Bénin: L’érosion côtière provoquée par les changements climatiques naturels, gravement aggravée par l’action de l’homme
CHAPEAU Au Bénin comme au Togo, pays côtiers ou les précipitations sont traditionnellement trés élevées, les pluies diminuent pourtant d’année en année. Mais parallèlement, à cause du réchauffement global, le niveau de la mer monte et les côtes béninoises subissent une érosion grave : la mer fait de tels ravages qu’elle engloutit prés de 20 mètres de côte chaque année. Mais les changements climatiques naturels ne sont pas les seuls responsables comme le prouve ce reportage de Euloge Aidasso à Cotonou. DUREE DE LA BANDE 5’35” Studio Depuis des années, Urbain Karim da Silva, propriétaire du complexe hôtelier de Eldorado Beach Club situé sur la plage de Cotonou, lutte contre l’érosion côtière pour pouvoir sauver son installation. Il a ainsi dépensé une fortune pour élever des épis destinés à lutter contre la houle destructrice. Ecoutons son témoignage Da Silva L’érosion a creusé, a fait malgré mes investissements, une presqu’île actuellement. L’eau a failli nous contourner entièrement … si ce n’est que les épis que j’ai constitués, la défense que j’ai constituée pour parer à cette catastrophe. Aidasso Quand vous parlez d’investissements, vous parlez de quoi ? Da Silva Je parle de la protection, des protections que j’ai réalisées : J’ai dû depuis 1985 mettre, en gabions, onze épis qui ont duré 4,5 a 6 ans parce qu’ils n’étaient pas faits pour durer longtemps : les autorités nous avaient fait comprendre à l’époque que ils allaient entreprendre des grands travaux dans un an, dans deux ans, dans trois ans …ainsi de suite si bien que ce que nous avons fait, qui devait nous permettre de résister un bout de temps a fini par être éternel mais comme ça ne pouvait pas s’éterniser, la mer a eu raison sur toutes les défenses là. Studio Mais cette érosion ne menace pas que les complexes hôteliers situés sur la côte, elle menace aussi tout le système écologique lagunaire et donc bien entendu les populations qui y vivent. Mais pourquoi ces changements spectaculaires ? La réponse de Constant Houndenoun, climatologue et enseignant chercheur à la faculté de Abomey Calavi. Houndenoun Les causes de l’érosion côtière sont de deux ordres : Distinguons les causes naturelles et les causes anthropiques. Les causes naturelles sont beaucoup liées à la variation du climat ou aux changements climatiques qui s’observent depuis un certain moment et qui sont caractérisés par la montée des eaux et plus il y a réchauffement climatique, il y aura dilatation de l’hydrosphère, l’hydrosphère qui a son tour va à un certain moment transgresser vers les côtes. Or la côte béninoise est constituée uniquement de sable et beaucoup plus fragilisée. Voilà une des causes naturelles qui sont beaucoup plus liées à la variation du niveau marin amplifiée par la forte dénivellation du littoral que nous observons sur notre côte au Bénin et qui est amplifié par la houle. Aidasso Abordons maintenant la deuxième catégorie de causes. Houndenoun Et bien, la deuxième catégorie est liée beaucoup plus comme je l’ai dit entre temps à l’effet anthropique qui ici s’est manifesté par la création des deux ports, à savoir le port de Lomé qui est situé beaucoup plus à l’ouest et le port de Cotonou qui est situé à l’est. Et en remontant plus loin, il y a également le barrage de Nangbeto et qui en principe perturbe tout ce qui se passe dans la vallée du fleuve Mono et qui fragilise la côte par rapport au bilan sédimentaire et au stock qui devait stabiliser et garder la côte en permanente stabilité. Aidasso Mais est ce qu’à cause de l’érosion côtière, on ne devrait pas avoir de ports ? Houndenoun Ce n’est pas parce qu’on a l’érosion côtière qu’on ne devrait pas avoir de ports mais le tout dépend d’une politique d’aménagement qui pourra limiter l’action des vagues et c’est ce qui fait qu’à un certain moment, les autorités avaient compris et ils ont mis ce qu’on appelle les épis pour limiter l’effet de la vague. Mais un fois en aval ça peut engendrer une transgression et une alimentation en matière de piégeage de sédiments alors que de l’autre coté on sera en déficit sédimentaire de sable. Aidasso Mais toujours dans la catégorie des causes, est ce qu’il n’y a pas des causes dues aux actions de l’homme ? Houndenoun Oui justement les causes dues aux actions de l’homme, c’est que donc au niveau de notre côte, la côte est restée fragilisée beaucoup plus par la destruction des mangroves qui avec leurs racines peuvent stabiliser la côte. Aidasso Maintenant l’érosion côtière, ses manifestations ? Quand on dit érosion côtière, comment cela se sent il réellement ? Houndenoun Vous allez voir que toute la route, la route inter-états à savoir Cotonou-Lomé, elle a été déviée du coté togolais et cette route maintenant qui a été rénovée parce que la mer a avancé sur le continent. Donc on a des conséquences sur les infrastructures de transport et en même temps les populations littorales qui se sont installées seront obligées de migrer. Donc de ce point de vue, nous avons les activités économiques qui seront paralysées, l’agriculture qui sera également en recul, a savoir même l’activité même de pêche … hein, nous constatons une certaine conséquence sur la biodiversité des régions estuariennes, les activités sont en net recul et sachant que notre pays est signataire des accords de la CDEAO, il faut une politique d’intégration régionale parce que le phénomène climatique n’a pas de limites. Aidasso Ça veut dire que la lutte doit être commune mais est ce que des dispositions sont prises dans ce sens là ? Houndenoun Absolument la lutte doit être commune et justement dans le programme d’action du gouvernement, on constate que c’est pris en compte mais les budgets qui y sont alloués, les budgets restent nettement insuffisants. Il faut une politique d’intégration économique et régionale et cette politique dépendra de la volonté politique de tous les états impliqués et qui sont situés sur le golfe de Guinée.
| Main Author: | |
|---|---|
| Format: | Audio biblioteca |
| Language: | French |
| Published: |
Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
2003
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| Online Access: | https://hdl.handle.net/10568/59629 |
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