Le riz de ville et le riz des champs. La riziculture ivoirienne sacrifiée à la paix sociale à Abidjan

La politique rizicole ivoirienne se caractérise par son incohérence et la succession de phases contradictoires. Après un certain désintérêt pour cette culture, elle lance dans les années soixante-dix un ambitieux programme rizicole, basé sur l'irrigation, appuyé par un encadrement technique et économique important. Ce boom rizicole est de courte durée mais montre l'impact d'un prix incitatif sur les stratégies des agriculteurs. L'augmentation spectaculaire des cours à la production en 1974 provoque un engouement pour cette culture et suscite même des initiatives locales. Au sabordage de la Soderiz en 1977 succède la disparition d'un réseau de collecte efficace et la baisse du prix du riz au producteur. Les ventes s'effondrent et le riz cultivé dans les champs des agriculteurs retrouve son statut antérieur : celui de l'autoconsommation. Parallèlement, l'Etat ivoirien reprend et amplifie ses importations de riz. Profitant des cours mondiaux favorables, il assure ainsi l'approvisionnement à bas prix des citadins en constante progression. Pourtant, le potentiel de production existe toujours. La dévaluation du franc CFA permet d'envisager que ce potentiel rizicole s'exprime. Malgré tout, dans un contexte politique et économique certes difficile, le gouvernement sacrifie la production rizicole ivoirienne au bénéfice de la paix sociale dans les villes. Il subventionne les importations de riz et restreint l'augmentation de son prix au consommateur. Parallèlement, les cours des produits d'exportation sont relevés. La Côte d'Ivoire ne peut durablement poursuivre cette politique, au détriment de ses agriculteurs et de son indépendance alimentaire

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Main Author: Le Roy, X.
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CIRAD
Subjects:E16 - Économie de la production, Oryza, politique agricole, riz, importation, prix, Gossypium, coton, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5435, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_201, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6599, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3815, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6178, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3335, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_1926, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_4027,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/468030/
http://agritrop.cirad.fr/468030/1/ID468030.pdf
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Summary:La politique rizicole ivoirienne se caractérise par son incohérence et la succession de phases contradictoires. Après un certain désintérêt pour cette culture, elle lance dans les années soixante-dix un ambitieux programme rizicole, basé sur l'irrigation, appuyé par un encadrement technique et économique important. Ce boom rizicole est de courte durée mais montre l'impact d'un prix incitatif sur les stratégies des agriculteurs. L'augmentation spectaculaire des cours à la production en 1974 provoque un engouement pour cette culture et suscite même des initiatives locales. Au sabordage de la Soderiz en 1977 succède la disparition d'un réseau de collecte efficace et la baisse du prix du riz au producteur. Les ventes s'effondrent et le riz cultivé dans les champs des agriculteurs retrouve son statut antérieur : celui de l'autoconsommation. Parallèlement, l'Etat ivoirien reprend et amplifie ses importations de riz. Profitant des cours mondiaux favorables, il assure ainsi l'approvisionnement à bas prix des citadins en constante progression. Pourtant, le potentiel de production existe toujours. La dévaluation du franc CFA permet d'envisager que ce potentiel rizicole s'exprime. Malgré tout, dans un contexte politique et économique certes difficile, le gouvernement sacrifie la production rizicole ivoirienne au bénéfice de la paix sociale dans les villes. Il subventionne les importations de riz et restreint l'augmentation de son prix au consommateur. Parallèlement, les cours des produits d'exportation sont relevés. La Côte d'Ivoire ne peut durablement poursuivre cette politique, au détriment de ses agriculteurs et de son indépendance alimentaire