Les fleurs coupées : un marché en pleine expansion mais qui nécessite un investissement initial important.

Les fleurs coupées CHAPEAU Une des cultures à plus haute valeur commerciale sont les fleurs, cultivées soit pour le marché local soit pour l’exportation. Il peut s’agir de fleurs exotiques ou de fleurs d’origine européenne mais arrivant sur le marché européen hors-saison, en faisant donc un produit particulièrement recherché. C’est un marché en pleine expansion mais qui, dû à la fragilité et au caractère hautement périssable du produit, a de grosses contraintes comme l’explique Kaptué Jules, directeur de « Florissima », une entreprise d’exportation de fleurs basée à Douala au Cameroun au micro de Blandine Kanga. DURÉE DE LA BANDE : 5’53 Kaptue Florissima fait dans deux types de fleurs : il y a ce que nous appelons fleurs tropicales, diversifiées et fleurs coupées tempérées. Donc nous avons donc des glaïeuls, des roses, des lys et des œillets. A côté de la fleur coupée tempérée, nous faisons dans la fleur coupée tropicale diversifiée, rose de porcelaine, les éliconias divers et les autres gingerbéracées. Kanga Qui consomment les fleurs tropicales ? Kaptue Disons qu’au niveau de Douala, c’est un peu varié, nous avons des blancs qui en prennent un peu et nos sœurs noirs, elles s’y intéressent quand même un peu aussi. Et ces fleurs tropicales sont beaucoup plus utilisées pour les deuils, pour les décorations du mariage et même souvent pour agrémenter les bureaux, dans les services. Kanga Votre marché, il ne s’arrête pas à Douala au Cameroun, je suppose que vous avez un marché plus vaste que celui là ? Kaptue Disons que pour l’instant, on a un marché timide sur Rungis : nous avons donc un partenaire qui à la carte nous commande la fleur tropicale coupée avec du feuillage tropical. Et à côté de ce client de Rungis, on a aussi un marché un peu timide dans la sous région : Afrique centrale, plus précisément à Libreville. Pour ce qui est de la fleur coupée tempérée, la vente est beaucoup plus locale, donc Douala et Yaoundé. Kanga Est ce qu’on peut dire que votre secteur d’activité est un secteur porteur ? Kaptue Quand vous voyez au niveau du marché des fleurs, le nombre des petits revendeurs, de petits fleuristes qui sont au marché des fleurs, vous comprenez quand même, que le domaine des fleurs c’est un domaine porteur et quand vous voyez le nombre de producteurs même dans le littoral actuellement, le nombre ne fait que s’accroître et si ça s’accroît ça veut dire que les gens trouvent quand même leur compte. Sinon ils ne se seraient pas lancés dans la culture des fleurs. Kanga Ok, Monsieur Kaptué, si un paysan se décide comme ça de se lancer dans le secteur, qu’est ce qu’il lui faut comme minimum ? Kaptue Ok je travaille sur un exemple, je prends le cas de la Rose de Porcelaine, on pourrait évaluer pour un hectare, prévoir à peu près 300 000 Fcfa, non compris l’acquisition du terrain, non compris les travaux de préparation du terrain parce qu’il faut savoir qu’il faut défricher, il faut désherber et ainsi de suite, dont 300 000 Fcfa c’est juste pour l’achat des boutures plus la trouhaison et le planting. Kanga Maintenant parlons des difficultés que vous rencontrez dans cette activité. Kaptue Disons que les difficultés se retrouvent à plusieurs niveaux, en commençant par la production, la production elle-même. Au niveau donc des fleurs tempérées, la première difficulté c’est l’acquisition des semences : toutes nos semences sont importées de la Hollande, donc ça nécessite dont des gros frais, beaucoup d’argent pour achat, transport, la douane et autour de ça c’est des fleurs pour la plupart qui ont une durée de vie limitée. Ce qui veut donc dire quoi ! Je prends par exemple le cas de glaïeuls, quand vous achetez une semence de glaïeuls dont la semence ressemble aux oignons, une semence égale une fleur. Donc si jamais vous ne réussissez pas à produire votre fleur, vous avez tout perdu. C’est le même cas pour les œillets. Les œillets cela a une durée de vie maximum de deux ans et après deux ans il faut renouveler, et les roses, bien suivies, avec un peu de chance, il faut compter entre sept et dix ans. C’est des fleurs assez fragiles, donc les maladies qui les attaquent, on ne trouve pas toujours sur place des bons produits, il faut souvent dans la plupart du temps, importer les produits phytosanitaires spécifiques, par exemple pour les rosiers, ils font automatiquement du mildiou, de l’iridium, surtout de l’iridium, donc çà c’est une difficulté, donc au niveau du traitement, on n’a pas toujours les produits spécifiques. Au niveau de la culture proprement dite, tant qu’on a de l’eau, on dit que l’eau c’est la vie, pour le faire, il faut disposer d’un point d’eau qui ne tarit pas. Donc l’eau pour nous est une grosse difficulté surtout avec les coupures SNEC. La facture d’eau c’est vrai qu’elle est élevée mais le plus gros problème, c’est les coupures d’eau et quand il y a coupure, la production ne suit pas. Kanga Quelles difficultés, quels problèmes vous avez, liés à l’exportation ? Kaptue Ok pour l’export, comme j’ai dit tantôt, on a un client sur Rungis et notre objectif, ce serait avoir deux, trois, quatre clients fidélisés sur l’Europe. Kanga Mais qu’est ce qui fait problème ? Pourquoi jusqu’aujourd’hui ce n’est qu’un client que vous avez ? Kaptue Ok, ce qui fait problème, je crois c’est la communication et participer aux différentes foires tout comme celle qui vient de se passer dernièrement à Angers, le salon du végétal, donc participer à ce genre de rencontre de meeting afin de rencontrer des partenaires qui peuvent mieux nous aider dans l’écoulement de nos produits. Mais l’essentiel n’est pas d’assister à des séminaires et trouver des partenaires, il faut être sûr qu’après avoir expédié sa marchandise, qu’on soit réglé dans les 90 jours. Mais qu’est ce que certains clients font ? Quand la marchandise arrive, ils vous téléphonent, vous envoient le fax pour dire que c’est arrivé abîmé, donc il va payer plutôt la moitié de la facture et là ça ne rentre pas dans ses frais. Il y a également d’autres clients qui viennent, ils vous demandent : « Envoyez-moi la marchandise tel jour » vous n’êtes pas sûr que vous serez réglé, vous n’êtes pas du tout sûr. Kanga Peut-on dire que malgré l’ensemble de ces difficultés donc nous avons fait le tour, ça vaut quand même la peine de mener une affaire dans le secteur ? Kaptue Je crois que la fleur nourrie son homme et va nourrir son homme.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2005
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59581
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