Daniel Assoumou Mba quitte le CTA

Daniel Assoumou Mba vient d'achever son mandat après douze ans passés à diriger le CTA. Des fonds baptismaux à l'âge de raison, le centre aura été porté par cet homme discret et courtois pour qui la diplomatie est un art au service de l'action. Certes, le CTA a grandi. Tâches, personnel, budget, tout a augmenté au cours de ces années mais il ne s'agissait pas tant de créer une institution que de structurer un outil performant réellement au service de sa mission. Son mandat, Daniel Assoumou Mba l'a fait assumer au CTA avec une vision politique claire et une grande rigueur. Il a toujours insisté pour faire de Spore un organe d'information pour le développement et non une feuille de propagande institutionnelle. Alors, aujourd'hui, l'hommage le plus ressemblant que nous puissions rendre à celui qui a inventé le titre de « Spore » est de le montrer en action, avec d'autres : co-opération pour de vrai. Spore : Vous avez présidé aux destinées du CTA depuis sa naissance en 1983 ? L'enfant a aujourd'hui douze ans. Avec le recul, sa croissance vous semble-t-elle harmonieuse ? D. Assoumou Mba : Au moment de la création du CTA, nous n'avions qu'un mandat très général défini par la deuxième Convention de Lomé : améliorer l'accès des pays ACP à l'information, à la recherche, à la formation ainsi qu'aux innovations dans le domaine du développement agricole. Vaste programme ! Les premières activités du Centre ont été pilotées, en 1983, d'une chambre d'hôtel à Wageningen ! II n'y avait alors que deux employés : un chauffeur-coursier et moimême. En l'espace d'une année, il a fallu recruter huit personnes et mettre au point un programme-budget pour l'année suivante. Dans la phase de démarrage, le Centre s'est surtout attaché à convaincre que la maîtrise de l'information scientifique et technique (IST) contribuait à assurer la sécurité alimentaire, à générer des revenus et à préserver les ressources naturelles. Bref, qu'elle était un intrant de la production agricole. Nous avons aussi peu à peu pris conscience des contraintes auxquelles devaient faire face les pays ACP dans la diffusion d'informations : pas de politiques nationales ni régionales d'IST, accès difficile aux sources d'information et manque de moyens humains et financiers. Dans le même temps, il a fallu identifier les acteurs du développement agricole qui allaient devenir nos groupes cibles : les planificateurs, les chercheurs, les formateurs, les vulgarisateurs et les spécialistes de l'information. C'est sur la base des besoins qu'ils ont exprimés que le CTA a lancé et développé ses premières activités pilotes de diffusion de l'information : réalisation d'études, or ganisation de rencontres scientifiques et techniques, publication de résultats de recherche et de manuels de vulgarisation. Spore : Quelle a été la stratégie adoptée par le CTA pour mener à bien sa mission ? D. Assoumou Mba : Nous avons réussi à développer et entretenir des relations harmonieuses avec les organisations impliquées dans le développement agricole des pays ACP. Le Centre fait appel au réseau d'experts des pays ACP et de l'Union Européenne en fonction des besoins en ressources humaines des programmes à conduire. Il dispose d'antennes régionales qui l'aident à mener ses activités dans les Caraïbes et le Pacifique. En Afrique, il entretient des relations étroites de coopération aussi bien avec les entités économiques régionales qu'avec les institutions de coordination de la recherche. Le CTA travaille également en étroite collaboration avec les services nationaux de recherche, de formation, de vulgarisation, et les services d'information et de documentation agricole des pays ACP. La valeur de ce travail de défrichage a été reconnue au bout de cinq années d'existence. Lévaluation à mi-parcours de cette première décennie d'existence a été plus que positive. Spore : Quel est désormais le champ d'activité du Centre ? D. Assoumou Mba : Ses activités portent naturellement sur l'agriculture, l'élevage, la pêche et la sylviculture mais en tenant compte des aspects socio-économiques des problèmes. A présent, le CTA couvre soixante-dix pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique répartis en six régions. Spore : Après la Quatrième Convention de Lomé, comment voyez-vous l'avenir ? D. Assoumou Mba : La quatrième Convention de Lomé qui porte sur la période 1991-2000 a encore étendu le champ d'action du centre en mettant l'accent sur le développement des capacités propres des pays ACP Le but est d'intégrer l'information dans les stratégies de développement agricole, le CTA devant fournir un appui scientifique et technique à l'élaboration de programmes d'information. D'après les termes de l'évaluation du CTA effectuée en 1994, « le Centre est passé d'une situation d'incertitude en 1984 à celle de réalisation tangible. Il a maintenant une identité et une infrastructure, une bonne base de programme et de financement et a assuré une contribution largement reconnue pour la satisfaction des besoins d'information des pays ACP Toutefois, l'action du Centre en tant que catalyseur dans la conception de programmes concertés d'IST ne peut être porteuse de transformation profonde que si elle s'inscrit dans la perspective d'une appropriation de la mission du Centre par les Etats ACP Le rôle du CTA continue d'être actuel et pertinent. Mais il lui faudra faire un effort particulier dans la mise en oeuvre des principes et des activités des programmes régionaux. C'est là la clef de son succès pour l'avenir.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1995
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61084
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