Le contrôle chimique de la noctuelle Helicoverpa armigera peut-il être durable ?

Le contrôle chimique de la Noctuelle Helicoverpa armigera peut-il être durable ? Helicoverpa armigera (Hübner) (Lepidoptera Noctuidae) s'affirme d'année en année comme la chenille carpophage la plus dommageable au cotonnier dans l'Ancien Monde. Il n'en n'a pas été toujours ainsi. Dans les premiers recencements des ravageurs du cotonnier en Afrique de l'Ouest et du Centre (Vayssière & Mimeur, 1926), cet insecte n'est même pas cité ! C'est l'intensification de la culture, au début des années soixante, qui va lui donner l'occasion de s'affirmer comme un élément essentiel du complexe parasitaire du cotonnier en Afrique de l'Ouest et du Centre. L'apparition de résistances aux pyréthrinoïdes place aujourd'hui cette noctuelle au centre des préoccupations de tous les acteurs de la filière coton. Le complexe des ravageurs du cotonnier est particulièrement riche, ce qui explique la dépendance de la culture vis à vis de la lutte chimique, dans la mesure où celle-ci permet de contrôler de nombreux éléments de ce complexe par une seule intervention. Le message technique qui a accompagné le lancement de la culture a donc pu être simplifié, conduisant ces 20 dernières années à des applications sur calendrier de produits binaires, associant pyréthrinoïdes et organophosphorés. Les crises cotonnières ont renforcé cette tendance à la simplification, même si la recherche d'une réduction des coûts a pu conduire à des démarches innovantes, telles que la définition de seuils d'intervention et le concept de lutte étagée et ciblée. Les méthodes alternatives, faisant appel à des lâchers inondatifs de parasitoïdes ou à l'application de formulations entomopathogènes se sont révélées coûteuses et par trop spécifiques, leurs aspects positifs étant balancés par la résurgence d'autres ravageurs. Le seul moyen de lutte altematif vulgarisé en Afrique est la pilosité des cultivars, qui, en maintenant les jassides en deçà du seuil de nuisibilité, permet de retarder les premières interventions à la période de floraison, et autorise ainsi le complexe entomophage à se développer en phase végétative. La résistance aux insecticides correspond donc à une remise en cause des fondamentaux: les paysans se sentent démunis devant des insectes qui ne disparaissent plus après des interventions dont on s'est assuré qu'elles ont été correctement réalisées, et dont l'efficacité avait été remarquable dans le passé. Pour sa part, l'industrie chimique n'est plus en mesure de renouveler son offre de familles chimiques nouvelles aussi fréquemment qu'elle l'avait fait dans le passé. Il n'y a pourtant rien d'étonnant à voir apparaître aujourd'hui une résistance aux pyréthrinoïdes chez H. armigera, dans la mesure où: - il s'agit d'un phénomène naturel de sélection, sur des molécules d'introduction ancienne sur le marché des pesticides (1975), - des indications dans ce sens nous étaient parvenues depuis 1983, en Australie, - elles avaient été relayées par la suite en Thaïlande, Turquie (1984), Inde et Pakistan (1987), Chine (1990). En Afrique, un suivi au laboratoire a été mis en place à partir de 1984. Il a montré que la situation est restée saine jusque dans les années 90. On a vu alors la pente des droites de régression dose/mortalité s'affaisser progressivement, révélant la présence d'individus résistants au sein des populations. En 1996, cette évolution a abouti aux premiers échecs en milieu paysan.

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Bibliographic Details
Main Author: Vaissayre, Maurice
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CIRAD
Subjects:H10 - Ravageurs des plantes, lutte anti-insecte, lutte chimique, Helicoverpa armigera, Gossypium, résistance aux pesticides, pyréthrine de syntèse, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3885, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_1514, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_30255, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3335, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_25427, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_7575,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/508508/
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