A quand le vaccin contre la Peste Porcine Africaine?

A quand le vaccin contre la Peste Porcine Africaine? CHAPEAU : La peste porcine africaine est comme toutes les autres pestes affectant le bétail une maladie très grave qui entraîne le plus souvent la mort des sujets affectés, en général 6 à 13 jours après contamination, au maximum dans les 20 jours. Etant donné la virulence de l’agent causal, un virus mutant qui affecte la résistance immunitaire de l’animal, la maladie a progressé au cours des 20 dernières années Aussi comme l’explique Emmanuel Albina, médecin vétérinaire et chef du service en virologie de Santé Animale du CIRAD de Montpellier, au micro de Laurence Lalanne, les chercheurs se concentrent donc maintenant sur la découverte d’un vaccin. DURÉE DE LA BANDE : 6’05 Albina La Peste Porcine Africaine est une maladie qui persiste depuis de nombreuses années en Afrique du sud et de l’est. Elle a cependant essaimé récemment à Madagascar en 98 et également en Afrique de l’ouest où elle a entraîné des épidémies très mortelles chez le porc. Lalanne Alors les symptômes c’est quoi ? Albina Alors on est dans le registre de la fièvre hémorragique … Les porcs montent très rapidement en hyperthermie, en fièvre et on peut avoir des sorties de type hémorragique avec par exemple de la diarrhée hémorragique ou des vomissements hémorragiques et c’est une maladie qui se traduit généralement par une mortalité à 100%. Lalanne Bon alors qu’est ce qu c’est ? C’est une bactérie, un virus, un microbe ? Qu’est ce que c’est ? Albina C’est une maladie qui est liée à un virus donc il n’existe aucun traitement de type antibiotique qui puisse être efficace sur cette maladie. Le seul moyen de prévention que l’on aurait éventuellement contre cette maladie, serait l’utilisation d’un vaccin préventif. Lalanne Bon alors on va parler de ce vaccin ou de cette absence de vaccin mais comment ça s’attrape ? Est-ce que c’est par contact ou … ? Albina Alors au départ c’est un virus qui est un parasite inoffensif entre les suidés sauvages c’est à dire phacochères, potamochères d’Afrique et un vecteur biologique donc une tique qui se nourrit sur ces animaux là. Le virus devient extrêmement pathogène quand il passe chez le porc domestique et ce passage peut se faire de différentes façons : Ça peut être lié à la tique si le porc domestique est mis en contact avec la tique. Ça peut être aussi, mais c’est plus rare, un contact avec des potamochères ou des phacochères infectés et enfin comme le virus est extrêmement résistant dans le milieu extérieur, un des modes de contagion le plus fréquent et notamment sur des grandes distances, c’est l’utilisation de déchets de viande de porc contaminée que l’on redonne à des porcs et ces porcs là peuvent s’infecter. Lalanne Vous, vous travaillez sur cette maladie et sur ce virus, alors qu’est ce que vous faites ? Albina Alors déjà pour travailler avec ce virus, étant donné son caractère extrêmement dangereux, nous devons disposer d’équipements de laboratoire très protégés de façon à éviter de … en multipliant le virus puisque lorsqu’on travaille sur le virus, on a besoin de le multiplier … Lalanne Mais ça ne passe pas à l’homme ? Albina Non alors j’ai oublié de le préciser, c’est un virus qui est spécifique des porcs donc il n’y a aucun risque pour l’homme. Donc ce virus doit être manipulé dans des conditions de protection de haut niveau et nous, notre principal investissement en recherche consiste à d’une part améliorer les outils de diagnostic mais surtout contribuer à la mise au point d’un vaccin puisque pour cette maladie là nous n’avons pas aujourd’hui de vaccins disponibles. Lalanne Alors on va peut être commencer par le vaccin. Pourquoi est ce qu’il n’y a pas de vaccin ? Est-ce que c’est parce que c’est très difficile ou c’est parce qu’il n’y a pas assez d’argent ? Albina La première raison c’est que c’est un virus qui, contrairement à d’autres, ne s’apprivoise pas si facilement que ça. C’est un virus qui a la capacité, outre d’infecter les animaux et de se multiplier pour son propre compte, il a la capacité d’agir sur le système immunitaire des animaux de façon à contrôler la réponse qui pourrait l’empêcher de se multiplier. Et d’autre part, il a la capacité aussi à faire varier ses déterminants antigéniques qui peuvent éventuellement servir à la protection. Lalanne C’est un mutant en quelque sorte ? Albina C’est un virus qui mute et c’est un virus qui contrôle les réponses immunitaires. Lalanne Alors qu’est ce que vous pouvez faire contre ça … parce que moi, quand j’entends ça, je pense au Sida, alors ça à rien à voir mais on est un peu sans défenses. Alors est ce que vous êtes sans défense par rapport à ça ? Albina Et bien nous avons été sans défenses depuis presque 30 ans parce qu’il y a eu 30 ans de recherches et je dirai, avec les outils classiques de mise au point des vaccins qu’on a eu ces 30 dernières années, il n’y avait pas de solution possible. Maintenant avec l’entrée en force des biotechnologies modernes, nous pouvons raisonnablement penser faire mieux que ce qui se passe dans les conditions naturelles c’est à dire que quand un virus infecte un anima, pas de réponse immunitaire, donc nous devons faire mieux que ce modèle d’infection là pour induire une réponse protectrice chez l’animal. Donc les travaux sur lesquels nous sommes lancés visent à développer des vaccins de nouvelle génération, issus des biotechnologies, qui permettront d’avoir … de stimuler ces réponses immunitaires. Lalanne Et quel espoir vous avez ? Enfin quand on parle à un chercheur, il a toujours de l’espoir mais c’est pour 5 ans, 10 ans, c’est pour un an ? Albina Compte tenu des difficultés que nous avons eu à travailler avec ce virus ces trente dernières années, je crois qu’il faut rester modeste et je pense que nous allons rencontrer de nouvelles difficultés techniques et nous nous inscrivons dans une perspective plutôt à dix ans pour avoir un outil qui soit vraiment validé et efficace sur le terrain. Lalanne Alors quand on parle de vaccins il y a évidemment une question de prix et d’accès. Alors est-ce que c’est réaliste ? Vous dites ça fait trente ans qu’on travaille dessus, il doit y avoir des sommes assez considérables qui ont été investies, est ce que ce vaccin va être très très cher ? Albina Le coût d’un vaccin ne sera pas directement lié à la masse d’argent qui a été mise jusqu'à présent sur la recherche autour de ce vaccin, Ce qui affecte le coût du vaccin c’est le type de vaccin qu’on utilise. Si on prend un vaccin de type atténué c’est à dire qu’on prend un virus, qu’on va lui débarrasser son pouvoir pathogène, c’est un virus qui continue à se multiplier tout seul en général, c’est facile à produire et ça ne coûte pas très cher. Par contre si on va élaborer un vaccin très sophistiqué à base d’une protéine qu’il va falloir exprimer avec des biotechnologies très coûteuses, pour le coup là, les doses de vaccin vont être très chères. Donc c’est aussi un challenge pour nous c’est à dire qu’il faut qu’on mette au point un vaccin efficace contre la PPA mais il faudrait aussi qu’on adopte un type de vaccin qui soit compatible avec des coûts raisonnables pour une utilisation sur le terrain.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2004
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59695
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