Au sud-est du Togo, la location des terres a des conséquences désastreuses

AU SUD EST DU TOGO, LA LOCATION DES TERRES A DES CONSEQUENCES DÉSASTREUSES. CHAPEAU Dans la région sud-est du Togo, extrêmement peuplée, les chefs des différentes collectivités ont l’habitude de louer les terres collectives a des populations le plus souvent venues d’autres contrées : c’est une pratique connue sous le nom de “Odémé” ou “ Odé o Mé” qui veut dire en langue locale, “cultiver et partager”, autrement dit il s’agit d’une forme de contrat de métayage. Ceci aboutit à une raréfaction des terres et donc à un exode rural généralisé pour les personnes originaires du village. Une enquête faite à Badougbé par le BERAF, un bureau d’étude spécialisé dans les questions foncières et la gestion des terroirs, a ainsi montré que la majorité des 130 grandes fermes de la région, appartiennent à des personnes ne résidant pas dans ce village. Pour en savoir plus sur cette pratique Odémé, Honoré Blao a interrogé Sedalo Tévi François, socio-économiste et responsable du Bureau d’étude le BERAF. DURÉE DE LA BANDE : 3’45 Sedalo La pratique c’est que la personne prend le terrain sous forme de bail et la personne devait verser les frais de location mais il arrive que certains locataires jusqu’à 5 ans d’avance parce que chaque fois que le propriétaire qui a loué le terrain a besoin de l’argent, soit pour les funérailles soit pour d’autres cérémonies, il s’adresse à la personne pour prendre de l’argent ..alors ce qui fait que certains ont déjà payé jusqu’à 10 ans d’avance. Blao Quels sont les problèmes que vous avez constaté dans cette gestion des locations de terres ? Sedalo Bon le premier problème c’est au niveau des propriétaires terriens, c’est à dire que les gens mettent leur terre en location, au sein d’une famille, c’est un individu, un membre de la famille qui finalement fait que les autres membres de la famille n’ont plus accès à ces terres. Alors ça pose énormément de problèmes d’abord au niveau de la famille parce que il y a des conflits et deuxième problème, les gens du village même n’ont plus de terres pour cultiver, surtout que ils ont des parents qui sont à l’étranger, leurs enfants rentrent, eux même ils rentrent et ils n’ont pas de possibilité de cultiver. Alors ce qui fait que si je prends l’exemple de Badougbé, dans nos investigations, nous avons eu à recenser plus de 130 fermes et c’est au niveau de ces fermes que se situent ces locataires et on n’a pas même trouvé une dizaine de fermes exploitées par les gens du village même. Alors ce qui pose des problèmes pour l’avenir surtout que nombreux sont les enfants, les jeunes de ce village qui ne vont plus à l’école ou bien qui n’apprennent plus de métier ou bien qui ont appris un métier et qui reviennent, alors ce qui fait développer la délinquance au niveau de ces villages. Blao L’approche du village, le bureau d’étude et de conseil que vous présidez, quelle a été son approche de solution ? Sedalo Alors comme nous l’avons souligné tout à l’heure, c’est d’amener les communautés locales à prendre conscience du problème et là ce que nous avons eu à faire c’est d’approcher ces propriétaires terriens, d’approcher aussi le Conseil des chefs parce que après tout, il y a une responsabilité du Conseil des chefs parce que quand il y a un problème, on vient chez le chef donc on a eu à les approcher et on a discuté .... Seulement le problème devient complexe parce que le chef ou bien le Conseil des chefs, les membres ne sont pas les propriétaires terriens et les propriétaires terriens sont libres de louer leurs terres et ce que nous avons constaté, la pratique qui persiste, amène même à créer des conflits au niveau du Conseil des chefs parce que ils ne s’entendent pas. ...Et deuxième action que nous avons eu à mener c’est de voir comment entreprendre une action éducative au niveau des enfants et des jeunes et là nous eu à amener la communauté villageoise à recréer si l’on peut dire ainsi, une vieille école d’éducation de base créée en 1901 par les allemands et ça a été fermée dans les années 50, et nous avons encore recréé cette école et cette école nous permet de cheminer avec les enfants en bas âge et de cheminer avec les parents aussi pour continuer notre action , de les amener à une prise de conscience. Fin de la bande.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2001
