Un partenariat original entre la microfinance et les producteurs

Un partenariat original entre la microfinance et les producteurs Introduction suggérée La question de l’accès aux services financiers est cruciale pour les paysans mais les organisations paysannes sont confrontées à de réelles difficultés face à une offre financière inexistante ou prudente à leur égard. Pour faire face à cette situation de pénurie de l’offre, les organisations paysannes ont élaboré deux stratégies principales d’accès aux services financiers : soit elles offrent elles-mêmes le service de crédit, soient elles construisent un partenariat avec une institution de microfinance existante. C’est le cas au Cameroun où la CCI, Caisse communautaire de crédit, a signé plusieurs conventions avec des paysans en vue de l’achat d’intrants. Les seuls mécanismes existants jusqu'à présent pour le financement des intrants sont en effet peu viables (fonds de roulement, banques d’intrants, crédit de campagne agricole…) ou sont usuriers comme les prêts accordés à des taux élevés de 50 à 100 %. Ces crédits contribuent à l’endettement et à la paupérisation du producteur. Il s’agissait donc de trouver une autre solution comme l’explique le directeur de la CCI, Monsieur Hamadou Bouba, au micro de Charles N’forgang. Début de la bande : «Tout part d’une convention qu’on signe… » Fin de la bande : «… besoin des financements orientés dans le secteur social. » Durée de la bande : 7’35 Annonce de fin : Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Bouba Tout part d’une convention qu’on signe avec une commune, donc ces paysans ou alors ce groupe de paysans est identifié et après son identification, il est répertorié, il est fiché et il peut donc bénéficier de notre appui dans le domaine des microcrédits. N’forgang Oui, dans la présente espèce, vous avez appuyé quelle catégorie de producteurs ? Bouba Dans la présente espèce, nous avons appuyé des producteurs de maïs. N’forgang Oui, comment est-ce que cela s’est passé ? Est-ce qu'ils s’étaient constitués en groupe de producteurs ou l’appui s’est-il fait de manière individuelle ? Bouba Donc l’appui s’est fait au niveau de chaque famille parce que la vraie agriculture de développement est une agriculture familiale. Ça veut dire que le microcrédit est octroyé à une famille qui dispose d’un hectare de terrain aménagé et mis à la disposition du processus. N’forgang En quoi consiste ce microcrédit-là ? Est-ce de la semence ou de l’argent frais qu’on met à la disposition des paysans ? Bouba On ne met pas de l’argent, des espèces, entre les mains des paysans, on leur donne plutôt des intrants. Donc ça règle un certain nombre de problèmes parce qu’on s’est rendu compte que dans certains programmes, on donne de l’argent et puis le paysan va faire autre chose. Alors on a dit, non, il vaut mieux donner au paysan des intrants en fonction de son hectare, en fonction de l’espace disponible. Donc en l’occurrence, pour le maïs, il s’agissait de remettre vingt kilogrammes de semences à chaque famille qui disposait d’un hectare de terrain. N’forgang Et comment se passe la récolte ? Bouba Donc, disons que comme la première année nous avons dit que nous allons travailler de manière endogène, ça veut dire que nous allons améliorer la qualité de sa semence et nous allons améliorer sa technique culturale. Donc ce processus endogène nous amène à dire aux paysans que vous allez récolter comme par le passé. Ça veut dire que vous allez vous occuper de la récolte, vous allez égrainer, vous allez sécher ; on leur distribue encore des sacs mais sinon ils sèchent de manière traditionnelle comme ils le faisaient par le passé, en se disant que bon, à la deuxième phase, on va peut-être passer à l’amélioration des intrants, à l’augmentation des intrants tels que les engrais ou les pesticides, ainsi de suite et autres et puis construire des cribs pour leur permettre de sécher et tout ça. Mais pour la première phase le système est vraiment endogène. N’forgang Une fois que ce maïs est récolté, comment se passe la commercialisation ? Bouba Donc la CCI encore … en utilisant ce que nous appelons les approches collaboratrices de développement centralisé participatives qui consistent à mettre un ensemble d’acteurs ensemble, la CCI contacte un opérateur économique qui accepte déjà de préfinancer