Pour une gestion intentionnelle de l'arbre par les agropasteurs du Nord Cameroun : du champ au paysage

Du fait de l'augmentation de la population et de la péjoration des conditions climatiques, des milliers d'agriculteurs quittent chaque année les zones sahéliennes du Nord-Cameroun pour s'installer, plus au sud, dans les zones soudaniennes. Ils y défrichent progressivement les savanes arborées pour y installer leurs cultures. La grande faune est rapidement décimée. Les parcours des éleveurs se réduisent et des conflits apparaissent. Le nombre et la diversité des arbres diminuent rapidement et leurs produits se raréfient. Les sols perdent rapidement leur fertilité initiale et certains agriculteurs se voient contraints à poursuivre leur migration après une vingtaine d'années d'utilisation du milieu. Or l'espace devient rare et les services de protection de l'environnement s'opposent au défrichement des dernières aires protégées. Il est donc impératif d'aider les populations à trouver. des méthodes de gestion de l'environnement plus durables et plus conservatrices des sols et de la biodiversité. De nombreux projets de recherche-développement ont montré toute l'importance de l'arbre pour conserver ou rénover la fertilité des sols à travers l'enrichissement des parcs arborés ou l'installation de jachères arborées améliorées. Ces recherches, dont les résultats ont été diffusés par des projets de développement (DPGT, ESA...), ont permis la réinstallation de plusieurs millions d'arbres dans les champ des agriculteurs. Malgré. cela, des études ponctuelles montrent que le nombre et la diversité des arbres continuent à diminuer au niveau des territoires villageois, car le nombre d'arbres conservés par quelques agriculteurs reste très souvent inférieur à celui de ceux qui sont abattus sur les espaces pas encore ou pas clairement appropriés. Une modification des représentations individuelles et collectives de l'arbre et de sa gestion est un préalable indispensable à la mise en place d'une gestion intégrée de l'arbre dans l'ensemble des territoires. Une etude réalisée par un groupe d'étudiants et d'enseignants chercheurs de l'IRAD, du CIRAD et de l'ENGREF, montre qu'il est possible de modéliser simplement l'évolution de la ressource arborée. Ceci peut aider les villageois à prendre conscience des futures pénuries et les inciter ainsi à prendre des mesures de conservation ou de régénération anticipées et à entamer un processus de négociation entre les groupes à intérêts contradictoires. On espère ainsi apaiser les conflits entre éleveurs, agriculteurs et bûcherons qui peuvent cohabiter même avec des densités de population égales ou supérieures à 100 habitant/km2. L'applicabilité de telles méthodes à grande échelle reste cependant à démontrer car il faudrait mettre en place, au niveau de cette région, une politique de sécurisation foncière et d'appui à la gestion collective des ressources.

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Bibliographic Details
Main Authors: Peltier, Régis, Harmand, Jean-Michel, Ntoupka, Mama, Njiti, Clément Forkong, Sibelet, Nicole, Smektala, Georges
Format: article biblioteca
Language:fre
Subjects:P01 - Conservation de la nature et ressources foncières, F08 - Systèmes et modes de culture,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/539310/
http://agritrop.cirad.fr/539310/6/ID539310.pdf
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