Diversité génétique des ressources halieutiques marines: impacts possibles de la pêche

Le présent rapport s'attache à passer en revue l'impact génétique de la pêche sur les ressources halieutiques marines. La méthode la plus couramment utilisée jusqu'ici pour mesurer la diversité génétique dans les populations naturelles est l'électrophorèse des protéines; les téléostéens marins présentent des niveaux de diversité génétique compris entre 0,0 et 18 % et les invertébrés marins entre 0,4 et 32 %. Les études génétiques ont montré que les populations d'espèces marines sont moins différenciées que celles d'espèces d'eau douce, qu'elles connaissent des évolutions génétiques au cours du temps, qu'elles peuvent être modifiées localement par la pollution et qu'elles contiennent des espèces cryptiques. Les changements génétiques dans les populations se produisent par sélection ou dérive. Chez les populations naturelles, la pêche est la principale cause de mortalité qui s'applique de manière non-aléatoire à l'égard de l'âge et de la taille des individus. Dans les pêcheries de poissons téléostéens soumises à une exploitation intense, on observe couramment un déclin de l'âge et/ou de la taille â la maturité sexuelle. Une pêche sélective vis-à-vis de la taille serait de nature à favoriser une maturité précoce. Toutefois, chez certains poissons, le taux de croissance dépend de la densité et augmente à mesure que le stock diminue; des taux de croissance plus rapides conduisent à une baisse de l'âge ou de la taille de maturité sexuelle. Il n'est donc pas possible de savoir si les changements constatés sont d'ordre génétique ou compensatoire en réponse à la réduction de la densité du stock. Il est peu vraisemblable que la dérive génétique constitue un facteur majeur pouvant influer sur les niveaux de la diversité génétique dans de nombreuses pêcheries marines, sauf dans le cas de certaines populations, par exemple les clams géants, réduits à des niveaux proches de l'extinction. Certaines espèces rares et menacées de poissons d'eau douce présentent de faibles niveaux de diversité génétique. Rien ne prouve que les stocks effondrés d'espèces pélagiques aient subi une perte de diversité génétique. Même lorsque les stocks sont effondrés d'un point de vue commercial, la plupart ont conservé, même à leur niveau le plus bas, des tailles de population importantes. Le recours à des écloseries pour obtenir des reproducteurs aux fins d'activités aquacoles et de valorisation pourrait entraîner une perte de diversité génétique dans les populations naturelles, suite à la fuite de sujets d'élevage ou d'un mauvais choix des géniteurs. Des études expérimentales sont nécessaires pour déterminer si les caractéristiques du cycle vital des espèces exploitées sont héritables et s'ils réagissent à la sélection et, d'autre part, si le relâchement de la pression de pêche permet la récupération dans les populations de gènes ou de complexes de gènes de “croissance rapide” et de “maturation tardive”. Il serait également souhaitable de suivre les niveaux de la diversité génétique chez les espèces récemment ou fortement exploitées. Une combinaison d'études expérimentales et d'études de terrain devrait permettre une expérimentation plus rigoureuse des modifications génétiques chez les populations exploitées. Si des modifications génétiques étaient démontrées chez les espèces exploitées, il conviendrait alors d'apporter des changements en matière d'aménagement des stocks afin de conserver les niveaux naturels de diversité.

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Bibliographic Details
Main Authors: Smith, P.J. 1423211772533, FAO, Rome (Italy). Dépt. des Pêches fre 1423211767023
Format: Texto biblioteca
Language:
Published: Rome (Italy) FAO 1995
Subjects:marine fisheries, fishery resources, genetic variation, genetic resources, electrophoresis, bony fishes, life cycle, fishery biology, natural selection, breeding stock, population dynamics,
Online Access:http://www.fao.org/3/v4865f/V4865F.HTM
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