Beaucoup de bruit pour presque rien ?

Le commerce, surtout à l’échelle internationale, révèle rarement le meilleur de nous mêmes. La compétition peut être sauvage et quand la survie économique est en jeu, casser les prix marche mieux que la meilleure campagne de promotion. C’est une dure empoignade et la perte de solidarité entre les nations en est une triste séquelle. L’Union européenne a annoncé récemment la suppression de tous les quotas d’importation et taxes sur les produits des 48 pays les moins avancés (beaucoup de PMA sont des pays ACP). Cette mesure a pris effet le 9 mars 2001 dans un concert de louanges, du moins en Europe, mais il semble qu’on soit loin d’un effet mondial. Beaucoup de PMA bénéficiaient déjà d’un libre accès pour de nombreux produits et de quotas préférentiels sur des produits phares comme les bananes. En 1998, la valeur totale des droits de l’Union européenne sur les produits en provenance de tous les PMA s’élevait à environ 7 millions h, essentiellement sur une poignée de produits provenant de l’agriculture tempérée : du maïs, quelques fromages, du bœuf, de la banane, du riz, du sucre et des produits dérivés du sucre. Les fournisseurs actuels, principalement dans les pays ACP, ne sont pas très heureux de la concurrence d’autres PMA, dans le groupe ACP ou ailleurs. Les 7 millions h d’économies permettront-ils de baisser les prix à la consommation, donc de stimuler la demande, et finalement favoriser les producteurs ? Tout dépend de ceux qui maîtrisent la chaîne de distribution. Il ne fait pas de doute que plusieurs produits provenant de certains pays sont désormais plus compétitifs sur le marché européen. Mais, demanderont les finauds, pourquoi tant de bruit puisque l’OMC est en train d’abolir toutes les taxes à l’importation de toute façon ? Peu importe. La portée réelle de cette décision réside dans son effet d’entraînement, son ‘impact dynamique’. On espère que certaines exportations de PMA seront tellement dynamisées par les nouvelles perspective de vente sur le marché européen qu’elles vont inciter les PMA à produire et à vendre davantage et à gagner les marchés nord-américains qui ont récemment aussi baissé leurs tarifs douaniers pour les PMA. Soit, mais cela ne se fera sûrement pas sans gros investissements dans la capacité productive de plusieurs PMA. Les exportateurs de bœuf malgache, par exemple, sont aujourd’hui devant une porte grande ouverte, mais sans bêtes disponibles à la vente. Sans compter la cacophonie de protestations des fournisseurs favorisés d’avant le 9 mars, qu’il s’agisse des omniprésents producteurs de bananes, des producteurs de canne à sucre dans les petites îles ACP ou en Europe, ou des producteurs de riz ACP. La libéralisation de ces trois filières se fera plus en douceur puisque l’accès libre est prévu seulement en 2006 et 2009. Mais au-delà des grognements et des coups bas, même entre pays ACP, la véritable leçon à tirer est que, en matière de commerce, il faut penser loin pour aller de l’avant. Cela vaut bien 7 millions h de la poche des contribuables européens ? Merci UE.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2001
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/62663
https://hdl.handle.net/10568/99666
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