La paupérisation des éleveurs peuls de RCA

La présence de peuls Mbororo et de leur bétail remonte aux années 1920 car ces populations pastorales qui fuyaient les diverses exactions émanant des chefferies peules de l'Adamawa au Cameroun voisin commencèrent à affluer dans le nord de l'Oubangui-Chari. A partir de 1930 les Mbororo étendirent leurs parcours pastoraux dans l'ouest du pays et les effectifs bovins (estimés à 150.000 en 1933 et 200.000 en 1937) ne cessèrent d'augmenter régulièrement par la suite grâce à l'arrivée de nouveaux éleveurs. Pourtant cette progression rapide dans la savane centrafricaine se heurta rapidement à la trypanosomose et à la peste bovine. Grâce aux efforts des services de l'Elevage la situation sanitaire s'améliora.. En 1984 le pays disposait d'environ 2 millions de têtes. Les éleveurs peuls et leur cheptel étaient désormais présents dans l'ensemble des zones de savane et leur nombre était évalué à 210.000 en 1985 (pour une population totale d'environ 3 millions d'habitants.). Pourtant depuis une vingtaine d'années on assiste à une diminution de la taille des troupeaux avec la survenue de la grande épizootie de peste bovine en 1983, appelée "Pettu", qui a malheureusement coïncidé avec la grande sécheresse baptisée "Ceedua" par les Peuls, qui a principalement touché les régions sahéliennes, mais aussi le nord de la RCA. Ceci s'est traduit, pour la majeure partie des éleveurs, par l'impossibilité de vivre désormais uniquement de l'élevage et par la nécessité de diversifier leurs activités économiques et leurs revenus monétaires pour pouvoir subsister. Les choix qui se sont portés sur l'agriculture, le petit commerce, la pêche ou la recherche de diamants, parfois en combinant plusieurs activités, en fonction du capital à investir pour démarrer, ont eu des conséquences sur les pratiques d'élevage et sur la mobilité pastorale. Les activités agricoles présentent l'intérêt de limiter la décapitalisation du troupeau car l'éleveur-agriculteur produit tout ou partie de son alimentation qui représente un poste de dépenses très important dans les budgets familiaux. Malheureusement, cette diminution du nombre de bêtes vendues est insuffisante pour pouvoir inverser latendance générale à la baisse des effectifs du troupeau des éleveurs-agriculteurs. La sédentarisation entraîne de nombreuses conséquences tant sociales qu'économiques. D'abord, les Peuls s'intègrent plus facilement à la société centrafricaine en se fixant. Ils parlent plus volontiers le sango, langue nationale du pays, et participent à la vie associative et municipale en général. Dans les campements sédentaires mais surtout dans les agglomérations, les besoins des Peuls (alimentaires et culturels) changent et cela implique souvent des dépenses plus élevées qu'en pleine brousse. La ville propose des biens "culturels" nouveaux pour les Peuls tels que cinéma, télévision, journaux etc. qu'il faut payer et qui proposent des images de l'Afrique et du monde. Cet appétit de consommation qu'ils partagent avec les autres centrafricains peut malheureusement aboutir à un appauvrissement rapide.

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Bibliographic Details
Main Author: Arditi, Claude
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CIRAD
Subjects:L01 - Élevage - Considérations générales,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/516036/
http://agritrop.cirad.fr/516036/1/ID516036.pdf
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