Motte après motte, goutte après goutte

Nous avons besoin d’augmenter la productivité de nos cultures, mais comment ? Avec de la sueur, des larmes… et des intrants bien choisis, pour commencer. Plus des tas d’améliorations pour tirer tout ce que nous pouvons du sol et de l’eau. Dans le Spore Spécial 2000 (page 10), nous évoquions l’effarante statistique selon laquelle la productivité de certaines zones consommatrices de manioc devrait augmenter de 717 % pour satisfaire les besoins alimentaires régionaux en 2050. Tirés de projections élaborées pour le Sommet mondial de l’alimentation en 1996 et prenant en compte les changements dans les habitudes de consommation alimentaire, ces chiffres illustrent à l’extrême ce que l’on entend par ' nourrir le monde '. C’est tellement impressionnant que la plupart des gens sont stupéfaits, puis incrédules: ' il y a sûrement une erreur quelque part ', ' on ne peut pas sortir de tels rendements d’un chapeau comme par magie ! '. Saute-mouton Ces chiffres circulent de plus en plus souvent dans les milieux politiques, comme si la planification agricole était devenue un de ces jeux musicaux où les gens disposés en cercle se lancent un ballon et, quand la musique s’arrête, le perdant est la dernière personne à avoir reçu le ballon et tous les autres ont gagné pour avoir su s’en débarrasser à temps. Curieuse planification ! Les augmentations de productivité ont l’air de se faire par à-coups comme à saute-mouton. En fait, les 717 % annoncés sont moins spectaculaires qu’il n’y paraît. Lorsqu’on les décompose, ils se traduisent en réalité par une augmentation annuelle de ‘seulement’ 3, 8 %. Dans d’autres zones telles que le Sahel, consommateur de sorgho et de mil, les 480 % de gains de productivité annoncés se traduisent en un progrès annuel de moins de 3 %. Cela semble déjà plus faisable. Cependant, une telle amélioration année après année est un vrai défi pour la communauté scientifique, car elle signifie des progrès constants dans la conservation et l’amélioration des sols, les économies d’eau et la protection des cultures, tout en tenant compte des changements climatiques. Sans oublier les questions au revers de la pièce : une nourriture vraiment présente sur les marchés et une population en mesure de l’acheter pour satisfaire ses besoins. D’abord, amendez vos sols En planification agricole, les meilleures idées sont les plus simples. En dehors des appels, quelque peu idéalistes, à changer les modes de consommation occidentaux pour redistribuer la nourriture dans le monde, les principaux progrès devront intervenir dans deux domaines clés : la fertilité des sols et la résistance à la sécheresse. Voilà, en bref, les recommandations formulées par la Commission internationale des Nations Unies sur les changements climatiques, réunie en octobre 2002 à New Delhi, Inde. Pour les chercheurs, la difficulté consiste à progresser sur plusieurs fronts à la fois. Actuellement, beaucoup se concentrent sur une technologie dite ‘d’amendement des sols’, qui vise à améliorer à la fois la fertilité des sols et la résistance à la sécheresse. Cette dernière est liée à une meilleure rétention de l’eau dans le sol autour de la plante plutôt qu’à une amélioration des capacités de la plante elle-même à retenir l’eau — un autre important sujet d’études pour les chercheurs. Deux équipes de recherche, l’une en Afrique du Sud et l’autre en Belgique, ont récemment mené à terme — de façon indépendante et séparée — leurs travaux sur l’amendement des sols. Toutes deux se sont basées sur l’utilisation de polymères, des substances composées de molécules caractérisées par la répétition d’atomes liés les uns aux autres, un peu comme un réseau de fibres très fines reliées entre elles à la façon d’un minuscule filet de pêche ou filet à cheveux. Le processus d’amendement consiste à introduire un mélange de nutriments et de polymères dans le sol où ils forment une matière capable de stocker une quantité d’eau et de nutriments jusqu’à 300 fois leur propre volume, puis de les diffuser lentement dans le sol. La version sud-africaine de cette technologie, commercialisée sous le nom d’Aqua-Soil, constitue un réservoir d’eau et de nutriments qu’une plante peut utiliser en fonction de ses besoins à mesure qu’elle grandit. Aqua-Soil réduit les besoins d’arrosage, augmente la capacité de rétention des sols pendant cinq ans et diminue le lessivage et la perte d’eau par évaporation et ruissellement. Il perd son efficacité au bout de cinq ans et se décompose alors en gaz