L’impact du Sida sur les femmes rurales

L’impact du Sida sur les femmes rurales CHAPEAU : Bien que les statistiques soient toujours difficiles à obtenir, il semblerait que de plus en plus de ménages paysans en Afrique ressentent de façon directe ou indirecte les conséquences de la pandémie du VIH-SIDA. Madame Anguiné Kamara dirige le volet SIDA du programme d’Appui aux services agricoles et aux organisations paysannes au Ministère malien de l’Agriculture a Bamako. Elle répond aux questions de Filifing Diakité. DURÉE DE LA BANDE : 6’25 Anguiné Comme vous le savez bien, le domaine du VIH-`Sida est un domaine de développement. Bon, qui dit production ou productivité parle d’une population en bonne santé car tout le monde sait que compte tenu des facteurs de vulnérabilité de cette population et compte tenu du contexte dans lequel cette population donc vit, donc c’est une population qui est exposée à la pandémie de VIH-Sida. Ces facteurs sont entre autres, l’analphabétisme, la pauvreté, la migration et certaines pratiques traditionnelles qui favorisent la propagation du VIH-Sida. C’est pour ça que nous au niveau du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, nous accordons une importance particulière à la lutte contre cette pandémie qui menace notre production et notre productivité et le bien être de toute la population. Diakité Est ce que cela se justifie de mettre un accent particulier sur les femmes au niveau de l’agriculture en rapport avec le VIH ? Anguiné Tout à fait ! Il est vraiment nécessaire de s’appuyer sur la problématique femmes. Premièrement parce que les femmes constituent plus de 51% de la population totale au Mali et en milieu rural. Deuxièmement nous constatons une féminisation du VIH. Diakité Mais comment ça se manifeste concrètement, les femmes et le V IH et les productions agricoles? Anguiné Bon je pense qu’il y a une forte corrélation entre femmes et VIH-Sida. Premièrement compte tenu de la situation biologique même de la femme. Donc elle est beaucoup plus exposée à cette maladie. Il y a les maternités, les grossesses… bon, il y a les I.S.T, les infections sexuellement transmissibles qui sont beaucoup ressenties chez les femmes. Il y a les pratiques traditionnelles qui sont pratiquées chez les femmes telles que l’excision. Donc comme vous le savez en milieu rural, plus de 10, 20, 30 filles sont excisées le même jour et avec le même couteau. Donc il suffit qu’il y ait une fille qui passe la première et qui est séropositive pour que les autres, vraiment, aient beaucoup plus de risques d’être contaminées par le virus. Donc ceci justifie vraiment la vulnérabilité de la femme. Donc il y a une forte corrélation entre femme et VIH-Sida. L’autre point de vue aussi, c’est qu’en milieu rural, l’essentiel du travail champêtre repose sur la femme: elle est au début et à la fin de la production agricole. Donc ça veut dire que si elles sont malades, elles ne peuvent pas faire ce travail là. Et c’est elles qui éduquent les enfants donc si elles sont malades, elles ne peuvent pas s’occuper de l’éducation des enfants. Ce sont les femmes qui font la cuisine donc si elles sont malades, elles ne peuvent pas le faire. Vous voyez que femmes et VIH-Sida ont une forte corrélation de plusieurs manières dans notre société. Diakité Alors, est-ce qu’il y a des cas de figure où les femmes sont hefs de famille parce que les maris sont malades du Sida ? Anguiné Il y a des familles où les femmes se retrouvent chefs de ménage parce que le mari est décédé du Sida mais comme vous le dites, en milieu rural, c’est une confidentialité …C’est quelque chose qui n’est pas vraiment … L’information n’est pas à la porté de tout le monde, c’est des cas isolés qu’on rencontre. Donc pour le moment on n’est pas vraiment arrivé au point que vraiment les personnes vivant avec le VIH dans le secteur agricole, ou alors les personnes ayant décédé du VIH, soient vraiment une occasion pour que tout le monde, pour que l’information soit diffusée à tous les niveaux.. On peut le savoir de manière informelle mais comme je vous l’ai dit, c’est toujours la confidentialité autour de cette maladie et c’est ce qui rend difficile aussi la lutte. Diakité Vous avez dit que les femmes sont à tous les niveaux du processus de l’agriculture. Est-ce que cela a nécessité une attention particulière du PASAOP ? Anguiné Oui parce que souvent il nous arrive de faire la segmentation de l’audience, c’est à dire cibler les femmes et leur donner l’information relative au VIH-Sida et leur expliquer aussi leur vulnérabilité, surtout par rapport au lévirat et au sororat qui sont des pratiques traditionnelles culturelles chez nous au Mali. Donc nous informons les femmes de faire beaucoup attention à cette pratique là, qui souvent peut être un facteur de propagation du VIH donc nous sensibilisons beaucoup les femmes dans ce domaine. Nous sensibilisons beaucoup les femmes aussi dans le domaine de l’excision et nous incitons beaucoup les femmes à faire beaucoup attention le lévirat, le sororat, l’excision et d’autres pratiques que nous faisons chez nous telles que le tatouage des gencives, percer les oreilles etc… Diakité Donc vous focalisez l’information sur la prévention des femmes au VIH ? Anguiné Tout à fait ! Nous, nous sommes un secteur agricole, nous ne sommes pas les spécialistes de la santé. Notre travail se limite seulement à la prévention. Diakité Mais souvent les femmes sont dans des situations où ce ne sont pas elles qui décident. Je veux dire qu’il faut aussi sensibiliser toute la communauté, les maris, les responsables de famille, les chefs religieux … Anguiné J’ai dit que tout le monde est informé mais puisque le problème de féminisation du VIH se pose, j’ai dit que souvent il nous arrive de faire la segmentation de l’audience mais cela n’exclue pas le fait que les hommes sont aussi informés puisque au Mali 90% des transmissions sont dues à la voie sexuelle. Donc si on parle de sexualité, on parle des deux, l’homme et la femme. Donc tous les deux sont informés. Mais on met un accent particulier sur la féminisation du VIH à cause de certaines pratiques traditionnelles qui sont exécutées par les femmes.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2005
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59751
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!