Le Balanites, l'arbre champion du Sahel

Fruits, bois, huile, feuilles et fleurs, le Balanites offre aux populations une multitude de services malgré des conditions d'extrême aridité... Une espèce qui mérite l'attention des chercheurs. Après les années de sécheresse des décennies 70 et 80, le Sahel n'offrait en guise de paysage que des cimetières d'arbres morts. Karité, acacia, néré... vaincus parle manque d'eau.«Tous sauf un, le Balanites (Balanites aegyptiaca), tient à préciser Hubert Gillet, sous-directeur du Museum d'Histoire Naturelle de Paris. C'est l'arbre du désert qui vit le plus vieux, plus de cent ans, et qui résiste le mieux à la sécheresse». Paré contre l'adversité Il faut dire que la nature a fourni une armature de choc à cet arbre qui est répandu dans tout le Sahel et ne dépasse guère dix mètres, aridité oblige. Ses feuilles sont épaisses et coriaces : un vernis les protège de la sécheresse de l'air. Son double système racinaire va chercher l'eau à plus de sept mètres de profondeur et dans un rayon de vingt mètres autour du tronc. De plus il lui' permet de résister aux vents de sable alors que les autres arbres sont déchaussés. Ses rameaux et ses épines effectuent la photosynthèse au même titre que les feuilles et peuvent ainsi satisfaire les besoins de l'arbre lorsque celles-ci tombent. Et pour finir, miracle de l'adaptation, un fourreau de sable agglutiné maintient autour de ses racines une fine pellicule d'air qui atténue les différences de température et diminue l'évaporation. De bas en haut, le Balanites est paré contre l'adversité des conditions extrêmes du désert. Arbre des génies, au pied duquel se déroulent certains sacrifices, le Balanites est un arbre vénéré par les populations à plusieurs titres. Tout d'abord, comme l'Acacia albida, il n'attend pas la saison des pluies pour faire ses feuilles, mais reverdit dès mars-avril. Une aubaine pour les troupeaux qui n'ont pas grand-chose pour se nourrir en fin de saison sèche ... Les éleveurs prennent la précaution de cueillir eux-mêmes le fourrage avant de l'offrir à leurs animaux à cause des grandes épines. Celles-ci peuvent être transformées en épingles, sutures de chirurgie ou muselières. Le Balanites offre encore d'autres avantages : son bois est si résistant qu'il sert à fabriquer des mortiers, des manches à outils et même des armatures de toitures puisqu'il n'est pas dévoré par les termites. L'arbre à tout faire C'est aussi pour ses fruits que le Balanites est apprécié. Ces sortes de dattes que l'on appelait avec mépris les «dattes de l'esclave», pour leurs maigres qualités en comparaison des vraies dattes, sont aujourd'hui largement réhabilitées en raison des conditions de vie difficiles de la région. Pour Marie-José Tubiana, chercheur ati Centre National de Recherche Scientifique français, «consommés crus, les fruits sont sucés par les bergers et les enfants, mais on les fait aussi cuire pour en extraire le sucre qui sert à agrémenter les bouillies ou à confectionner des friandises, chaque population ayant ses recettes.» Autre utilisation rapportée par Paul Créac'h, pharmacien des troupes coloniales : en période de soudure ou de disette, quand les silos à mil sont déjà vides, les femmes détachent la pulpe du fruit et la jettent dans un mortier avec quelques poignées de mil. Cette pratique se voit encore fréquemment. Ce pharmacien notait aussi les vertus médicinales des feuilles et de l'écorce du Balanites, comme désinfectant ou contre les rhumatismes ou l'ictère. Il est encore aujourd'hui fortement commandé de sucer des dattes de Balanites en cas de refroidissement... Toutefois, selon Marie-José Tubiana, «l'élément le plus important est l'amande qui contient de 40 à 60 % d'huile et qui est plus riche en protéines que les tourteaux d'arachide, de coton, et de tournesol». Cette huile, difficile à extraire, est aujourd'hui concurrencée par les huiles d'arachide ou de coton mais garde de l'importance pour certaines ethnies qui en connaissent les propriétés nutritives et médicinales. BIBLIOGRAPHIE Une importante bibliographie est disponible au CTA sur banques de données CABI, AGRIS, AGRICOLA. Valorisation du Balanites aegyptiaca dans la zone agro-sylvo-pastorale du Sahel - 1993 CESAR (Centre pour le développement agricole et rural) -Universita di Perugia Istituto di industrie agrarie Perouse - ITALIE Se nourrir au Sahel - L'alimentation au Tchad 1937-1939 - Paul Créac'h - 1993 Editions L'Harmattan 5-7, rue de l'Ecole Polytechnique 75005 - Paris – France

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1994
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/60489
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