La culture in vitro permet d’augmenter la production de banane plantain

CHAPEAU : La banane plantain est un produit alimentaire très consommé dans de nombreux pays du continent et il contribue de façon non négligeable à la sécurité alimentaire de beaucoup de familles africaines. Mais le bananier est très sujet aux maladies et très parasité. De plus sa production est souvent irrégulière. Diverses méthodes employées par la biotechnologie peuvent remédier à ces inconvénients comme nous allons le voir dans des exemples de recherche faites en Cote d’Ivoire et au Cameroun. DURÉE DE LA BANDE 11’09 Studio A Njombe au Cameroun, le laboratoire de biotechnologie du CARBAP, le Centre Africain de Recherches sur les bananiers et les plantains, a pour objectif d’augmenter la production de la banane plantain. Pour cela, le Centre a mis au point une technique de culture in vitro. Le Docteur Emmanuel Youmbi, biotechnologue au CARBAP explique les avantages au micro de Etienne Tassé: Youmbi La culture in vitro du bananier-plantain a plusieurs objectifs: Premièrement, assainir le matériel végétal, assainir c’est-à-dire produire du matériel de plantation débarrassé des viroses, débarrassé des maladies fongiques et enfin débarrassé des maladies bactériennes. Et cela se fait par des étapes qui nous permettent d’aboutir à des plants sains, d’une capacité de croissance très élevée en champ. Et la culture in-vitro du bananier ne se limite pas seulement à l’élimination des maladies. Une fois les maladies débarrassées, il faut maintenant faire de la micro- propagation. C’est à dire amplifier. Parce qu’en champ, la plante ne peut pas donner plus de 5 à 10 rejets. Donc à partir d’un apex que nous avons assaini, nous pouvons produire au minimum 30. Nous pouvons produire 50 et même 100. Voilà un deuxième aspect important de la micropropagation. Etienne Tassé: Le paysan, lui, il peut prélever ses rejets sur les autres bananiers et toujours avoir… Youmbi Oui, il peut prélever les rejets sur les autres bananiers mais, si c‘est des rejets qui sont attaqués par les nématodes, attaqués par les charançons, s’il n’a pas de techniques d’assainissement, les nématodes, il va les véhiculer, les disperser, les disséminer dans la plantation et après, le 1er cycle ne sera pas très bon. Alors qu’ avec les vitro-plants, c’est du matériel assaini, où le 1er cycle est performant, avec des hauts rendements, contrairement au matériel indigène. Et comme je l’ai dit, le paysan n’a pas d’autres moyens que de porter ses rejets et il les porte, s’il n’a pas de pousse, de voiture, il va porter en faible quantité. Alors qu’avec la micro propagation, il est possible que le paysan transporte même 1000 vitro-plants dans un volume de 10 litres. C’est possible. Et le porter facilement. Voilà l’intérêt de la micropropagation du bananier. Studio Un des plus gros avantages de ces vitro-plants c’est donc qu’ils sont, grâce à des manipulations génétiques, résistants aux attaques des nématodes et des charançons, ce qui permet aux paysans de pouvoir se passer d’intrants chimiques qui comme on le sait sont extrêmement coûteux. Mais comment les techniciens du CARBAP s’y prennent ils pour introduire ces gènes de résistance dans les plants de bananiers plantains ? Les explications du Docteur Roger Fogain, charge de recherches au CARBAP au micro de Etienne Tassé: Fogain Une fois qu’on a trouvé des sources de résistance à ces différents ravageurs, ces sources de résistance sont exploitées et puis à travers des croisements que nous faisons, avec notre programme d’amélioration génétique, on créé donc des hybrides de plantain qui possèdent la résistance à différentes contraintes parasitaires. Donc si vous avez un hybride par exemple de plantain qui résiste aux nématodes, aux charançons ou à la cercosporiose, vous pouvez les distribuer à tous les planteurs de banane plantain du Cameroun et même de la sous région et vous êtes sûrs que ces planteurs, ils vont produire leurs plantains sans avoir à lutter contre ces différents ravageurs. Nous développons aussi des recherches sur l’utilisation des antagonistes naturels des insectes. Vous savez que dans un environnement, dans un écosystème, chaque organisme vivant a ses antagonistes pour maintenir un certain équilibre. Donc les insectes qui attaquent par exemple le plantain, notamment le charançon qui est le plus important, possède ses ennemis naturels. Donc ce qu’on essaye de faire, on essaye de rechercher ces ennemis naturels, qu’on peut multiplier au laboratoire en condition contrôlée et maintenant, les remettre aux planteurs de manière que les planteurs puissent épandre ces ennemis naturels dans leurs plantations, de cette manière là ils peuvent contrôler de manière durable les charançons sans attaquer l’environnement dans lequel nous vivons et que nous avons pour souci de préserver. Etienne Tassé Quels en sont les résultats à ce jour? Fogain En ce qui concerne mon département c’est-à-dire la lutte contre les nématodes et les charançons, on a aujourd’hui identifié des sources de résistance parce que pour développer un hybride résistant à une maladie, il faut d’abord trouver un gène de résistance, donc une source de résistance donc où on va aller chercher la résistance pour transférer par des croisements. Donc nous, nous trouvons aujourd’hui à un niveau, au 1er degré c’est-à-dire qu’on a trouvé les sources de résistance. Maintenant ces sources de résistance, on les propose aux généticiens. C’est ce qui est fait. Donc actuellement il y a des croisements qui sont fait et on attend d’avoir des descendances pour regarder dans des descendances si effectivement cette résistance qu’on a observée chez les charançons et les nématodes chez le parent, a été transférée