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59596
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Description
Summary:AU SUD EST DU TOGO, LA LOCATION DES TERRES A DES CONSEQUENCES DÉSASTREUSES. CHAPEAU Dans la région sud-est du Togo, extrêmement peuplée, les chefs des différentes collectivités ont l’habitude de louer les terres collectives a des populations le plus souvent venues d’autres contrées : c’est une pratique connue sous le nom de “Odémé” ou “ Odé o Mé” qui veut dire en langue locale, “cultiver et partager”, autrement dit il s’agit d’une forme de contrat de métayage. Ceci aboutit à une raréfaction des terres et donc à un exode rural généralisé pour les personnes originaires du village. Une enquête faite à Badougbé par le BERAF, un bureau d’étude spécialisé dans les questions foncières et la gestion des terroirs, a ainsi montré que la majorité des 130 grandes fermes de la région, appartiennent à des personnes ne résidant pas dans ce village. Pour en savoir plus sur cette pratique Odémé, Honoré Blao a interrogé Sedalo Tévi François, socio-économiste et responsable du Bureau d’étude le BERAF. DURÉE DE LA BANDE : 3’45 Sedalo La pratique c’est que la personne prend le terrain sous forme de bail et la personne devait verser les frais de location mais il arrive que certains locataires jusqu’à 5 ans d’avance parce que chaque fois que le propriétaire qui a loué le terrain a besoin de l’argent, soit pour les funérailles soit pour d’autres cérémonies, il s’adresse à la personne pour prendre de l’argent ..alors ce qui fait que certains ont déjà payé jusqu’à 10 ans d’avance. Blao Quels sont les problèmes que vous avez constaté dans cette gestion des locations de terres ? Sedalo Bon le premier problème c’est au niveau des propriétaires terriens, c’est à dire que les gens mettent leur terre en location, au sein d’une famille, c’est un individu, un membre de la famille qui finalement fait que les autres membres de la famille n’ont plus accès à ces terres. Alors ça pose énormément de problèmes d’abord au niveau de la famille parce que il y a des conflits et deuxième problème, les gens du village même n’ont plus de terres pour cultiver, surtout que ils ont des parents qui sont à l’étranger, leurs enfants rentrent, eux même ils rentrent et ils n’ont pas de possibilité de cultiver. Alors ce qui fait que si je prends l’exemple de Badougbé, dans nos investigations, nous avons eu à recenser plus de 130 fermes et c’est au niveau de ces fermes que se situent ces locataires et on n’a pas même trouvé une dizaine de fermes exploitées par les gens du village même. Alors ce qui pose des problèmes pour l’avenir surtout que nombreux sont les enfants, les jeunes de ce village qui ne vont plus à l’école ou bien qui n’apprennent plus de métier ou bien qui ont appris un métier et qui reviennent, alors ce qui fait développer la délinquance au niveau de ces villages. Blao L’approche du village, le bureau d’étude et de conseil que vous présidez, quelle a été son approche de solution ? Sedalo Alors comme nous l’avons souligné tout à l’heure, c’est d’amener les communautés locales à prendre conscience du problème et là ce que nous avons eu à faire c’est d’approcher ces propriétaires terriens, d’approcher aussi le Conseil des chefs parce que après tout, il y a une responsabilité du Conseil des chefs parce que quand il y a un problème, on vient chez le chef donc on a eu à les approcher et on a discuté .... Seulement le problème devient complexe parce que le chef ou bien le Conseil des chefs, les membres ne sont pas les propriétaires terriens et les propriétaires terriens sont libres de louer leurs terres et ce que nous avons constaté, la pratique qui persiste, amène même à créer des conflits au niveau du Conseil des chefs parce que ils ne s’entendent pas. ...Et deuxième action que nous avons eu à mener c’est de voir comment entreprendre une action éducative au niveau des enfants et des jeunes et là nous eu à amener la communauté villageoise à recréer si l’on peut dire ainsi, une vieille école d’éducation de base créée en 1901 par les allemands et ça a été fermée dans les années 50, et nous avons encore recréé cette école et cette école nous permet de cheminer avec les enfants en bas âge et de cheminer avec les parents aussi pour continuer notre action , de les amener à une prise de conscience. Fin de la bande.