Les champignons : une culture facile et bon marché, à laquelle

Les champignons CHAPEAU Depuis des temps immémoriaux, les paysans en Afrique comme ailleurs, mangent des champignons. Cependant les champignons, cueillis dans la nature, sont considérés comme un condiment de haute qualité et uniquement utilisés dans les festins. Mais beaucoup de variétés comestibles peuvent se cultiver sans grande difficulté et sans grand investissement initial : en effet les champignons se présentent en deux parties d’abord un appareil végétatif souterrain appelé mycélium et puis une partie visible constituée du pied, de l’anneau et du chapeau avec les lamelles sur lesquelles se trouvent les sacs de spores. La multiplication des champignons se fait par diffusion des spores ou par ensemencement d’un substrat avec du mycélium. La culture des Champignons est donc, potentiellement, une activité génératrice de revenus, en particulier pour les femmes. C’est en tous cas ce qu’estime Jean Claude Codjia, professeur à la faculté de sciences agronomiques de Calavi au Bénin et fondateur de l‘ONG « CECODI » le Centre d' Economie et de Développement Intègre, une ONG qui s’occupe de promouvoir les ressources locales endogènes, notamment en matière d'alimentation. Il répond aux questions de Euloge Aidasso. DURÉE DE LA BANDE : 5’01 Codjia On s’intéresse de façon générale aux ressources endogènes mais plus précisément aux champignons. Bon, pourquoi le champignon ? Le champignon fait partie des ressources qui sont connues au Bénin et pour lesquelles les populations ont accumulé toute une expérience séculaire. C’est une ressource qui est consommée partout au Bénin mais qui malheureusement est en régression, dans la mesure où ces ressources poussent en forêt et les forêts sont en régression au Bénin en raison des actions qui sont liées à la destruction du milieu, qui sont liées à l’utilisation des pesticides. Mais il faut reconnaître également que le champignon est une ressource alimentaire de grande réputation, très connue en Asie, très peu valorisée en Afrique. Nous avions estimé que la valorisation du champignon permettrait non seulement de valoriser les connaissances qui existent déjà, mais aussi de créer un potentiel économique pour les populations rurales puisqu’en fait les champignons sont ramassés en milieu forestier mais il se fait que la technique de production est assez légère, c’est une technique qui peut s’implanter partout. Et par rapport à ça, nous avons estimé qu’il était bon que de valoriser cette ressource, en tenant compte donc des potentialités qui existent déjà et qui permettrait donc d’augmenter le savoir-faire, de renforcer le savoir-faire des communautés rurales. Voilà précisément ce qui nous a amené à choisir le champignon qui a un marché. Nous pensons que le marché du champignon est assez vaste à travers le monde. Aidasso Mais le marché assez vaste, est ce à dire que l’offre est supérieure… non la demande est plus forte que l’offre au Bénin ? Codjia Oui au niveau du Bénin, il faut reconnaître que la demande existe hein, elle est réelle, une étude de marché seulement dans deux villes du Bénin, Cotonou et Calavi, a montré que la demande annuelle était autour de 318 tonnes, voyez-vous … Actuellement l’offre est à moins de 20 tonnes, pour tout le Bénin. Et quand vous faites une étude de marché à l’échelle nationale, vous allez vous situer autour de 3000 tonnes. Vous voyez donc la différence par rapport à la demande qui est autour de 3000 tonnes pour le Bénin, par rapport à une offre qui est autour de 20 tonnes, on comprend qu’effectivement il existe réellement des potentialités économiques qu’il faut saisir. Aujourd’hui on parle de chômage. Moi je dis toujours le chômage est une aberration : voilà un créneau qui est là, qui est porteur. CECODI fait suffisamment d’efforts pour promouvoir la commercialisation parce que …bon …le problème de notre agriculture, c’est souvent le manque de débouchés en matière de commercialisation. Nous, nous avons dit qu’il faudrait créer une dynamique commerciale en faisant de manière à reprendre la production sur les femmes et à remettre cette production sur le marché. Mais au même moment on doit pouvoir donner des capacités aux femmes … Faudrait pas que les femmes soient complètement indépendantes parce que nous en tant que CECODI, on est une institution de recherche et de développement, on n’est pas une institution de commercialisation et par rapport à ça nous voulions que les femmes arrivent à avoir des capacités elles-mêmes de négociation, de mise sur le marché, de leurs produits. Donc nous essayons de négocier avec les distributeurs qui vont prendre la relève de CECODI, voyez-vous ? On ne voudrait pas que les femmes soient complètement dépendantes, il faudrait qu’elles-mêmes arrivent à s’activer, à s’organiser, pour rechercher le marché. C’est pourquoi nous avons dit sur trois fois, nous prenons deux fois, ce qui est déjà largement positif, et elles doivent se débrouiller une fois pour rechercher leurs propres marchés. Je pense que ceci devait pouvoir leur donner des capacités réelles … Faudrait éviter que notre agriculture, que les producteurs soient complètement dépendants, il faut pouvoir que ces producteurs et productrices soient en mesure d’aller rechercher elles-mêmes le marché. Et nous, nous les aidons à le faire puisque nous faisons du marketing assez agressif pour leur permettre donc de créer le marché. Nous essayons donc de contacter des consommateurs, des distributeurs pour que ces consommateurs et distributeurs soient en contact avec les femmes. Je pense qu’à ce niveau, ce n’est pas un problème, c’est plutôt une action qui est bien réfléchie et qui nous permettra, à terme, de développer la filière. Aidasso Vous arrivez à les soutenir sur le plan technique en leur donnant la semence ? Codjia Disons que par rapport à ça, nous avons fait beaucoup puisque les semences … nous avons un laboratoire de microbiologie où nous produisons les semences, ces semences sont mises à la disposition des femmes et nous avons même beaucoup fait parce que nous subventionnions et nous continuons à subventionner ces semences pour amener les femmes effectivement à avoir des facilités pour développer l’activité. Donc les semences sont produites ici et sont mises à disposition à crédit. Vous voyez, nous mettons les semences à crédit aux femmes. Même les substrats, le matériel qui permet donc de produire … notamment les raves de palmiers à huile, nous les achetons, au niveau des usines, notamment de l’usine de Nimbi et nous mettons cela également, sous forme de crédit aux femmes. Donc je pense que nous essayons donc de faire ce qui est possible et ce qui est de notre ressort, ce qu’on peut faire réellement mais nous estimons que les femmes elles-mêmes doivent faire des efforts.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2005
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59575
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