Faire revenir les poissons pour faire revenir les hommes

Le delta du fleuve Sénégal était, jusqu'aux années 60, une zone d'une richesse écologique extraordinaire. Mosaïque de dunes, de plaines inondables et de mangroves, il accueillait des dizaines de milliers de personnes qui y vivaient de la chasse, de la pêche, de l'élevage et de l'artisanat. Mais la sécheresse de ces dernières décennies avait vidé la région de ses hommes valides et la fabrication de nattes de roseau par les femmes restées sur place était devenue la principale source de revenus. La construction du barrage de Diama sur le fleuve Sénégal réduisit le volume des crues au cours des années 80, entraînant une salinisation progressive des terres du delta. Lors de la création, en 1991, du Parc national de Diawling sur la rive mauritanienne du fleuve, l'objectif était de ne pas opposer le développement des activités humaines et la conservation de l'écosystème, et de prendre en compte les intérêts de tous les groupes concernés. Les scientifiques préconisèrent le rétablissement du régime des crues à un niveau proche de celui d'avant la construction du barrage (voir aussi l'article dans Spore n% 80, p. 4). Il fut également décidé de consulter les représentants de tous les groupes socioprofessionnels concernés : pêcheurs d'eau douce et du littoral, pasteurs, maraîchers et artisans. Des solutions furent trouvées au coup par coup par un contact permanent entre l'équipe du projet et des villageois souvent inquiets de la façon dont la création du Parc national risquait de bouleverser leur vie. Dans le village de Birette, les éleveurs dont les pâturages étaient submergés par le nouveau cours du fleuve ont été incités à se reconvertir dans le maraîchage. Les habitants de Ziré Takhredient, qui vivaient traditionnellement de la chasse, se seraient sentis déchus de devenir des agriculteurs et ont préféré se tourner vers la pêche : 'Tant qu'il y aura un seul poisson dans l'eau, nous ne travaillerons pas la terre'. Les intérêts de chaque groupe sont souvent en concurrence : les pêcheurs voudraient que le régime des crues favorise principalement la reproduction du poisson, alors que les femmes maures qui ont monté un atelier de nattes traditionnelles demandent un régime permettant aux roseaux de recevoir les premières pluies avant d'être submergés. Le résultat le plus évident de la création du Parc national est le retour de la vie sauvage dans toute sa diversité, mais le plus important, peut-être, est moins visible : c'est le retour et le développement des différentes activités humaines dans une certaine harmonie avec l'écosystème. La préservation de la nature n'est pas contradictoire avec le développement des activités humaines, elle est au contraire la garantie de sa durabilité. Pour plus d'informations : Olivier Hammerlinck, IUCN, Parc national du Diawling, BP 3935, Nouakchott - Mauritanie E-mail : roma@pactec.org

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1999
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61971
https://hdl.handle.net/10568/99655
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