Les sous-produits agricoles au secours de l’élevage

Dans la plupart des pays en développement, agriculture et élevage sont en compétition à cause du manque de terres. Mal nourris, les animaux ont une faible production de lait, de viande et peu de forces. De nombreux sous produits agricoles peuvent pourtant être utilisés dans l’alimentation du bétail, pour le plus grand bien des troupeaux et des terres. L’intégration agriculture-élevage est difficile mais possible. Ces deux activités peuvent avantageusement se compléter : les sous produits des cultures apportent de l’énergie et des protéines aux animaux tandis que les sous-produits de l’élevage procurent de l’énergie et des engrais pour les cultures, et parfois même de l’énergie pour la population (biogaz, bouses séchées). Par exemple, après la récolte, le chaume sert de pâturage au bétail sédentaire ; le bétail nomade migre vers les zones cultivées pour se nourrir et s’abreuver, leur apportant de l’engrais ; quant aux animaux de basse-cour, ils peuvent aisément être nourris par des produits issus de la transformation à petite échelle. Malgré ces aspects positifs, certaines tentatives d’intégration se sont soldées par des échecs. Au Soudan, par exemple, les agriculteurs pratiquant une culture mécanisée ont interdit leurs terres aux éleveurs nomades sous prétexte que le fumier de leur bétail contenait des semences de mauvaises herbes. Dans de très nombreuses régions, la pratique des feux de brousse gaspille des végétaux qui pourraient être des aliments précieux pour le bétail. Ailleurs encore, certains sous-produits deviennent des sources de pollution, comme les effluents du traitement du sisal. D’autres ne sont pas utilisés en raison de leur toxicité ou parce qu’ils sont peu digestes à l’état brut et qu’ils requièrent un traitement. Sous-produits agricoles à usages multiples Malgré ces difficultés, la valorisation accrue des sous-produits agricoles pour l’alimentation du bétail et une meilleure intégration de l’élevage et des cultures présentent en général plus d’avantages que d’inconvénients. La recherche en biologie et en socio-économie se penche depuis peu sur les moyens de surmonter les limites de la valorisation des cultures sous forme d’aliments pour animaux et de résoudre les éventuels conflits entre les différents sous systèmes. Objectif des scientifiques : élaborer et développer des techniques pouvant être appliquées au niveau de chaque exploitation sans nécessiter d’équipements ou d’investissements importants. La canne à sucre est un bon exemple de sous-produits à multi-usages. La mélasse (également utilisée pour produire de l’alcool industriel), la bagasse (qui sert aussi de combustible à la raffinerie) et les plumets verts sont les principaux produits de la canne à sucre qui servent d’aliments pour animaux. A l’état liquide, la mélasse est difficile à manipuler, c’est pourquoi on a inventé les distributeurs roulants, aujourd’hui largement répandus. La mélasse est souvent incorporée dans des blocs contenant également de l’urée, et les animaux absorbent donc en même temps de l’énergie et des protéines. Aujourd’hui, chaque village, ou même chaque famille, est en mesure de fabriquer des blocs en utilisant de la paille ou des fibres de céréales comme aliments de lest et comme liant. Les sous-produits des cultures indigestes ou désagréables au goût peuvent être transformés en aliments pour animaux au moyen de divers traitements biologiques (par exemple digestion microbienne), chimiques (alcalinisation) ou physiques (broyage), afin de ramener la cellulose à un état propre à la consommation. Si certains de ces traitements doivent être effectués à l’échelle industrielle, d’autres se prêtent en revanche à une application au niveau de l’exploitation. Des pratiques locales intéressantes Dans les régions tropicales humides, la peau et les feuilles de bon nombre de tubercules et de plantes racines ont toujours fait partie du régime alimentaire des animaux. Les pays en développement exportent depuis longtemps vers les pays développés des compléments protéiques pour animaux tels que les résidus d’oléagineux (noix de coco, palmier à huile, arachide et coton). N’est-il pas temps aujourd’hui d’apprendre à les utiliser en priorité pour le bétail autochtone? Dans de nombreuses régions, notamment aux Caraïbes, on nourrit les animaux avec de la pulpe et de l’écorce d’agrumes et des produits dérivés de la banane. Dans le nord de l’Afrique, les animaux mangent de plus en plus souvent la pulpe et le noyau des dattes et des olives. Les sous-produits des brasseries et des distilleries peuvent également constituer des aliments précieux, que ce soit à l’échelle industrielle ou au niveau d’un village. Au Sénégal, le bétail est nourri de résidus et de sous-produits des cultures distribués sous des hangars comportant une fosse à fumier. Le compost ainsi obtenu permet d’augmenter la production de lait pendant la saison sèche, d’obtenir des animaux de trait plus puissants et d’épandre sur les cultures un engrais organique de meilleure qualité. Des systèmes d’intégration plus complexes recyclent les excréments de la volaille et les résidus de poisson. Il est encourageant de constater que l’on s’efforce aujourd’hui d’améliorer l’intégration de l’élevage et des cultures. Mais il est indispensable de poursuivre dans cette voie et de diffuser plus largement les résultats déjà obtenus par le biais de campagnes de formation et de vulgarisation.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1993
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/60379
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!