Dette et programme d’ajustement structurel conséquences pour les femmes en Afrique

Les programmes d’ajustement structurel pour réduire la dette ont entraîné des coupes sévères dans les subventions à la santé, l’éducation et les projets de développement rural. Les démunis, dont les femmes, en sont profondément affectés. La dette de l’Afrique au Sud du Sahara s’élève à 280 milliards de dollars US, représentant plus de 90 % du produit intérieur brut (PIB). Les pays africains ont déboursé 23 milliards de dollars en 1990 pour le service de la dette, soit 30 % des recettes d’exportation. Puisque ces pays dépendent essentiellement des importations pour la plus grande partie des ressources nécessaires au développement, le service de la dette a puisé directement dans les fonds destinés à l’éducation, au logement et à la santé. Depuis 1981, le FMI est l’unique gendarme de la dette du Tiers Monde. Il en résulte que plus de 33 pays africains ont mis en oeuvre des programmes d’ajustement structurel. Les bailleurs de fonds lient les prêts à venir aux conditions du FMI. En Afrique, au cours des dix dernières années, les dépenses en matière de santé ont enregistré une baisse de 50 %. La dégradation de ces services affecte les femmes directement, en tant que bénéficiaires, mais aussi indirectement dans la mesure où il incombe généralement aux femmes dans les foyers de compenser les insuffisances des services publics. Les femmes sont souvent de plus grandes utilisatrices des services de santé que les hommes, parce qu’elles ont un rôle de reproductrices et qu’elles s’occupent traditionnellement des enfants. Elles ont dû supporter le plus gros des effets de l’effondrement des services de santé à un moment où les contraintes découlant de la dette qui leur sont imposées en tant que productrices se faisaient de plus en plus lourdes. Les programmes d’ajustement ont eu des effets négatifs sur la scolarisation et la qualité de l’éducation. Une étude de l’UNICEF, « L’ajustement à visage humain », montre que la réduction de 25 % au cours des dix dernières années des dépenses publiques en matière d’enseignement primaire a tendance à léser les filles davantage que les garçons. Lorsque les frais scolaires augmentent, les familles choisissent souvent d’investir dans l’éducation de leurs fils au détriment des filles. En outre, dans les périodes difficiles, lorsque les tâches domestiques se trouvent accrues, ce sont les filles qui sont plus sollicitées. Par ailleurs, les mesures d’austérité ont favorisé les licenciements. Les femmes, seules ou mariées, sont généralement les premières à perdre leur emploi. Pourtant, elles se consacrent à la satisfaction des besoins de tous les membres de la famille au point que cela semble aller de soi et qu’on en oublie leurs propres besoins. Avec la chute des revenus familiaux et la hausse des prix, les femmes doivent travailler plus longtemps et plus dur en dehors du foyer. Dans certains cas, le désir d’expansion des exportations des pays a généré des emplois pour les femmes... mais souvent dans des conditions d’exploitation extrême. Répercussions sur le monde rural La crise a des effets différents sur les hommes et les femmes en milieu rural. L’accent mis sur les cultures de rente en raison de la dette a alourdi le travail des femmes sans accroître leurs revenus, contrairement aux hommes. Quand l’emploi se fait rare, les femmes s’efforcent de « joindre les deux bouts » en vendant de la nourriture qu’elles cuisinent ou en exerçant quelque artisanat. Ces activités font partie du secteur informel en expansion à la suite de la crise économique. Au Zimbabwe, la plupart des femmes ont déjà commencé à sentir les rigueurs des programmes d’ajustement mis en place en janvier 1991. Leurs revenus quotidiens ne leur permettent pas de faire face aux taux d’inflation de 26,5 %. Les femmes ne peuvent pas compter sur un revenu fixe. Des marchés aux légumes où l’on vend des oignons, des tomates, des cigarettes au détail ont fait leur apparition. A présent, certaines femmes vendent des plats préparés au sein des coopératives. Des femmes actives Les femmes réagissent aux défis de la crise économique de manière créative et énergique en mettant sur pied des projets d’auto assistance et des coopératives. Les efforts individuels de personnes telles que le Professeur Wangari Maathai qui a fondé le « Green Belt Movement » (Mouvement de la ceinture verte) au Kenya et ceux de Mrs Maryam Babangida, épouse du Président du Nigéria, qui a mis sur pied le programme « A better life for rural women » (Une vie meilleure pour les femmes rurales), sont des initiatives remarquables. Il existe également de nombreuses ONG qui disposent de programmes visant à accroître la participation des femmes au développement. Pour compléter ces efforts, les femmes joignent leurs forces pour montrer l’impact de la crise de la dette sur elles, au moyen d’activités de recherche, de militantisme et d’éducation populaire. La Commission Economique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), l’Institut pour une alternative africaine (Londres) et l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (AFARD) sont autant d’exemples d’organisations oeuvrant pour la promotion des femmes face aux politiques actuelles de la dette et du développement qui aggravent leur situation. Les opinions émises dans cette tribune libre n'engagent que leurs auteurs. Elles ne sauraient être attribuées au CTA.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Etim, Ekei
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1993
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/60824
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!