Mis en boîte

Les nouveaux emballages alimentaires protègent les produits, séduisent les consommateurs et respectent la loi. Le plus difficile, c’est de suivre les dernières tendances. Il arrive que le marché Owino de Kampala, en Ouganda, soit inondé — dans tous les sens du terme. D’abord par les pluies, puis par un afflux de denrées dû à une surproduction. En Ouganda comme ailleurs, la production et les rendements agricoles dépendent beaucoup de la saison des pluies. Sur le marché, Sarah Masaaba bat la concurrence en nettoyant ses produits frais et en les enveloppant dans de belles feuilles vertes ou en emballant ses produits secs dans des feuilles de plastique transparent. Les produits sont ainsi plus attrayants pour certains consommateurs. L’emballage est aussi important que le produit lui-même. Il protège contre les dommages et les détériorations, facilite la manutention et le transport, informe le consommateur sur le contenu et facilite l’usage du produit. Comme des milliers d’autres commerçants, Sarah Masaaba sait que pour prospérer dans le commerce des produits horticoles et de toute autre denrée périssable, il faut faire parvenir ces produits sains et entiers au consommateur. Dans beaucoup de pays ACP, les denrées horticoles destinées au marché intérieur sont habituellement emballées sur les lieux de production. Toutefois, certains agriculteurs transportent eux-mêmes leurs denrées vers les boutiques des détaillants dans des récipients qui ne sont pas adaptés au transport et ceci nuit à la qualité nutritive et à la conservation des produits. De plus, notamment dans les grandes entreprises et les entrepôts pour l’exportation, les produits sont entassés dans des conteneurs qui favorisent l’accumulation de gaz d’éthylène en cours de stockage, ce qui accélère la maturation des produits. En Ouganda, les pertes après récolte représentent 30 % du coût de production des denrées agricoles. Au Sénégal, des études ont montré que la moitié des faillites des petites entreprises alimentaires est due à une mauvaise distribution et à des pertes liées à des emballages inadaptés. La boîte à règlements Ce n’est pas seulement pour plaire aux clients ou pour protéger leurs produits que les fabricants et les revendeurs doivent être plus attentifs à l’emballage. Il y a aussi de plus en plus de réglementations. Chaque pays adopte des normes pour les produits locaux et importés, normes qui s’inspirent souvent des directives de la Commission du Codex Alimentarius concernant la transformation, l’étiquetage, la présentation, la publicité, le poids, l’hygiène, les pratiques de transformation et de manutention ainsi que les exigences relatives aux matériels d’emballage. Ces normes sont compliquées et parfois difficiles d’accès pour les petits producteurs, mais elles sont disponibles dans les bureaux nationaux de normalisation, les ministères, les ambassades, les chambres de commerce et les départements des sciences et techniques alimentaires des universités. Les pays importateurs exigent en plus que les produits alimentaires transformés aient été soumis à une analyse des risques et des points critiques de contrôle. Cette analyse, dite HACCP, porte sur les étapes critiques du parcours du produit alimentaire depuis la ferme jusqu’au distributeur final: achat, entreposage, pré-transformation, cuisson, refroidissement et emballage. C’est dans les pays occidentaux que le Codex Alimentarius et l’analyse HACCP sont appliqués le plus strictement, mais comme ces directives affectent directement leurs exportations, de nombreux pays ACP les incorporeront bientôt dans leur législation. Ces directives ne seront peut-être pas appliquées rigoureusement, par manque de mécanismes adéquats, mais elles seront précisées dans un Code accessible à tous. Le rôle de la technologie Paradoxalement, les questions environnementales devraient avoir des retombées similaires sur la nature des emballages et leur fabrication. Beaucoup de nations occidentales réduisent l’énergie et la quantité de matériaux utilisées pour emballer les produits, alimentaires ou non, tout en respectant les réglementations sanitaires. Ils minimisent l’utilisation de plastiques non recyclables au bénéfice des matières recyclables comme le tissu ou le papier sans bois. Un exemple extrême: une usine de Wageningen, aux Pays-Bas, à deux kilomètres des bureaux de Spore, produit des sacs poubelles biodégradables à partir d’épis de maïs, pour la collecte et l’acheminement des déchets organiques des ménages vers les sites centraux de compostage. Voilà un bon créneau pour un emballeur ACP ingénieux! ' Dématérialisation ' ne rime pourtant pas toujours avec ' anti-plastique '. En Suisse, les sacs à provisions en plastique sont vingt fois plus épais que les sacs en plastique bleu très fin omniprésents qui polluent aujourd’hui les villes et ceintures vertes du monde entier. Pourquoi? Parce qu’un sac plus épais sert plus longtemps et que sa fabrication demande moins d’énergie. Des calculs similaires sont à l’origine du récent changement de format des cartons de jus de fruits en Europe. Ces cartons sont plus grands et plus étroits, de sorte que l’on peut en charger plus sur les camions et en placer plus en rayons de magasin, ce qui réduit le besoin en énergie. Feuille ou peau de banane? Les calculs qui déterminent le choix de l’emballage sont complexes et il est peu probable qu’à l’avenir on préfère une feuille de bananier à un emballage manufacturé. Pour les agro-industriels et les transporteurs des pays ACP, la question n’est pas tant d’obtenir de l’information sur les réglementations et sur les tendances, mais plutôt d’accéder aux techniques permettant de fabriquer les emballages adéquats. La vente d’équipements d’emballage obsolètes aux entreprises ACP et l’adoption de pratiques HACCP compliquées ne sont pas nécessairement des stratagèmes délibérés pour exclure certains produits des marchés occidentaux, mais on voit bien comment l’idée peut faire son chemin. Tandis que les barrières commerciales tombent, les barrières techniques grandissent. Pour les surmonter, les exemptions et les quotas ne suffiront pas. Il faudra des machines. [caption] Les tomates au Kenya... [caption] ... ou le café au Burundi : l'industrialisation est passée par là.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2002
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/63370
https://hdl.handle.net/10568/99672
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