Culture ou cueillette ?

Culture ou cueillette ? CHAPEAU Il semble plus facile, moins fatigant et meilleur marché d’aller faire la cueillette des plantes médicinales dans la forêt ou dans la savane lorsqu’on en a besoin. Mais quand les plantes disparaissent, que faire ? Beaucoup de tradipraticiens commencent à admettre que la culture des plantes médicinales est la solution. Un moyen de cultiver les plantes médicinales à petite échelle consiste à créer des jardins botaniques. C’est ce que fait Jean-Marie Compaoré, tradipraticien et phytothérapeute burkinabé qui répond aux questions d'Adama Zongo. COMMENCEMENT DE LA BANDE: « J’ai commencé d'abord par les eucalyptus …» FIN DE LA BANDE : « ... arrivions à créer beaucoup de jardins botaniques.» DURÉE DE LA BANDE : 4’57 ANNONCE DE FIN: Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Compaoré J’ai commencé d’abord par les eucalyptus qui ont couvert tout l’espace, les trois hectares, et nous avons fait des apports d’essences exotiques, plus les autres essences qui étaient en voie de disparition. Zongo Alors quels objectifs poursuivez-vous à travers ce jardin botanique ? Compaoré Bon les objectifs c’est que ça me permet de partager mon expérience avec les autres qui viennent soit pour connaître les espèces, notamment l’Université de Ouagadougou, l’École Nationale de Santé de Ouagadougou… ils viennent pour identifier ces plantes-là et je leur donne des explications par rapport à l’utilisation de ces plantes. Donc, bon, il y a des techniques … Ces techniques, bon, permettent de ne pas déraciner carrément l’arbre comme nos aînés dans le temps qui partaient… l’essentiel était de pouvoir prendre la matière sans se soucier de la survie de la plante. Donc il y a des techniques pour prélever les écorces, pour prélever les racines, pour prélever les feuilles, les fleurs, les fruits. Il y a des techniques. Zongo Est-ce à dire qu' un jardin de plantes médicinales nourrit son propriétaire ? Compaoré C’est effectif : un jardin de plantes médicinales nourrit son propriétaire parce qu’en cultivant les plantes médicinales, les herbacées surtout, bon, on gagne mais c’est que nous n’avons pas d’eau. Autrement dit le peu que nous faisons en hivernage, ça nous permet d’avoir de bonnes plantes, des plantes de bonne qualité. Il y a aussi que ces plantes-là… vous avez par exemple le Guierra senegalensis, quand vous l’avez comme ça à l’état sauvage, c’est compliqué parce que si quelqu’un fait ses besoins, quelqu’un dépose à côté ou bien quelqu’un urine à côté, la plante n’est plus valable. On a cru que c’était une histoire empirique mais scientifiquement ça commence à se démontrer. Donc les plantes quand c’est cultivé, ça permet à ces plantes d’être dans des lieux propres et on récolte sans problèmes mais quand c’est au hasard qu’on va polluer ça, c’est un peu compliqué. Zongo Alors quelles réflexions faites-vous sur la culture des plantes médicinales comparée à la cueillette sauvage de celles-ci ? Compaoré Bon, effectivement quand on cultive les plantes médicinales, ça permet de sélectionner les espèces qu’on peut utiliser et en grande quantité. Par exemple quand vous voulez cultiver des ligneuses … bon les ligneuses sont surtout très difficiles …Quand vous prenez par exemple le Sacocephalus esculantus ou le Olarena olibunda ou le Tellosis ciborosa, ça prend du temps pour produire mais quand vous les cultivez, si vous faites des étendues… Par exemple je prendrai l’exemple du quinquina qu'on récoltait de façon sauvage et qui servait effectivement à fabriquer la quinine, bon ça c’est ailleurs mais ici par exemple on a aussi tenté des cultures comme le Cassia italica, quand on cultive ça alors on a des plantes de bonne qualité, on a ça suffisamment mais quand on va cueillir, c’est difficile d’avoir des peuplements de ces plantes-là tandis que quand on les cultive, on cible ce qu’on veut et on cultive beaucoup et ça peut suffire pour les besoins. Zongo Alors avez-vous un message à lancer à vos collègues qui n’ont pas peut-être eu l’idée d’entretenir un jardin botanique ? Compaoré Effectivement c’est notre souci le plus ardent : j’appartiens à une association, l’Association des Tradipraticiens dont je suis le Secrétaire Général et nous avons toujours demandé aux gens de cultiver ces plantes-là. C'est-à-dire qu’on ne peut partir toujours avec les grands moyens, on ne peut pas débuter avec trois hectares au départ mais même si c’est un demi-hectare, nous pouvons mettre par exemple les espèces en voie de disparition. Nous avons actuellement beaucoup d’espèces que les gens ont déterrées, des espèces qui poussaient dans le Plateau central ici et on ne peut plus les voir. Vous avez par exemple le « Ouienga », le Sacocephalus esculentes, vous avez le ficus, le genre de ficus sur qu’on appelle « Oumseaga », vous avez l’Ananas senegalensis qui ne pousse plus ici, le Securidaca longepedonculata. Donc s’il y avait des arboretums, des bosquets, j’allais dire des jardins botaniques… s’il y avait ça au moins ça permettrait aux tradipraticiens d’avoir ces plantes-là à leur disposition, de les faire connaître par les générations futures, et en même temps de lutter contre la désertification et de donner du sérieux, plus de sérieux à notre travail de tradipraticien parce qu'il y a des gens qui utilisent les plantes et qui ne les ont jamais vues ! Il y a effectivement les chercheurs aussi qui sont là et qui pourraient s’intéresser plus à notre travail quand c’est des jardins botaniques. Alors on ne peut pas toujours exploiter sans penser à produire, c’est mon vœu, c’est mon message que je lance, que chacun s’y mette et que nous arrivions à créer beaucoup de jardins botaniques. Fin de la bande.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2007
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59704
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