La noix de cajou : une richesse africaine encore peu exploitée

L'Afrique est le troisième producteur mondial de noix de cajou (100000 t/an environ), produit très demandé par les Etats-Unis et l'Europe notamment. Pourtant, l'Afrique profite peu de cette richesse. Elle exporte la quasi-totalité de sa production en noix brutes vers l'Inde qui en assure la transformation. L'exemple béninois illustre bien les performances de production des pays africains, mais aussi leurs carences au niveau de la transformation de ce produit, d'où un important manque a gagner pour les régions productrices. L’anacardier (Anacardium occidentale) est une arbre fruitier d'une mètres de hauteur, originaire du Brésil t à Cotonou. sil, introduit depuis très longtemps en Afrique et aujourd'hui largement répandu puisque c'est sur ce continent qu'il y occupe la plus grande surface. Cette espèce supporte des régimes pluviométriques variés et s'adapte à divers types de sols, même les périmètres dégradés qu'il permet de reboiser. Lanacarde, son fruit, est constitué de la noix de cajou, très recherchée, surmontée d'un faux fruit, la pomme de cajou. La noix de cajou est une amande utilisée comme friandise de cocktail ou dans l'industrie alimentaire pour la fabrication de chocolat, de nougat, de biscuits, de crèmes glacées, etc. La pomme de cajou, juteuse et sucrée, est neuf fois plus riche en vitamines C que l'orange. Sa pulpe se prête à la fabrication de jus de fruits, d'alcool, de confitures ou de pâtes de fruits. Enfin, le baume de cajou (ou CNSL Nut Shell Liquid) que l'on extrait de la coque entourant l'amande est une sorte d'huile astringente et corrosive très recherchée par les industriels pour ses propriétés uniques pour la fabrication de freins, d'embrayages, de caoutchoucs et d'isolants. Le Brésil et l'Inde sont les deux premiers producteurs de noix de cajou (respectivement 200 000 t et 120 000 t de noix par an). La troisième source mondiale d'approvisionnement en noix est l'Afrique (près de demande internationale et à l'offre assez res100 000 t), principalement la Tanzanie (15000 t), le Mozambique (4000 t), le Kenya et la Guinée-Bissau; le Mali, le Togo sont d'autres pays producteurs. L'exemple béninois Dans cette production africaine, le Bénin commence à occuper une place importante. Les exportations sont en effet passées de 3 500 t/an en 1993 à 15 500 t en 1996. La noix de cajou béninoise se vend bien car sa qualité la place au rang des trois meilleures du monde. Bien qu'elle s'achète 25 % plus cher sur le marché international, la plupart des exportateurs avouent ne pas être en mesure de satisfaire la demande. Comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les noix de cajou du Bénin sont destinées essentiellement à l'Inde qui absorbe 90 % des exportations. La très grande demande en noix provoque une surenchère des prix. « Les revenus des plantations d'anacardiers sont très attractifs surtout depuis la dévaluation du FCFA alors que la demande mondiale en noix de cajou s'avère bien soutenue », constate Jean François Vavasseur de la Caisse française de développement à Cotonou. Le développement de l'anacardier a été spectaculaire ces dernières années dans les régions cotonnières. Les producteurs de coton plantent des anacardiers directement dans les champs de coton, une pratique appréciée par les responsables de la filière coton car elle incite les planteurs à protéger leurs champs contre les feux de brousse. Outre les paysans, des entrepreneurs, des jeunes diplômés et des fonctionnaires investissent également dans la filière. « Eu égard à l'augmentation sans cesse croissante de la demande internationale et à l'offre assez restreinte sur le plan mondial, l'avenir de ce pro duit ne présente aucune difficulté conjoncturelle », indique une étude du Ministère du développement rural. Pronostic confirmé par la Caisse française de développement à Cotonou : « Dans la recherche de solutions pour une diversification de la production agricole et des sources de revenus des populations rurales, la filière anacarde apparaît comme l'une des plus importantes à développer ». Au Bénin où le coton a assuré plus de 70 % des recettes d'exportation en 1994, le besoin de diversifier la production agricole est forte ment ressenti.. Une transformation difficile Au Bénin, comme presque partout en Afrique, la noix de cajou n'est pas transformée sur place. La précieuse amande ne se laisse pas extraire facilement. Elle est protégée par une coquille à l'intérieur de laquelle elle baigne dans son baume ou CNSL. Si l'on brise la coque telle quelle, on n'obtient qu'une sorte de pâte huileuse. Le procédé le plus simple consiste à chauffer et à griller les amandes, puis à les concasser et à les trier selon le procédé adopté en Inde. Ces opérations doivent être menées avec précaution car une amande brisée perd plus de la moitié de sa valeur. Des unités de transformation des noix utilisant cette technique de chauffage ont été installées en Afrique, notamment à Madagascar, au Mozambique et au Bénin. Mais des problèmes d'approvisionnement principalement ont contraint ces usines à fermer. En effet, l'Inde a une capacité de transformation d'environ 600 000 t/an, soit beaucoup plus que sa propre production. Les transformateurs indiens sont donc prêts à verser des primes importantes pour s'assurer de leur approvisionnement. Ils chargent leurs acheteurs de s'installer dans les villages et de verser aux paysans des avances afin d'établir leur priorité sur les concurrents. Les usines locales africaines ont ainsi du mal à s'approvisionner car elles ne peuvent s'aligner sur les prix d'achat des négociants indiens pour demeurer rentables. D'après les estimations, les pays africains producteurs de noix de cajou perdent environ 100 millions de dollars/an de devises du fait de l'absence de transformation sur place de ce produit. La technologie utilisée en Inde pourrait s'adapter à l'Afrique et de petites unités de traitement permettraient d'absorber la production. La diffusion des résultats de recherche sur l'hybridation des variétés, sur l'éradication des maladies et sur l'amélioration des pratiques culturales assurerait un bon potentiel de production pour les plantations. Face à la demande croissante pour ce produit, surtout depuis l'émergence de nouveaux pays comme le Moyen-Orient et le Sud-est asiatique, le Bénin et le Mozambique notamment tentent de remettre en marche des usines désaffectées. Ainsi, au Bénin, l'usine de Parakou fermée depuis 1987 a prévu sa réouverture d'ici à la fin de l'année 1997. Pour déjouer les problèmes de concurrence avec les négociants indiens, une plantation de 800 ha d'anacardiers doit permettre d'approvisionner cette unité d'une capacité de transformation de 1 500 t de noix par an. Une expérience dont on attend avec impatience les résultats. Pour en savoir plus : Dossier Service questions-réponses - BDPA SCETAGRI - Centre de documentation et d'information - 27, rue Louis Vicat 75738 Paris Cedex 15 – France

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1997
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61557
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