Un réseau est né

Si nous réclamons la lune, nous avons une chance d’atteindre les étoiles'. Ce slogan a souvent résonné début octobre 2002 à Madrid, en Espagne, pendant la mémorable semaine de réseautage d’une vingtaine de femmes rurales. Elles se sont regroupées spontanément à l’occasion du troisième Congrès mondial des femmes rurales, avec, il est vrai, un coup de pouce des organisateurs du congrès, de leurs organismes de financement et du CTA qui, en collaboration avec le Service international pour la recherche agricole nationale (ISNAR), avait facilité la participation d’une forte délégation de femmes rurales d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Le congrès, qui rassemblait 1 500 femmes venues de 84 pays, constituait le prolongement de réunions tenues en Australie en 1994 et aux Étas-Unis en 1998. Ce rassemblement est devenu un véritable événement, porté par l’énergie de ses participantes et la générosité du pays hôte. Jamais un phénomène n’a évolué aussi vite dans le temps : à l’origine rassemblement traditionnel de femmes représentant l’agriculture commerciale d’Amérique du Nord, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Europe de l’Ouest, le congrès s’est ouvert à la diversité des besoins et des angoisses des femmes rurales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Une évolution qui ne se fait pas sans quelques douleurs de croissance, c’est normal. On était bien loin des échanges plutôt tranquilles et mesurés de 1992, axés sur la recherche du bien-être des femmes rurales. Au congrès de 2002, le ton a changé avec ce groupe de femmes rurales des pays en développement, qui voulaient parler du droit à la terre, de la guerre, du sida, de l’échec de la vulgarisation et de la gestion du microfinancement, tout cela sur un mode plus que participatif qui a surpris les organisateurs. C’est la naissance du réseau des femmes ACP qui fut le processus le plus fascinant à observer. La plupart des congrès donnent le jour à des réseaux qui disparaissent ensuite rapidement. Ce n’est pas le cas de ce réseau-ci qui était, qui est une étonnante fusion des énergies et de l’expérience d’universitaires, d’agricultrices, de planificatrices, de banquières, de décideurs et de vulgarisatrices. Une telle fusion qui franchit les barrières des professions, des pays, des régions et des langues est exceptionnelle. Au bout du premier jour, ces participantes s’étaient renseignées mutuellement et s’étaient échangé tous les documents de travail tout en ‘recrutant’ de nouvelles alliées. Dès le deuxième jour, elles avaient mis au point une stratégie pour amener les sessions du congrès à mieux prendre en compte les villageoises et les plus pauvres. Le troisième jour, elles élaboraient une déclaration commune et à la fin du quatrième jour — où il a fallu reculer la clôture de trois heures — elles avaient esquissé un plan d’action pluriannuel de réseautage, visites d’échanges, publications et rencontres régionales pour préparer les futurs congrès mondiaux. Et elles s’engageaient à encourager une plus grande et plus active participation des femmes rurales dans le prochain congrès, prévu en Afrique du Sud en 2006. Si quelqu’un devait un jour écrire l’histoire des réseaux, cette brillante constellation des femmes rurales ACP pourrait bien y occuper plusieurs chapitres… Fatou Sarr (Sénégal) E-mail : sarrsow@yahoo.fr Margaret Oguli Oumo (Ouganda) E-mail : oumo@infocom.co.ug [caption] Elle tient le monde dans ses mains. Graça Machel, l’épouse de Nelson Mandela, a fait bon accueil au vœu des femmes rurales de tenir leur prochain congrès en Afrique du Sud.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2002
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/63050
https://hdl.handle.net/10568/99675
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