spécifique. Les deux méthodes d'évaluation de la résistance utilisables en laboratoire ont montré que la base génétique des accessions testées est étroite. Les résultats obtenus avec des hypocotyles semblent plus fiables que ceux obtenus sur baies. Mais il reste à identifier la méthode la plus représentative du comportement des arbres au champ dans les conditions de forte pression parasitaire. Le rôle du climat sur le développement de la maladie est clairement établi. Par contre, l'effet de chaque facteur abiotique, de chaque système cultural sur l'évolution de la maladie reste à préciser. Les investigations menées sur les sources d'inoculum primaire ont permis de montrer que les feuilles, les branchettes porteuses des noeuds fructifères sont capables d'héberger le champignon. Les formes de conservation de cet inoculum reste inconnues. Sur la base des connaissances déjà acquises, une méthode de lutte efficace basée sur la résistance générale et durable, et la gestion de l'environnement est envisageable.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Authors: Bella Manga, Bieysse, Daniel, Mouen Bedimo, Joseph Aubert, Nyassé, Salomon, Berry, Dominique
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: ASIC
Subjects:H20 - Maladies des plantes, F30 - Génétique et amélioration des plantes,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/485980/
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
Description
Summary:L'anthracnose des baies du caféier Arabica causée par Colletotrichum kahawae est l'un des facteurs limitant majeurs pour la production du café Arabica en Afrique, donc au Cameroun. Les pertes enregistrées sont de l'ordre de 50% en moyenne. Le principal objectif actuel de lutte contre cette maladie est de rechercher, de créer et de diffuser les variétés durablement résistantes à l'anthracnose et adaptées aux différentes écologies et systèmes culturaux pratiqués dans les petites exploitations paysannes. A cet effet, une meilleure connaissance à la fois des populations pathogènes, de la nature et du niveau de résistance du germoplasme hôte, et de divers paramètres épidémiologiques de la maladie est nécessaire. La diversité génétique des populations pathogènes du Cameroun a été évaluée par détermination des groupes de compatibilité végétative (GCV) et à l'aide des marqueurs RAPD (Random Amplified Polymorphic DNA) et a été ensuite comparée à celle des pays de l'Afrique de l'Est. La caractérisation des relations hôte/parasite a été réalisée à l'aide des inoculations artificielles sur hypocotyles de semenceaux déracinés et sur baies vertes détachées de caféiers Arabica. L'effet des quelques facteurs abiotiques sur l'incidence de la maladie a été mesuré. Les sources d'inoculum primaire ont été recherchées. Un seul groupe de compatibilité végétative (GCV) a été mis en évidence. L'analyse de la structure de la population camerounaise à l'aide des RAPD suggère que cette population est clonale et peu structurée. Comparée à la population originaire d'Afrique de l'Est, les résultats montrent l'existence d'une forte différenciation génétique entre les deux populations géographiques. Ce qui suggère l'absence de migration de l'agent pathogène entre ces deux régions et soulève le problème de l'origine de la maladie et de l'évolution de l'agent pathogène. Des tests de pathogénie réalisés avec les différents isolats étudiés n'ont pas mis en évidence de réactions spécifiques de résistance. Toutefois, différents niveaux d'aggressivité des isolats et différents niveaux de résistance entre les génotypes ont été observés. La résistance du caféier Arabica semble de nature non spécifique. Les deux méthodes d'évaluation de la résistance utilisables en laboratoire ont montré que la base génétique des accessions testées est étroite. Les résultats obtenus avec des hypocotyles semblent plus fiables que ceux obtenus sur baies. Mais il reste à identifier la méthode la plus représentative du comportement des arbres au champ dans les conditions de forte pression parasitaire. Le rôle du climat sur le développement de la maladie est clairement établi. Par contre, l'effet de chaque facteur abiotique, de chaque système cultural sur l'évolution de la maladie reste à préciser. Les investigations menées sur les sources d'inoculum primaire ont permis de montrer que les feuilles, les branchettes porteuses des noeuds fructifères sont capables d'héberger le champignon. Les formes de conservation de cet inoculum reste inconnues. Sur la base des connaissances déjà acquises, une méthode de lutte efficace basée sur la résistance générale et durable, et la gestion de l'environnement est envisageable.