la commercialisation, c'est-à-dire qui achète sur le terrain et qui revend à une autre structure. N’forgang Et quels sont les avantages pour les producteurs ? Bouba Bon pour le producteur, le premier avantage c’est déjà l’assurance que son produit sera vendu parce qu’on dit généralement « pour produire, il faut vendre ». Or la CCI, en l’insérant dans un processus de développement durable, lui a déjà trouvé un marché donc ça veut dire qu’il est déjà sûr que tout ce qu’il va produire, il va le vendre. Ça c’est le premier avantage. Le deuxième avantage c’est qu’il bénéficie d’une assistance pointue et assidue, que ce soit dans le domaine de son organisation personnelle ou dans le domaine du microcrédit ; cela pour dire que bon, lorsque la CCI va vers lui, il est déjà certain que sa vie va changer parce qu'on lui apporte ce qu’il a toujours recherché : les moyens de booster sa production. N’forgang Qu’est-ce que la CCI gagne dans ce type de partenariat ? Bouba Bon… en fait pour la CCI, c’est déjà des clients parce que la CCI fabrique sa clientèle. Donc au lieu de rester à attendre les clients sur place, non, la CCI crée des clients. Donc en fait pour la CCI c’est un système de distribution de microcrédits parce que l’objet premier d’une structure financière comme celle-ci, c’est la distribution des microcrédits. Or pour éviter les crédits impayés, des processus compliqués en zone urbaine peut-être, on s’est dit, pourquoi ne pas créer notre propre clientèle avec qui nous avons au moins une garantie de remboursement à 97% voire 99% ? N’forgang Oui, c’est là que je voulais en venir, est-ce qu’il y a une véritable souplesse au niveau des remboursements et au niveau des taux d’intérêts et est-ce que ces taux sont véritablement à la portée des paysans ? Bouba Oui, ces taux sont à la portée des paysans puisque les taux que nous appliquons, que nous avons appliqués pour la première année étaient de 2,5% par mois. Est-ce que c’est à la portée du paysan ? Pour l’instant, il n’y a pas mieux sur le terrain mais si nous avions un prêt ou un financement modéré ou dérisoire, on l’appliquerait sur le terrain. Mon objectif c’est de ramener le taux à un 1,5% tous les mois puisqu'il s'agit de microcrédits cycliques. Donc ils peuvent être renouvelés une, deux, trois fois par an. Donc c’est circonscrit dans le temps et dans l’espace et je me dis, le prix est compétitif. N’forgang Oui, est-ce qu’un tel partenariat, un tel appui peut également s’étendre à d’autres produits à l’instar des produits de rente tels que le café et le cacao ? Bouba Oui, en fait nous venons de signer une convention avec une fédération de producteurs de cacao pour essayer d’étendre l’expérience à ce type de produits parce que dans la zone, c’est vrai, nous avons financé le maïs, mais les premières cultures dans la zone restent le cacao et le café. Et nous allons étendre le même processus à d’autres types de cultures : nous pensons aux arachides, à booster la production du coton, des produits comme les oignons, le haricot. Donc voilà à peu près les cultures que nous ciblons en zone septentrionale. N’forgang Votre établissement de microfinance, la CCI, s’adapte aujourd’hui aux besoins des populations. Quels sont généralement les besoins des paysans, des producteurs que vous appuyez ? Bouba Bon, les besoins des paysans, c’est de plus en plus des microcrédits et des microcrédits diversifiés. C'est-à-dire que le paysan s’attend à … si lors d’une campagne agricole, il est financé au niveau du maïs, il s’attend à être financé au niveau du cacao, il s’attend à être financé pour le bananier-plantain ; donc on a constaté au bout d’un cycle de financement qu'il tend maintenant à dire, bon, voilà, j’ai besoin par exemple du microcrédit pour le téléphone. Donc comme ils ont le réseau au village, ils vous disent, on a besoin du microcrédit pour le téléphone, est-ce que vous ne pouvez pas nous l’accorder, comme ça vous allez prélever à la fin du processus ou à la fin d’un cycle de microcrédit. Donc ils ont besoin de financements orientés vers le secteur productif et ils ont besoin de financements orientés vers le secteur social. Fin de la bande

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2008
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59660
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