Le gari : mécaniser pour mieux vendre
Au Togo, bien que largement consommé, le gari rapporte peu aux femmes qui le fabriquent. Mécaniser une partie des opérations simplifierait leur tâche et leur assurerait de meilleurs débouchés. 'Nous sommes obligées de vendre pour payer les cultivateurs qui nous fournissent le manioc et courent après nous pour réclamer leur argent. Mais sans eux nous n'aurions pas d'argent pour couvrir nos besoins' expliquent les femmes qui produisent la farine de manioc ou gari. Pour écouler leur fabrication, les femmes togolaises doivent le plus souvent faire appel à des intermédiaires: des commerçantes qui sillonnent l'intérieur du pays pour acheter des sacs de gari qu'elles revendent ensuite au détail. Mais cellesci imposent souvent des prix peu rémunérateurs pour les productrices. Seules celles qui ont un accès facile au marché peuvent elles-mêmes vendre leur gari au détail. Pour défendre leurs intérêts, des femmes de plusieurs localités se sont regroupées en associations. Ainsi des magasins ont été construits dans de nombreux villages pour faciliter la commercialisation du gari. Malgré ces efforts, des difficultés pour assurer l'écoulement régulier du produit subsistent. Entre mars et septembre le gari se trouve en abondance. Même la meilleure qualité ne se vend pas à plus de 100 FCFA/kg. Lorsqu'on sait qu'il faut environ cinq kilos de manioc à 10 ou 15 FCFA pour fabriquer un kilo de gari, il apparaît de façon évidente que la rentabilité du travail est très faible. A la saison sèche, lorsque la terre est dure et que les racines de manioc sont difficiles à extraire, le gari se fait plus rare et son prix double pour atteindre 200 FCFA. L'ensemble de l'opération devient économiquement viable. Une fabrication plus régulière satisferait à la fois les productrices et les consommateurs. Cependant, le procédé traditionnel ne permet de produire que de petites quantités. Le travail est long, et lorsqu'il est exécuté manuellement en suivant toutes les étapes, il est harassant. Les racines de manioc sont épluchées au couteau et lavées, puis râpées à l'aide d'une plaquette métallique. Le produit obtenu est stocké dans des sacs et mis à fermenter durant trois jours. Il est ensuite pressé à l'aide de gros cailloux, émietté et défibré. Enfin on procède au tamisage et à la cuisson. Au total, neuf opérations et de longues heures de labeur. En travaillant sans relâche pendant une semaine, les femmes parviennent à fabriquer au maximum 60 kg de gari. Il leur est donc difficile, une fois la consommation familiale assurée, de constituer des stocks de gari durant les périodes où le manioc frais est peu cher. Pourtant, une fois transformé en farine, le manioc peut, moyennant quelques précautions simples, se conserver des mois, voire des années. L'Institut National des Plantes à Tubercules (INPT) s'efforce depuis plusieurs années de perfectionner de petites machines pouvant être fabriquées localement et qui pourraient simplifier et accélérer la fabrication du gari. Après avoir été testés par l'INPT, des tamiseurs, des râpes et des pressoirs ont été mis à la dispositions de quelques associations féminines. Par ailleurs, une chai ne complète de transformation du manioc au niveau semiindustriel, conçue par le Centre d'Etudes et d'Expérimentation du Machinisme Agricole Tropical (CEEMAT) et l'entreprise française Gauthier est actuellement au stade des essais. Mais plus l'équipement est complexe, plus il est coûteux, et le prix actuellement faible du gari ne permet pas d'en faire une solution économiquement viable. Même les petites unités dé production locales se heurtent à ce problème de prix. Les femmes sont réticentes à utiliser les râpes installées dans certains villages car il leur faut prélever sur leurs maigres revenus pour payer cette opération. L'INPT, pleinement consciente de ces problèmes, cherche à aider les femmes à mieux rentabiliser le fruit de leurtravail. Une production plus abondante et plus régulière permettrait d'explorer des débouchés à l'exportation soit vers les pays voisins, soit même vers l'Europe. Actuellement, une société française achète deux tonnes de gari par mois. Elle l'écoule sans mal à Paris et dans les villes universitaires où de nombreux étudiants africains expatriés sont heureux de retrouver les saveurs de leur pays.
Main Author: | |
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Format: | News Item biblioteca |
Language: | French |
Published: |
Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
1991
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Online Access: | https://hdl.handle.net/10568/59976 |
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