Les séchoirs solaires sont-il vraiment la panacée?

«Les séchoirs solaires sont-ils vraiment la panacée?» Introduction suggérée Les bienfaits des séchoirs solaires sont multiples : plus grande capacité de séchage, meilleure hygiène, énergie gratuite et abondante en Afrique. Cependant ils ont été introduits un peu à tort et à travers et on a vu de nombreux cas de groupements de femmes qui se sont endettés pour acheter un séchoir solaire pour en fait se retrouver quelques mois plus tard avec un «éléphant blanc» de plus. Les séchoirs solaires ne sont en effet pas forcément une panacée. Non seulement ils ont des inconvénients mais en plus il existe des obstacles non négligeables qui peuvent entraver leur développement. C’est ce qu’explique Fogué Koudahou, ingénieur en technologie de la conservation alimentaire au micro d'Adama Zongo à Ouagadougou. Début de l’élément: «Sur le plan technologique, je dirais que le séchage solaire a pour …» Fin de l’élément: «…vous ne pouvez même pas vendre vos produits nulle part.» Durée: 5’16 Annonce de fin: Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Koudahou Sur le plan technologique, je dirais que le séchage solaire a pour inconvénient d’abord, s’il s’agit du séchage solaire direct qui est de moins en moins pratiqué d’ailleurs, de diriger les rayons solaires directement sur le produit, ce qui peut donc contribuer à dégrader partiellement un certain nombre de vitamines. L’autre inconvénient c’est l’aspect hygiène. Vous savez, lorsqu’on veut sécher au soleil et s’il s’agit du système solaire direct, vous n’avez pas le choix que d’exposer le produit au soleil. Même si vous couvrez de films plastiques ultra-violets, le séchage c’est une combinaison de la chaleur et de la ventilation. Alors la chaleur, vous pouvez capter ça et la piéger dans des films plastiques traités mais l’air… vous ne pouvez pas faire autrement que de laisser des aérations, des entrées d’air et des sorties d’air. Et donc lorsque le produit est exposé au solaire donc dehors, alors à travers les aérations il y a la poussière, il y a les mouches : quand vous sortez avec le produit pour le mettre dans un séchoir, vous ne pouvez pas empêcher les mouches de se déposer dessus, ce qui fait que les microbes qui se déposent sont des éléments à risque pour votre produit. L’autre inconvénient aussi c’est le temps de séchage : le solaire c’est vrai qu'il est gratuit mais il y a le temps qu’on met, on ne peut pas le contrôler. Le matin le soleil est là, entre temps il y a des nuages qui bloquent le soleil et le soir le soleil rentre. A ce moment, même si vous avez des produits à haute teneur en eau, votre produit va rester sans soleil pendant toute la nuit et pendant cette période-là, il ya des risques de moisissures. Zongo Il va sans dire que certaines barrières semblent se dresser contre le développement des séchoirs solaires, notamment la formation des utilisateurs : qu’en dites-vous? Koudahou Les utilisateurs, la plupart comme je le dis, sont des femmes donc les opérations technologiques qui sont donc des opérations de triage, de découpage, d’épluchage… Ce n’est pas ça le problème, il faut leur donner… les accompagner un peu et puis, tout de suite, elles maîtrisent la technique. Maintenant c’est l’outil, en fait c’est la maîtrise aussi de l’outil qui souvent peut poser problème. Toutes les notions des bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication, c’est là où se trouve le maillon faible et où il faut mettre l’accent parce que ces bonnes habitudes-là manquent souvent. Zongo Mais est-ce que le manque d’accès au crédit n’est pas un facteur limitant dans le développement justement de ces séchoirs solaires? Koudahou Ça c’est un problème depuis longtemps, pas seulement dans le séchage mais dans toutes les activités, il y a le problème du crédit : on vous dit qu'il y a les moyens, il ya telle ou telle institution qui donne de l’argent pour telle ou telle activité mais quand vous arrivez c’est clair que pour accéder à ce crédit-là, les conditions sont très difficiles pour les gens. Les petits crédits qu’on donne c’est du saupoudrage qui ne permet pas un vrai développement. Zongo Mais est-ce que ces conditions-là ne font pas que les utilisateurs ou les éventuels utilisateurs retournent vers des séchoirs artisanaux qui ont une production limitée? Koudahou En fait même généralement les gens abandonnent ! Les gens abandonnent parce que nous avons toujours formé les gens, quand on dit il y a une formation, les gens viennent au niveau national et au niveau international, on a toujours des gens qui viennent pour les formations mais l’après-formation je peux dire que c’est peut-être 10% qui ont reçu la formation et qui s’installent. Mais paradoxalement il y a des gens qui n’ont pas eu de formation et on les voit qui s’installent… et ils n’ont même pas de formation ! Le problème c’est quoi ? Il y a des gens qui, comme on le dit, ont le bras long dans les institutions, au niveau de l’Etat et on les recommande pour les banques ou des institutions de financement, on leur donne l’argent pour qu’ils s’installent… souvent ils ne maitrisent même pas l’activité. Et ceux qui ont fait la formation n’ont pas les vrais moyens donc ces gars sont obligés de laisser tomber parce que faire un retour au séchage traditionnel ça ne paye pas. On a exporté cette année autour de 500 tonnes de mangues séchées et l’exportation c’est l’Europe, c’est les européens qui achètent et donc il y a un certain nombre de conditions d’hygiène, des normes, qui sont donc les normes européennes qui sont appliquées au produit. Et donc on ne peut pas les respecter avec un système artisanal… vous ne pouvez même pas vendre vos produits nulle part. Fin de la bande

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2008
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59602
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