carbonique, eau, potassium et azote, sans risque de toxicité résiduelle. La technologie Terra-Cottem, fruit de longues recherches menées en Belgique avec le souci d’une application dans les pays du sud, a des caractéristiques et des utilisations similaires. Selon ses créateurs, ' ce produit convient particulièrement aux sols et aux zones de racines dégradés à faible capillarité (faible remontée d’eau pour captation par la plante) tels que les sols sablonneux, les pots et les containers, les zones industrielles ou municipales où il n’y a pas ou peu d’entretien par irrigation, fertilisation ou traitement des sols. Il permet d’améliorer la qualité et la performance du milieu de culture '. Divers autres produits de ce type sont en cours d’étude et de développement à travers le monde, notamment dans des centres de recherche ACP. (Si vous travaillez sur ce sujet, pourquoi pas l’écrire dans Spore ? Voir page 15). Des recherches s’orientent dans le même sens dans des domaines comme l’irrigation au goutte à goutte — que nous aborderons prochainement dans Spore — qui permettraient d’importantes économies d’eau. Ce qui fait l’intérêt d’Aqua-Soil et de Terra-Cottem, c’est qu’ils ont été conçus dans le secteur public de la recherche universitaire, puis lancés avec succès par des entreprises privées. Ces entreprises peuvent ainsi travailler dans des secteurs comme le marché sud-africain des agriculteurs novateurs ou le nord du Burkina Faso où elles ne peuvent pas attendre un retour sur investissements immédiat. Ces universités ont compris ce que les centres de recherche devraient davantage intégrer : quand il y a nécessité, par exemple celle d’augmenter fortement la productivité, il y a toujours, au bout du chemin, un marché. Aqua-Soil, PO Box 74794, Lynnwood Ridge 0040, Afrique du Sud - Fax: +27 12 346 6048 E-mail: info@ aquasoil.co.za Site Web: www.aquasoil.co.za TerraCottem International 4 Melbray Mews Hurlingham Road London SW6 3NS Royaume Uni Fax: +44 20 7384 4031 E-mail: info@terracottem.com Site Web: www.terracottem.com [caption] Le goutte-à-goutte est bien plus qu'une mode. [caption] Certains additifs peuvent aider à améliorer la rétention d'eau dans les sols.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2002
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/62987
https://hdl.handle.net/10568/99674
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Description
Summary:Nous avons besoin d’augmenter la productivité de nos cultures, mais comment ? Avec de la sueur, des larmes… et des intrants bien choisis, pour commencer. Plus des tas d’améliorations pour tirer tout ce que nous pouvons du sol et de l’eau. Dans le Spore Spécial 2000 (page 10), nous évoquions l’effarante statistique selon laquelle la productivité de certaines zones consommatrices de manioc devrait augmenter de 717 % pour satisfaire les besoins alimentaires régionaux en 2050. Tirés de projections élaborées pour le Sommet mondial de l’alimentation en 1996 et prenant en compte les changements dans les habitudes de consommation alimentaire, ces chiffres illustrent à l’extrême ce que l’on entend par ' nourrir le monde '. C’est tellement impressionnant que la plupart des gens sont stupéfaits, puis incrédules: ' il y a sûrement une erreur quelque part ', ' on ne peut pas sortir de tels rendements d’un chapeau comme par magie ! '. Saute-mouton Ces chiffres circulent de plus en plus souvent dans les milieux politiques, comme si la planification agricole était devenue un de ces jeux musicaux où les gens disposés en cercle se lancent un ballon et, quand la musique s’arrête, le perdant est la dernière personne à avoir reçu le ballon et tous les autres ont gagné pour avoir su s’en débarrasser à temps. Curieuse planification ! Les augmentations de productivité ont l’air de se faire par à-coups comme à saute-mouton. En fait, les 717 % annoncés sont moins spectaculaires qu’il n’y paraît. Lorsqu’on les décompose, ils se traduisent en réalité par une augmentation annuelle de ‘seulement’ 3, 8 %. Dans d’autres zones telles que le Sahel, consommateur de sorgho et de mil, les 480 % de gains de productivité annoncés se traduisent en un progrès annuel de moins de 3 %. Cela semble déjà plus faisable. Cependant, une telle amélioration année après année est un vrai défi pour la communauté scientifique, car elle signifie des progrès constants dans la conservation et l’amélioration des sols, les économies d’eau et la protection des cultures, tout en tenant compte des changements climatiques. Sans oublier les questions au revers de