Retour en grâce ou foire d’empoigne pour l’ackee ?

C’est seulement un fruit jaune, mais il est presque sacré pour ses amateurs, ou ‘ackee-onadas’ comme on les appelle. L’ackee est largement considéré comme toxique, pourtant c’est le fruit national officiel de la Jamaïque, vénéré par la diaspora de ce pays. L’ackee (Blighia sapida) est un arbre à feuilles persistantes d’Afrique de l’Ouest, introduit en Jamaïque en 1797. Son fruit est très connu en Amérique centrale et aux Caraïbes sous des noms hispaniques comme : fruto de huevo (fruit d’œuf car cuit il ressemble à des œufs brouillés). Au Ghana l’arbre est apprécié pour son caractère ornemental. En Côte d’Ivoire, on l’appelle kaka ou finzan ; au Soudan, finza. Partout ailleurs en Afrique, on l’appelle akye, akyen ou ishin, et en portugais on l’appelle castanheiro de Africa (châtaignier d’Afrique) Comment un fruit si largement connu dans au moins trois régions ACP a-t-il été si peu exploité ? A la Trinité, il a été mis hors la loi en 1900, ayant, à ce qu’on prétend, occasionné des morts. Aux USA, il a été interdit d’importation pendant 27 ans, jusqu’en juillet 2000. Les craintes d’empoisonnements ne sont pas entièrement fondées. Les graines sont toxiques, mais les arilles charnus entourant les graines, bien que toxiques pour certaines espèces si consommés crus, ne le sont plus une fois mûris, séchés à l’air libre et cuits. Donc, comme pour de nombreuses autres plantes, si l’on respecte quelques règles de base, l’ackee s’avère sain, agréable à manger et il possède un bon potentiel nutritionnel. Son écorce a des vertus médicinales et son huile est employée pour traiter la dysenterie. Avec la fin de l’interdiction à l’exportation aux USA, les producteurs jamaïcains voient se dessiner une bonne perspective de recettes d’exportation qui pourraient doubler dans les deux ans, à partir des 14 millions de US $ ( 15, 4 millions) réalisés en 2000 dont 70% provenaient de Grande-Bretagne et du Canada. Mais cette euphorie pour l’exportation est déjà retombée. Avant même que des plans d’extension des cultures n’aient été mis au point, le problème éternel de la Jamaïque, le 'vol praedial' (vol à la ferme), avait déjà ruiné des parcelles existantes. Aux Etats-Unis, des commerçants peu scrupuleux ont doublé le prix de la boîte de 500 grammes en le portant à 9 $, entretenant des rumeurs de ‘tactiques mafieuses’ ou de ‘ackee réservé aux yuppies’. La prétention a également des inconvénients : l’opinion répandue selon laquelle l’ackee national, comme le café ou le piment (de la Jamaïque), est sûrement le meilleur du monde et probablement le plus fin, a conduit les producteurs d’autres pays à tirer profit de ce battage publicitaire sur le ackee. Du Mexique au Kenya, il n’y a plus un pays qui n’ait planifié la production de ce fruit. Quoiqu’il en soit, reconnaissons ce cadeau fait au monde. Cuisez-le avec un peu d’oignon, de tomate et du poisson séché. Ajoutez une pointe de thym si ça vous plaît. Votre plaisir est assuré pour la journée.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2001
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/62599
https://hdl.handle.net/10568/99665
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!