Démographie et alimentation un défi pour l'Afrique

Chaque année, l'Afrique a besoin de 14 millions de tonnes de céréales de plus que ce qu'elle produit. Avec une croissance démographique de 3 % par an et une production agricole qui augmente seulement de 2 % par an, ce solde négatif atteindra 50 millions de tonnes en l'an 2000. Comment les producteurs africains peuvent-ils parvenir à combler ce fossé ? La faim n'est pas propre à l'Afrique. Mais c'est un phénomène plus aigu et plus répandu sur ce continent que dans toute autre région du monde.Autrefois, les exportations et l'aide alimentaire parvenaient à peu près à pallier les pénuries alimentaires ; mais aucun de ces moyens ne suffira à l'avenir. Selon la FAO, en 2010, l'Afrique devrait avoir besoin de 28,7 milliards de dollars pour ses importations alimentaires. Ses recettes d'exportation n'excéderont guère plus de 12 milliards de dollars. Parallèlement, les exportations céréalières risquent de connaître une concurrence accrue : la Chine qui importe actuellement 12 millions de tonnes par an devrait passer à 100 millions de tonnes en l'an 2000 et consommer à elle seule la moitié des exportations mondiales. L'Inde et d'autres pays importeront aussi davantage et ont des chances d'avoir les moyens de le faire. Un objectif réalisable Augmenter la production alimentaire en Afrique ? C'est possible. Malgré sa faible productivité, la dégradation de son environnement et l'exode rural, la situation de l'Afrique est tragique mais pas désespérée. Des options politiques claires doivent être prises rapidement pour placer effectivement au premier rang des priorités le développement rural, la production, le traitement et la commercialisation des produits alimentaires. La croissance démographique en Afrique est certes parmi les plus rapides du monde. Nombre d'observateurs croient y déceler la cause fondamentale du sous-développement. Pourtant, des exemples existent où la croissance démographique va de pair avec une hausse de la production. A la Conférence du Caire, en septembre 94, Clifford Longley a rappelé que « chaque bouche nouvelle vient au monde assortie de deux bras efficaces et d'un cerveau capable d'augmenter la production alimentaire. Pour Per Pinstrup-Andersen, directeur général de l'Institut international de recherche en politique alimentaire (IFPRI), « la production alimentaire est une source de revenu majeure pour les pauvres. Les perspectives de développement économique des pays en développement sont liées aux progrès de l'agriculture. Si les agriculteurs cultivaient et vendaient davantage de produits alimentaires, ils pourraient se nourrir et acheter ce dont ils ont besoin. Pour cela, il faut investir davantage dans les infrastructures agricoles ». Briser la spirale descendante L'augmentation des bouches à nourrir a souvent conduit à la mise en culture de terres de moindre qualité. Les sols se sont détériorés, offrant une production moindre. Cette spirale négative doit être brisée. Pour nombre de scientifiques, des méthodes agraires. plus intensives sur les meilleurs sols permettraient d'augmenter les rendements sans nuire à l'environnement. Les terres de moindre qualité resteraient pour la foresterie ou le sylvo-pastoralisme. Des systèmes agraires intégrés, comprenant cultures annuelles, foresterie, élevage et pisciculture permettraient de conserver, sinon d'accroître, la fertilité des sols et d'augmenter les productions (cf. Spore 53 p. 8).En outre, « en améliorant les cultures de mats, de manioc et de quelques autres produits, nous pourrions sans doute augmenter la production agricole de 2 % par an » note Don Winkelmann, directeur général du CIMMYT. Si la recherche peut contribuer de façon significative à augmenter la production, l'eau sera un facteur limitant dans la plus grande partie de l'Afrique (cf. pp 1-4 de ce numéro). Cependant, les méthodes traditionnelles d'irrigation et de collecte de l'eau pourraient considérablement se développer et être mieux connues. L'agroforesterie, les cultures intercalaires et l'agriculture urbaine pourraient aussi être améliorées (cf. Spore 56, p. 8 et Spore 33, pp 1-4). L'agriculture de subsistance ne suffit pas L'autosuffisance est une bonne chose mais elle ne suffit pas. Il faut aussi doter les pays de marchés et créer des industries agro-alimentaires qui sont sources de valeur ajoutée, créatrices d'emplois et souvent, remplacent de coûteux produits d'importation. Elles contribuent aussi au développement national. L'autosuffisance alimentaire est, pour l'Afrique, un défi majeur. Ce continent possède des ressources importantes comme la terre, l'eau et les hommes. Ce qui manque souvent, ce sont les moyens financiers et une volonté politique réelle de faire du secteur rural l'instrument prioritaire du développement national. L'Afrique est sujette à la famine et à la sécheresse, deux phénomènes contre lesquels il n'y a pas grand-chose à faire. Mais ce n'est pas la sécheresse qui crée la famine. Dans sa publication intitulée « 2020 Vision », l'IFPRI conclut que « mal heureusement, les gouvernements et la communauté des bailleurs de fonds se sont le plus souvent contentés de réagir à la misère, ellemême souvent cause de famine ». Si le revenu agricole pouvait augmenter et la misère décroître, il y aurait moins de famine et plus de prospérité en Afrique, malgré la sécheresse et la croissance démographique.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1995
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/60780
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!