L'agriculture sud-africaine en mutation

L'agriculture sud-africaine en mutation Lorsqu'il m'a été proposé d'écrire un article pour votre revue, j'ai sauté sur l'occasion. Pour l'unique raison que j'y voyais le moyen pour notre pays de faire partager au reste du monde l'époque passionnante que nous vivons dans le domaine de l'agriculture et du développement rural. La communauté internationale est peut-être intéressée de connaître le fruit des efforts que nous menons depuis presque trois ans et demi maintenant pour tenter de transformer le secteur agricole. Je commencerai cet article par une brève rétrospective, puis j'étudierai l'évolution politique entreprise en vue d'améliorer la regrettable situation du passé. Ensuite, je vous donnerai quelques exemples de ce que nous avons réalisé au cours de ces trois dernières années et demie. Je conclurai par une discussion sur notre vision du futur développement de notre pays et sur les obstacles potentiels humains et physiques. Le ministère de l'Agriculture actuel (National Department of Agriculture) a hérité de pas moins de dix départements qui proviennent des politiques passées du système administratif des « Homeland » , discrédité et aujourd'hui défunt. En réalité, ces départements consistaient en un secteur commercial bien développé qui dépendait fortement des subsides de l'Etat pour sa survie et son entretien. (En décembre 1996, la dette totale de ce secteur envers l'Etat et autres prêteurs s'élevait à 17 milliards de rands, soit environ 3, 5 milliards de dollars US). A l'autre extrême, nous avions un secteur non développé, oublié, majoritairement composé de petits agriculteurs et assurant pourtant la subsistance de plus de 80 % de la population. Malgré ses capacités à bien se développer, témoin son essor dans les quelques régions qui recevaient le soutien nécessaire, les autorités de l'époque étaient fermement déterminées à ne pas investir dans ce secteur. Résultat : dans ces régions, les populations étaient pauvres et importaient des denrées alimentaires alors que, si l'occasion leur en avait été donnée, elles auraient pu produire suffisamment pour leur propre consommation et pour la commercialisation. Prenant en compte tous les facteurs pertinents, nous avons dû élaborer une nouvelle conception de l'agriculture qui accédait aux demandes et répondait aux intérêts de ceux qui voulaient être agriculteurs, et pouvaient l'être d'une façon productive et rentable. Notre « livre blanc » sur l'agriculture, élaboré à l'issue d'un long processus consultatif présente cette conception : Un secteur agricole tourné vers le marché, très productif et économiquement viable, caractérisé par une grande diversité de tailles des exploitations agricoles, qui sera considéré comme le pivot économique et social de l'Afrique du Sud rurale et qui influera sur le reste de l'économie et de la société. Comme je l'ai noté précédemment, nous avions deux groupes distincts d'agriculteurs. L'un, majoritairement composé de Blancs, était bien développé et dépendait fortement des subsides de l'Etat, soit directement, soit par le biais de mesures gouvernementales. Pour l'autre groupe, c'était exactement l'inverse. Dès lors, notre nouvelle vision de l'agriculture posait des défis au secteur chargé de gérer les exigences potentiellement conflictuelles de ces deux groupes. Pour mettre en pratique cette nouvelle conception de l'agriculture, six objectifs cruciaux de politique agricole durent être poursuivis. Je n'en citerai ici que deux qui, à mon avis, ont une répercussion directe sur les activités des petits agriculteurs qui commencent à émerger : - l'élargissement de l'accès à l'agriculture grâce à la réforme foncière devrait être renforcé par des mesures de politique agricole adéquates et soutenu par la mise en place de services appropriés ; et - les systèmes financiers devront concentrer leurs efforts sur les agriculteurs pauvres et les nouveaux agriculteurs afin de leur permettre d'acheter un terrain et du matériel agricole. Le financement Le processus de remaniement de la politique agricole a commencé peu après la naissance du gouvernement démocratique et a connu quatre phases. Il est devenu réellement efficace seulement au cours de ces deux dernières années. La première phase s'est concentrée sur l'élargissement de l'accès à l'agriculture, connu sous le sigle « BATAT » . BATAT « fut une avancée, un mouvement qui visait un changement radical dans la façon de penser » , une philosophie qui cherchait à transformer les campagnes de façon équitable. Ce dont nous avions besoin en premier, c'était de mettre immédiatement en pratique ces changements de politique. Dans le secteur financier, le Ministère (National Department) établit un projet pilote d'aide financière qui visait les petits paysans et ceux qui démarraient. Tout ce que le gouvernement avait à faire était de libérer des fonds pour des prêts de petite ou moyenne dimension. Partant du principe que le gouvernement n'est pas un banquier, l'administration de ce projet fut laissée entre les mains d'agences privées. Plus de 20 000 agriculteurs à travers le pays ont bénéficié de ce projet pilote qui s'est terminé en août 1997. A long terme D'autres initiatives ont été prises pour satisfaire les besoins financiers à long terme des petits agriculteurs et de ceux qui démarrent. Celles-ci aussi ont été le résultat de consultations et de travail de commissions qui ont cherché des voies alternatives pour financer l'agriculture dans l'espoir de réduire les disparités du passé. La première mesure fut d'abolir le Comité de crédit agricole (Agricultural Credit Board). Ce Comité était principalement entretenu par des subsides directs de l'Etat, lequel intervenait dans presque tous les aspects de son fonctionnement et de sa gestion. La seconde mesure fut de créer une institution financière amicale de petits producteurs, appelée la Banque agricole et rurale (Land and Agricultural Bank). Cette banque est issue de la « Land Bank » que nous connaissions autrefois, organisme qui s'adressait seulement aux agriculteurs à vocation commerciale. Bien qu'elle soit actuellement capitalisée par l'Etat, la gestion de ses affaires quotidiennes est uniquement entre les mains des privés. Cette année, la Banque doit lancer de nouveaux produits destinés aux agriculteurs qui démarrent, notamment de nouveaux plans d'épargne, un fonds d'assurance risques, des remises et des primes, et des critères plus souples pour l'octroi des prêts. Bien que nous ayons remporté des succès grâce à notre changement de politique, la période de sécheresse annoncée pour les mois à venir risque de limiter les beaux progrès accomplis jusqu'ici. Les agriculteurs sud-africains ont pris des mesures de précaution pour affronter la sécheresse. L'un des conseils donnés aux petits agriculteurs qui démarrent est de diminuer les risques en diversifiant leurs cultures de base ou en s'intéressant à d'autres spéculations agricoles vers lesquelles se tourner en cas de sécheresse ou d'autres formes de désastre. Les opinions émises dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles du vice-ministre de l'Agriculture.

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Bibliographic Details
Main Author: Manjome, Clayton
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1998
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61757
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