Nutrition et production agricole en Afrique tropicale d'expression française

La disproportion persistante existant entre l'accélération du rythme d'accroissement de la population de la terre et celle de la production des ressources alimentaires disponibles exige l'adoption de mesures d'urgence pour renverser la tendance ; la présente élude a pour but d'étudier les divers aspects de ces problèmes en ce qui concerne les pays d'Afrique Tropicale d'expression française. La détermination des niveaux actuels de consommation alimentaire exige la connaissance de la situation démographique, de la production vivrière et des échanges commerciaux concernant ces produits. La situation démographique, telle qu'elle résulte des estimations et surtout des enquêtes les plus récentes, révèle une sous-estimation antérieure plus ou moins importante des évaluations démographiques, de larges différences de densités à l'unité de surface entre les divers pays (0,7 à 128 habitants au km2) et à l'intérieur d'un même pays (1,6 à 26, 3 en Côte d'Ivoire), des concentrations urbaines assez importantes dont la population activée est plus importante qu'en milieu rural ; d'autre part l'emprise sur le sol est plus faible en zone forestière qu'en zone soudano-guinéenne. Les disponibilités alimentaires résultant de la production végétale et animale, majorée ou diminuée des quantités résultant de la balance importation- exportation, ont été calculées pour les divers pays considérés par produits et groupes de produits. Les résultats obtenus font l'objet d'un examen critique sur leurs degrés d'approximation. A partir de cette évaluation générale et de la situation démographique actuelle (toutes deux établies en principe pour 1959), sont calculés par pays, et par groupes et catégories d'aliments, les niveaux moyens annuels (en kilogrammes) et journaliers (en grammes) des disponibilités alimentaires. A partir de ces données globales sont établis les niveaux énergétiques et protidiques journaliers : les niveaux énergétiques calculés sont très divers d'un pays à l'autre (1 646 cal. pour la Mauritanie à 3 986 cal. pour le Tchad), et les variations de niveaux protidiques sont encore plus marquées (16,8 à 125,0 g par jour). Ces niveaux sont ensuite comparés à ceux relevés au cours de diverses enquêtes, lesquelles indiquent sauf au Cameroun des niveaux énergétiques voisins (souvent un peu plus élevés) et des niveaux protidiques presque toujours plus élevés. En ce qui concerne les niveaux de consommation en lipides, vitamines et sels minéraux, l'insuffisance de données globales a amené l'A à ne faire appel qu'aux résultats des enquêtes, lesquelles permettent quelques indications au sujet des niveaux de consommation en lipides, en vitamines A, C, B, B2 et PP et en sels minéraux (Ca et Fe). Ensuite, à la lumière de ces données sur les niveaux de consommation alimentaire, l'A. s'emploie à déterminer l'état nutritionnel actuel ; à partir de tables d'allocations en calories et nutriments valables pour les territoires tropicaux et compte tenu des situations démographiques locales - notamment des pyramides des âges les besoins standards ,moyens en calories et protéines ont été établis pour les divers pays considérés ; à ces besoins standards moyens sont comparés les niveaux énergétiques et protidiques précédemment évalués, permettant ainsi de se faire une opinion sur la couverture des besoins énergétiques et protidiques ; les résultats en sont d'ailleurs rapprochés de ceux obtenus au cours de diverses enquêtes. Il apparait ainsi qu'en moyenne les besoins énergétiques sont couverts (juste ou très largement) sauf en Mauritanie et Haute Volta, mais que la couverture moyenne en protéines n'est suffisante ou excédentaire que dans les pays à consommation élevée de graines de légumineuses ; partout ailleurs, il apparait un déficit protidique souvent très accusé, encore aggravé du fait que les protéines d'origine végétale dominent, avec une composition acido aminique déséquilibrée et de faibles indices protéiques. Quant aux besoins en sels minéraux et vitamines ils ne sont jamais couverts en ce qui concerne le calcium, et la vitamine B, ; la couverture des besoins en fer en vitamines C et PP est presque toujours suffisante ou excédentaire. Mais il est important de montrer que celle couverture de besoins alimentaires est sujette à de larges variations ; variations saisonnières les plus importantes, selon les villages, l'importance des groupes de consommation, selon l'activité des consommateurs, en fonction des (acteurs économiques et notamment de l'appartenance des consommateurs aux milieux urbains ou ruraux. Enfin, ce tableau général de l'étal nutritionnel actuel est complété par une revue générale de l'état sanitaire lié à l'état nutritionnel ; encore que l'état sanitaire soit souvent la résultante complexe d'un certain nombre de déficiences, de carences, de maladies endémiques, etc ... L' A a procédé à cet examen de l'état sanitaire en recherchant les causes majeures : sous-alimentation, malnutrition protéique, avitaminoses, déficiences minérales, états pathologiques divers plus ou moins liés aux insuffisances nutritionnelles. D'une façon générale les conclusions tirées de la comparaison des niveaux de consommation alimentaire aux besoins standards sont approximativement confirmées par l'état sanitaire des populations africaines ; néanmoins l'état sanitaire parait généralement moins mauvais que ne pourrait le laisser supposer la constatation des insuffisances ou déséquilibres alimentaires. Ce bilan général étant dressé, l'A indique quels doivent être les objectifs des politiques alimentaires nationales, compte tenu de la situation alimentaire et nutritionnelle actuelle, et de l'évolution démographique probable ; à ce sujet, des indications sont fournies sur le taux moyen annuel d'accroissement démographique (calculé ou observé) et ses composantes ; ce taux dont la moyenne s'établit aux environs de 1,7 % pour l'ensemble des pays considérés peut atteindre plus de 3 % (Réunion). Enfin, les moyens d'atteindre ces objectifs sont passés en revue : création de comités nationaux de la nutrition, enseignement et formation en matière de nutrition, accroissement de la production végétale et de la production des protéines animales, amélioration des conservations, du transport, de la préparation, de la transformation, de l'industrialisation des produits alimentaires, et enfin préparation des produits de supplémentation ; l'application de ces divers moyens suppose qu'une attention particulière soit portée en matière de recherches agronomiques et nutritionnelles, d'encadrement rural et d'éducation de la masse des consommateurs. Une bibliographie complète utilement celle élude.

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Bibliographic Details
Main Author: Angladette, André
Format: article biblioteca
Language:fre
Subjects:E10 - Économie et politique agricoles, S01 - Nutrition humaine - Considérations générales, besoin nutritionnel, démographie, dynamique des populations, possibilité de production, production alimentaire, consommation alimentaire, sécurité alimentaire, malnutrition, politique alimentaire, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5277, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_10328, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6111, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6207, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3025, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3016, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_10967, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_4543, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3023, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_7970, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3084,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/444677/
http://agritrop.cirad.fr/444677/1/ID444677.pdf
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