La pomme de terre sort de l'ombre

Cette denrée de base dont le rendement en calories par hectare vaut trois fois celui du riz et cinq fois celui du blé remporte auprès des consommateurs un succès qui encourage bon nombre d'agriculteurs à en augmenter la production. La pomme de terre irlandaise (Solanum tuberosum) continue de gagner en popularité et, à condition que la qualité soit au rendez-vous, il est aisé de récolter les fruits de ce marché porteur. S'il leur était demandé de promouvoir la pomme de terre avant sa transformation, les publicitaires vanteraient sans doute les mille et une vertus de la « patate » . Riche en vitamines et minéraux, en protéines (concentrées dans la peau) et en calories, tout en étant quasiment exempte de matières grasses, la pomme de terre n'a guère besoin d'un slogan publicitaire comme le démontre la production qui a quadruplé en Afrique ces 35 dernières années. Selon la FAO, l'augmentation de cette production sur le continent est plus forte que la croissance démographique. C'est exceptionnel pour une denrée alimentaire, car la plupart ont généralement diminué, ou tout au mieux suivi la progression démographique. Les citadins sont les principaux demandeurs, car la pomme de terre a l'avantage d'être rapide à cuire et s'adapte à de nombreux plats. On la cultive pour le marché des produits frais ou de la transformation, mais aujourd'hui les pays ACP la produisent généralement sur une petite échelle qui convient mieux au marché des produits frais. En Afrique subsaharienne, la surface cultivée en pomme de terre couvre environ 425 000 hectares, productions vivrières et commerciales confondues. L'augmentation de la production est due plutôt à l'augmentation de la surface cultivée qu'à celle de la productivité. Toutefois, pour les cultures à échelle commerciale, on obtient des rendements de 25 tonnes à l'hectare en Afrique du Sud et de 16 tonnes à l'hectare au Zimbabwe avec l'aide de l'irrigation, des engrais et des semences de bonne qualité. Ailleurs, par exemple dans la région des hauts plateaux d'Afrique centrale et de l'Est où les parcelles sont petites, où la culture se pratique manuellement et où on peut rarement accéder aux intrants chimiques tels que les engrais et les fongicides, les rendements sont approximativement deux fois moins élevés. En Afrique de l'Ouest, les pommes de terre sont cultivées à petite échelle à partir de tubercules importées avec un fort apport d'intrants. Les prix du marché y sont le reflet des coûts de production élevés. Les pays les plus gros producteurs de pommes de terre en Afrique subsaharienne sont l'Afrique du Sud, le Zimbabwe, l'Ouganda, l'Ethiopie, Madagascar, le Rwanda, la Tanzanie, le Kenya et le Cameroun. Bien qu'il existe plus de 150 espèces de pommes de terre en Amérique, d'où l'espèce est originaire, seule Solanum tuberosum est cultivée commercialement sur les autres continents. Les gènes d'espèces sauvages ont été introduits dans de nombreuses variétés pour doter celles-ci d'une résistance ou d'une tolérance aux maladies et aux ravageurs. La pomme de terre n'est cependant pas à l'abri des problèmes qui affectent toute entreprise agricole. Même lorsque les conditions semblent idéales, là où la production est intensive et les moyens de lutte chimiques sont toujours disponibles, les rendements peuvent chuter pour une raison ou une autre. Pour pouvoir tirer le meilleur parti des opportunités offertes par le marché, les agriculteurs doivent disposer de semences saines, de modes de culture efficaces, de moyens de lutte contre les ennemis des cultures et d'infrastructures de stockage adéquats. Un fléau nommé mildiou Phytophthera infestans, le mildiou tardif, peut ravager un champ de pommes de terre en quelques jours seulement. C'est la principale contrainte biotique de la production de pomme de terre en Afrique subsaharienne, plus particulièrement dans la région tropicale des hauts plateaux d'Afrique du Centre et de l'Est. De nombreuses variétés cultivées ont un très faible niveau de résistance au mildiou mais, à condition de traiter dès l'apparition des premiers signes, il est possible de limiter les dégâts. Cependant, la majorité des agriculteurs pauvres de la région n'a ni les fonds, ni le savoir-faire, ni un accès facile aux fongicides qui leur permettraient de lutter contre la maladie. On a de bonnes raisons de penser que cette maladie risque de devenir un problème plus grave encore dans l'avenir. En Amérique, des souches de la maladie développent déjà une plus grande résistance aux fongicides disponibles. On rapporte qu'en Amérique centrale, les agriculteurs traitent jusqu'à 25 fois par saison pour lutter contre la maladie. En Afrique subsaharienne, ces souches résistantes n'ont pas encore été signalées mais il serait naïf de penser qu'elles ne s'y propageront pas. La distribution des semences, en particulier de nouvelles variétés améliorées, pose un problème dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne. Les tentatives d'établissement de systèmes centralisés semblables à ceux fonctionnant en Europe et en Amérique du Nord ont échoué pour des raisons diverses. Le Centre international de la pomme de terre (CIP) travaille actuellement avec trois programmes nationaux au Kenya, en Ouganda et en Ethiopie à l'élaboration de systèmes de multiplication et de distribution de semences de haute qualité pris en charge par les agriculteurs (voir encadré). Les marchés de l'avenir Le marché de la pomme de terre transformée croît aussi rapidement que les villes où vivent les clients des « fast-food » . Les fabricants de pommes chips, de frites et autres amuse-gueule à base de pomme de terre ont des critères précis concernant les variétés, la qualité et la quantité des pommes de terre qu'ils désirent. Pour la rentabilité des unités de transformation, les producteurs doivent être en mesure de proposer les variétés spécifiques correspondant aux besoins de la déshydratation ou de la fabrication de chips ou de frites précuites. Les producteurs africains n'ont nullement besoin de craindre que le marché s'essouffle, si tant est que l'expérience d'autres régions soit un bon indicateur de tendance. La pomme de terre ne paie pas de mine lorsqu'on la déterre mais une fois apprêtée, elle a de la classe, séduit la jeunesse et dispose d'un marché en rapide expansion. Pour toute information complémentaire, contactez : CIP - P.O. Box 25171 - Nairobi - KENYA

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1998
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61725
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