au fils ou à la fille. Etienne Tassé Oui concrètement si les résultats sont concluants en quoi cela pourrait aider les paysans ? Fogain Si les résultats sont concluants, ça veut tout simplement dire que le paysan va augmenter sa productivité. C’est à dire que sur une parcelle donnée, le rendement va être beaucoup plus important. Donc si le planteur ne peut plus aller acheter un insecticide au marché ou un nématicide pour venir mettre sur son bananier plantain, il fait des économies. Donc les coûts de production vont être réduits et il va produire une banane plantain à moindre coût. Les producteurs de plantain connaissent un gros problème, c’est que la production de la banane Plantain décroît de manière significative d’une année à l’autre, tout simplement parce que dès que vous coupez le premier régime d’un plantain, le régime qui vient généralement en 2ème année c’est un régime qui est merdique, c’est un régime qui n’est pas très bon. Mais nous pensons que c’est une culture qui peut être fait sur plusieurs années. Parce que de manière générale dans les zones forestières qu’est ce que les paysans font ? Les paysans vont attaquer la forêt pour cultiver du Plantain. Parce que les anciennes parcelles sont attaquées par les charançons et les nématodes. Comme ces parcelles sont infestées, ils ne cultivent plus là-bas. Ils vont vers les nouvelles terres qui sont généralement des forêts et qui sont parfois les domaines protégés. Si nous aujourd’hui on leur donne des bananiers plantains qui sont résistants, ils n’auront plus à aller attaquer la forêt. Donc ils vont s’installer à leur endroit, ils vont mettre les plantains ça va faire 30 ans et ils vont exploiter bons régimes. Donc à l’échelle nationale même, il y a quelque chose qui est un résultat qui est très fort. Studio La culture in vitro présentent donc de gros avantages pour la banane plantain, des avantages qui sont également reconnus en Cote d’Ivoire ou le Centre National de la Recherche Agronomique a développé plusieurs programmes de recherche, précisément sur la banane plantain. Ecoutons le Docteur Aboudramane Sangaré, responsable de biotechnologie au CNRA : Il parle au micro de Kabié Boni de la façon dont les vitro plants sont utilisés par les paysans. Sangaré La culture in vitro, en ce qui concerne le bananier, c’est vraiment le cas le plus patent. Aujourd’hui il y a toute une panoplie de secteurs du développement qui s’installent... Donc il y a des laboratoires qui font la culture in vitro et il y a des sortes de PME qui s’installent et qui utilisent donc les produits qui viennent donc de la culture in vitro et qui les grossissent et qui les mettent dans des standards qui sont utilisables par les paysans et les paysans viennent s’approvisionner régulièrement en du matériel dans lequel il ont confiance. Kabié Parlons un peu de l’accessibilité de ces boutures ou de ces semences par les paysans. Comment cela se passe? Sangaré En fait on les vend. Comme je vous ai dit, il y a des PME qui sont installées et qui sont la courroie de transmission entre les laboratoires et le monde paysan. Donc ils vendent leurs boutures et les paysans viennent s’en approvisionner. Vous savez on a l’impression que les paysans ne sont pas assez futés pour savoir ce qu’ils peuvent gagner en termes économiques et on a l’impression qu’ils ne peuvent pas acheter les semences et que certains ... on est en train de les entraîner dans un système capitaliste qui n’est pas le leur ...Non, je pense que les paysans savent très bien ce qu’ils gagnent en s’approvisionnant en semences de qualité et ils n’hésitent pas. Ils n’hésitent pas, le cas du bananier est patent. La majorité des grands producteurs aujourd’hui, lorsque ils savent qu’il y a du bananier in vitro disponible, ils n’hésitent pas parce que ils savent que c’est du bananier qui est propre, indemne de maladies et ils savent aussi que c’est des variétés reconnues et certifiées parce que ça c’est très important : ce n’est pas du bananier tout venant et ça économiquement parlant, c’est vraiment une plus value, c’est un intérêt que les paysans ont perçu. Kabié Alors l’objectif visé dans tout ça, c’est d’assurer une certaine sécurité alimentaire à la population. Alors un bananier qui produit par exemple un seul régime avec la biotechnologie, est qu’il peut produire deux ou trois régimes ou comment c’est ? Sangaré Bon nous n’en sommes pas encore là mais potentiellement ...oui ...c’est d’ailleurs un des problèmes de la biotechnologie c’est que le potentiel est tellement énorme qu’il fait peur et les possibilités techniques qui existent aujourd’hui sont telles que on commence à se poser la question de savoir si il faut aller si vite. Kabié Alors je sais que il y a des périodes ou il n’y a pas de banane en Côte d’Ivoire. Est ce que cette technologie, la biotechnologie, liée donc à la production de la banane plantain, peut permettre donc d’avoir des bananes en toute période? Sangaré Exactement! C’est un des grands avantages de la technologie parce que la production de semences n’est pas liée aux saisons. Il suffit d’avoir des laboratoires capables de produire à tout moment des semences et le tour est joué! Donc c’est effectivement un des grands avantages de la culture in vitro, de pouvoir à tout moment donner des semences a qui le veut en quantité suffisante. Ce qui limite la quantité c’est la main d’œuvre que l’on met en amont dans la production de vitro-plant. Mais si la demande est forte et que l’on augmente la capacité de production en amont, et bien il n’y a pas de problèmes

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2003
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59759
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!