Les organismes génétiquement modifiés dans les pays en développement : journée interacadémique des sciences de la vie et de la santé

Les problèmes du sous-développement ne sont pas avant tout d'ordre technique, mais l'augmentation prévisible de la population du globe dans les cinquante prochaines années nécessitera de très fortes hausses de productivité sur les lieux mêmes de consommation. Or, cet accroissement pourra difficilement être atteint avec les procédés actuels sans menacer la durabilité des systèmes de production. Des bouleversements en profondeur seront donc indispensables - c'est la philosophie de la "révolution doublement verte". Aucun élément de solution n'est à négliger a priori, y compris l'introduction de véritables ruptures techniques, telles celles apportées par les biotechnologies modernes. La transformation génétique ne nourrira pas les pays en développement, mais il serait irresponsable de ne pas la considérer comme faisant partie de la panoplie des outils disponibles. Il appartient à la recherche publique d'explorer les voies de ses applications potentielles pour contribuer à la réduction de l'insécurité alimentaire, de la grande pauvreté et de la dégradation de l'environnement. Les risques liés à l'exploitation du génie génétique ne sont pas d'une nature particulière dans les pays du Sud. Ils s'y révèlent cependant parfois de façon spécifique, et les informations permettant de les évaluer rigoureusement sont encore beaucoup plus lacunaires que dans les pays industrialisés: une très grande prudence dans les décisions de dissémination paraît donc souhaitable. L'étude de l'intérêt des organismes génétiquement modifiés et des précautions qu'ils appellent ne saurait, par ailleurs, se limiter aux seuls aspects biologiques. Un certain nombre de conditions sociales, culturelles ou institutionnelles, devront être satisfaites pour que des succès techniques puissent se traduire en progrès économiques et sociaux. Les pays en développement, dont beaucoup sont déjà entrés de façon plus ou moins réfléchie dans lère des biotechnologies, subiront inéluctablement les effets de la généralisation de ces techniques dans les pays industrialisés. La question n'est donc plus de savoir si cette évolution est souhaitable pour eux, mais comment ils pourront en tirer le meilleur parti. Porteuse de nombreuses promesses, l'utilisation des techniques de connaissance et d'utilisation du génome peut aussi être source de marginalisation et d'accroissement des inégalités, entre Etats, comme entre groupes sociaux. C'est pourquoi tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, ont besoin de se doter au minimum des compétences nécessaires pour pouvoir définir et mettre en ceuvre leurs propres politiques, de la façon la plus éclairée possible.

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Bibliographic Details
Main Author: Weil, Alain
Format: monograph biblioteca
Language:fre
Published: CIRAD
Subjects:F30 - Génétique et amélioration des plantes, A50 - Recherche agronomique, organisme génétiquement modifié, développement agricole, pays en développement, gestion des ressources, recherche, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_34285, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_199, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_2222, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6524, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6513,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/479741/
http://agritrop.cirad.fr/479741/1/ID479741.pdf
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Summary:Les problèmes du sous-développement ne sont pas avant tout d'ordre technique, mais l'augmentation prévisible de la population du globe dans les cinquante prochaines années nécessitera de très fortes hausses de productivité sur les lieux mêmes de consommation. Or, cet accroissement pourra difficilement être atteint avec les procédés actuels sans menacer la durabilité des systèmes de production. Des bouleversements en profondeur seront donc indispensables - c'est la philosophie de la "révolution doublement verte". Aucun élément de solution n'est à négliger a priori, y compris l'introduction de véritables ruptures techniques, telles celles apportées par les biotechnologies modernes. La transformation génétique ne nourrira pas les pays en développement, mais il serait irresponsable de ne pas la considérer comme faisant partie de la panoplie des outils disponibles. Il appartient à la recherche publique d'explorer les voies de ses applications potentielles pour contribuer à la réduction de l'insécurité alimentaire, de la grande pauvreté et de la dégradation de l'environnement. Les risques liés à l'exploitation du génie génétique ne sont pas d'une nature particulière dans les pays du Sud. Ils s'y révèlent cependant parfois de façon spécifique, et les informations permettant de les évaluer rigoureusement sont encore beaucoup plus lacunaires que dans les pays industrialisés: une très grande prudence dans les décisions de dissémination paraît donc souhaitable. L'étude de l'intérêt des organismes génétiquement modifiés et des précautions qu'ils appellent ne saurait, par ailleurs, se limiter aux seuls aspects biologiques. Un certain nombre de conditions sociales, culturelles ou institutionnelles, devront être satisfaites pour que des succès techniques puissent se traduire en progrès économiques et sociaux. Les pays en développement, dont beaucoup sont déjà entrés de façon plus ou moins réfléchie dans lère des biotechnologies, subiront inéluctablement les effets de la généralisation de ces techniques dans les pays industrialisés. La question n'est donc plus de savoir si cette évolution est souhaitable pour eux, mais comment ils pourront en tirer le meilleur parti. Porteuse de nombreuses promesses, l'utilisation des techniques de connaissance et d'utilisation du génome peut aussi être source de marginalisation et d'accroissement des inégalités, entre Etats, comme entre groupes sociaux. C'est pourquoi tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, ont besoin de se doter au minimum des compétences nécessaires pour pouvoir définir et mettre en ceuvre leurs propres politiques, de la façon la plus éclairée possible.