la pièce : une nourriture vraiment présente sur les marchés et une population en mesure de l’acheter pour satisfaire ses besoins. D’abord, amendez vos sols En planification agricole, les meilleures idées sont les plus simples. En dehors des appels, quelque peu idéalistes, à changer les modes de consommation occidentaux pour redistribuer la nourriture dans le monde, les principaux progrès devront intervenir dans deux domaines clés : la fertilité des sols et la résistance à la sécheresse. Voilà, en bref, les recommandations formulées par la Commission internationale des Nations Unies sur les changements climatiques, réunie en octobre 2002 à New Delhi, Inde. Pour les chercheurs, la difficulté consiste à progresser sur plusieurs fronts à la fois. Actuellement, beaucoup se concentrent sur une technologie dite ‘d’amendement des sols’, qui vise à améliorer à la fois la fertilité des sols et la résistance à la sécheresse. Cette dernière est liée à une meilleure rétention de l’eau dans le sol autour de la plante plutôt qu’à une amélioration des capacités de la plante elle-même à retenir l’eau — un autre important sujet d’études pour les chercheurs. Deux équipes de recherche, l’une en Afrique du Sud et l’autre en Belgique, ont récemment mené à terme — de façon indépendante et séparée — leurs travaux sur l’amendement des sols. Toutes deux se sont basées sur l’utilisation de polymères, des substances composées de molécules caractérisées par la répétition d’atomes liés les uns aux autres, un peu comme un réseau de fibres très fines reliées entre elles à la façon d’un minuscule filet de pêche ou filet à cheveux. Le processus d’amendement consiste à introduire un mélange de nutriments et de polymères dans le sol où ils forment une matière capable de stocker une quantité d’eau et de nutriments jusqu’à 300 fois leur propre volume, puis de les diffuser lentement dans le sol. La version sud-africaine de cette technologie, commercialisée sous le nom d’Aqua-Soil, constitue un réservoir d’eau et de nutriments qu’une plante peut utiliser en fonction de ses besoins à mesure qu’elle grandit. Aqua-Soil réduit les besoins d’arrosage, augmente la capacité de rétention des sols pendant cinq ans et diminue le lessivage et la perte d’eau par évaporation et ruissellement. Il perd son efficacité au bout de cinq ans et se décompose alors en gaz carbonique, eau, potassium et azote, sans risque de toxicité résiduelle. La technologie Terra-Cottem, fruit de longues recherches menées en Belgique avec le souci d’une application dans les pays du sud, a des caractéristiques et des utilisations similaires. Selon ses créateurs, ' ce produit convient particulièrement aux sols et aux zones de racines dégradés à faible capillarité (faible remontée d’eau pour captation par la plante) tels que les sols sablonneux, les pots et les containers, les zones industrielles ou municipales où il n’y a pas ou peu d’entretien par irrigation, fertilisation ou traitement des sols. Il permet d’améliorer la qualité et la performance du milieu de culture '. Divers autres produits de ce type sont en cours d’étude et de développement à travers le monde, notamment dans des centres de recherche ACP. (Si vous travaillez sur ce sujet, pourquoi pas l’écrire dans Spore ? Voir page 15). Des recherches s’orientent dans le même sens dans des domaines comme l’irrigation au goutte à goutte — que nous aborderons prochainement dans Spore — qui permettraient d’importantes économies d’eau. Ce qui fait l’intérêt d’Aqua-Soil et de Terra-Cottem, c’est qu’ils ont été conçus dans le secteur public de la recherche universitaire, puis lancés avec succès par des entreprises privées. Ces entreprises peuvent ainsi travailler dans des secteurs comme le marché sud-africain des agriculteurs novateurs ou le nord du Burkina Faso où elles ne peuvent pas attendre un retour sur investissements immédiat. Ces universités ont compris ce que les centres de recherche devraient davantage intégrer : quand il y a nécessité, par exemple celle d’augmenter fortement la productivité, il y a toujours, au bout du chemin, un marché. Aqua-Soil, PO Box 74794, Lynnwood Ridge 0040, Afrique du Sud - Fax: +27 12 346 6048 E-mail: info@ aquasoil.co.za Site Web: www.aquasoil.co.za TerraCottem International 4 Melbray Mews Hurlingham Road London SW6 3NS Royaume Uni Fax: +44 20 7384 4031 E-mail: info@terracottem.com Site Web: www.terracottem.com [caption] Le goutte-à-goutte est bien plus qu'une mode. [caption] Certains additifs peuvent aider à améliorer la rétention d'eau dans les sols.