ChlorExpo : intégration des habitudes et pratiques alimentaires de la population des Antilles dans l'évaluation de l'exposition alimentaire à la chlordécone

Contexte - Jusqu'à présent, l'évaluation de l'exposition alimentaire de la population des Antilles a la chlordécone était basée sur des aliments non préparés et non cuisinés (Anses, 2017). Si certains travaux (Clostre et al, 2014) suggèrent que le mode de cuisson n'a pas d'impact sur la teneur en chlordécone pour quelques végétaux, un autre (Martin et al., 2020) semble indiquer le contraire pour la viande bovine. Il apparait donc important de tenir compte des habitudes alimentaires et culinaires locales dans une nouvelle e valuation de l'exposition de la population des Antilles a la chlordécone. Matériels et méthodes - L'étude ChlorExpo (2021-2023) vise à affiner l'évaluation de l'exposition en recueillant et y intégrant explicitement les pratiques des Antillais en termes d'approvisionnement (types de commerces, origine des produits), de préparation et de cuisson des aliments contributeurs à l'exposition à la chlordécone. Afin de collecter ces informations, une enquête a été réalisée en 2021 auprès de 750 ménages représentatifs de la Martinique et 750 de la Guadeloupe. L'échantillonnage a été fait selon la méthode des quotas sur les critères sociodémographiques de la personne de référence ainsi que sur le type et lieu d'habitation. Les personnes du foyer effectuant les achats et/ou préparant les repas ont été interrogées à leur domicile sur leurs habitudes alimentaires. Résultats - L'enquête a confirmé l'importance de prendre en compte les pratiques spécifiques à chaque île, en termes d'approvisionnement et de cuisson des aliments. Par exemple, les Guadeloupéens achètent davantage leurs aliments dans des commerces de proximité. De même, ils pratiquent davantage les cuissons mijotées pour les viandes et au court-bouillon pour les crustacés/mollusques, tandis que la cuisson grille e ou boucane e des viandes et la cuisson sautée des crustacés et mollusques sont plus fréquentes en Martinique. Certaines pratiques sont néanmoins similaires entre les deux î les : par exemple, environ 20% des fruits, légumes et tubercules consomme s sont issus de l'autoproduction ou des dons et moins de 10% pour les viandes, poissons et fruits de mer sur chaque territoire. Les pratiques d'épluchage des légumes sont homogènes sur les deux îles, tout comme la quasi-absence d'utilisation d'un micro-onde pour faire cuire des aliments. Discussion L'enquête a permis d'actualiser et d'enrichir les connaissances sur les pratiques alimentaires de la population antillaise par rapport à l'étude Kannari. Cependant, comme pour toute enquête basée sur des déclarations, les réponses peuvent contenir des biais. D'une part, la formulation des questions laisse une certaine part d'interprétation, d'autre part, la compréhension de certains termes n'est pas force ment la même pour tous. Des incohérences ont été observées par confrontation avec des donne es externes, notamment sur l'origine des aliments, importe s ou issus de la production locale, reflétant parfois une me connaissance de la re alite de cette origine par les répondants. Les résultats de l'enquête, après validation et éventuellement ajustement par des donne es externes et/ou d'expertise de terrain, seront intégrés dans l'étude ChlorExpo pour affiner le calcul de l'exposition des Antillais a la chlordécone et ensuite formuler, si possible, des recommandations pratiques, notamment sur l'approvisionnement, et les modes de cuisson des aliments, pour réduire les expositions.

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Bibliographic Details
Main Authors: Dufour, Ariane, Poisson, Sonia, Ali, Maurizio, Fournier, Agnès, Lemoine, Sonia, Méjean, Caroline, Roth, Chris, Volatier, Jean-Luc, Jannoyer, Magalie
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CPSN
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/609762/
http://agritrop.cirad.fr/609762/1/609762.pdf
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