Le traitement des semences avant de planter

Le traitement des semences avant de planter CHAPEAU Au moment des semailles, le paysan récupère la semence provenant de la récolte précédente qu’il a bien conservée et stockée selon les méthodes qu’il connaît ou qu’il a apprises mais sa tâche n’est cependant pas terminée car la semence doit subir certains traitements avant d’être mise en terre. Il s’agit ici de la question relativement controversée de l’emploi des pesticides. Hounpé Emmanuel chef de la protection des végétaux et spécialiste du traitement des semences au CERPA Atlantique au Bénin nous donne quelques détails au micro de Euloge Aidasso. COMMENCEMENT DE LA BANDE : «Traitement des semences veut dire …» FIN DE LA BANDE : « … ça n’a pas d’inconvénients.» DURÉE DE LA BANDE : 6’29 ANNONCE DE FIN : Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Hounpé Traitement des semences veut dire apporter des pesticides sur une semence avant de la semer. Aidasso Quels en sont les avantages ? Hounpé Si vous ne traitez pas, la semence que vous mettez en terre, il ya des insectes qui sont dans le sol, les insectes agricoles tels que les termites, les fourmis et les champignons, qui sont en mesure de détruire ce que vous avez mis en terre. Et puis il y a les oiseaux granivores aussi qui viennent piquer. Il y a aussi les rats qui vont déterrer les semences. Par exemple si on prend le maïs, il faut 62 500 plants à l’hectare or si vous ne traitez pas votre semence et la levée n’est pas homogène, vous risquez d’avoir un champ hétérogène. Aidasso Donc c’est pour lutter contre l’infestation d’insectes ? Hounpé Oui … et contre l’attaque d’oiseaux et de rats, qu’il faut traiter la semence. Aidasso Et sur le plan environnemental, est-ce-que cela a des avantages ? Hounpé Ca a des avantages et ça a des inconvénients. C’est pourquoi aujourd’hui les produits que nous utilisons sont des produits biodégradables. Ce ne sont pas des produits qui ont des rémanences très longues : au bout d’une semaine, l’effet est déjà parti. Aidasso On parle souvent de traitement à l’Endosulfan. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça se passe? Hounpé Le produit que vous venez de citer, l’Endosulfan, est un produit que moi je déteste. Aidasso Vous le détestez, pourquoi ? Hounpé Parce que ça fait partie des organochlorés. Moi je préfère les produits à base d’organophosphorés. Les produits à base d’organophosphorés ont des rémanences très courtes : au bout d’une semaine, au bout de quinze jours, vous pouvez réutiliser ce produit mais les produits à base d’organochlorés, tels que l’Endosulfan, ont des rémanences de plus de trente jours, parfois même cent jours. Donc si vous utilisez ce produit là, ça reste dans les tissus des organes traités pendant cent jours, même parfois pendant trois cent jours. Aidasso Ça veut dire que ce produit peut entrer dans l’alimentation, après ? Hounpé Oui! Aidasso Après la récolte, c’est ça ? Hounpé Mais c’est ça ! On peut utiliser d’autres produits plus simples… Aidasso Alors vous parlez de produits, quels sont ces produits qui ont moins de risques ? Hounpé Nous avons des produits organophosphorés qui ont des rémanences très faibles … Aidasso Oui comme quel produit ? Hounpé Comme D6, comme la Dimétoate, les produits comme Sofagrain pour conserver le maïs. Ce sont des produits très simples qu’on peut utiliser et consommer au bout de deux semaines. Aidasso Alors par rapport à ces conseils, quelles sont les mesures à prendre pour limiter les dégâts ? Hounpé Les paysans disent qu’ils n’ont pas d’argent pour acheter les produits et ce n’est pas en leur parlant qu’ils vont trouver une solution à leurs problèmes. Donc moi je propose que, dans des cas pareils, l’état puisse subventionner les produits recommandés ou bien on fait des crédits aux producteurs. Aidasso Mais puisque certains d’entre eux utilisent ces produits hautement toxiques et continueront peut être à le faire, on est déjà mis devant le fait accompli et en tant que technicien, il faudrait quand même qu’on ait des conseils de vous! Quelles sont les petites précautions à prendre ? Hounpé Non ! Ce n’est pas l’essentiel dans cette affaire de produits toxiques, il ne s’agit pas de porter des gants parce que tu as beau porter des gants, porter l’accoutrement nécessaire… les caches-nez … Aidasso Il y a un accoutrement ? Hounpé Oui, oui, l’accoutrement … Aidasso Et comment ca se fait ? Hounpé On porte ça, ça protège les yeux, ça protège les narines, ça protège la bouche, ça protège les mains si on porte des gants, on porte des bottes, tout cela mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est que la plupart des produits que les gens utilisent sont des produits qui ont des rémanences très poussées. Aidasso Parlons de comment traiter les semences, comment ça doit se faire ? Hounpé Premièrement on doit savoir utiliser le produit parce que tous les produits ne sont pas destinés au traitement des semences. Il faut connaître le produit que vous allez utiliser. Aujourd’hui moi je préconise le produit « Super-Oumahi » Aidasso Super ? Hounpé Oumahi…. Qui est un produit composé de trois éléments : Métyltiophane, Tifanate et Dianisol. C’est une poudre mouillable, conditionnée dans un sachet de 25 grammes qui est destinée à traiter 10 kilos de semences. Pour le maïs, le mil, le haricot, tout ce que vous voulez, vous pouvez l’utiliser. Il suffit de mouiller 10 kilos de maïs avec une petite quantité d’eau ou bien une petite quantité d’huile. C’est l’équivalent du petit verre que les gens prennent pour le sodabi ou bien de la petite boite de tomates. Vous prenez l’eau ou bien l’huile, vous aspergez la semence, vous mélangez et vous versez mais avant de faire ça, il faut porter des gants, porter des cache-nez pour vous couvrir même la bouche, se protéger, porter un habit de coton à manches longues pour que le gaz ou bien tout ça là ne touche pas le corps. Là vous mélangez le produit et vos semences et c’est ça après que vous allez semer. Aidasso Et quelles sont les différentes méthodes que vous conseillez aux paysans ? Hounpé Ce qui est intéressant ici au Bénin, c’est qu’il y a ce que nous appelons le savoir paysan et même à leur niveau, ils ont d’autres manières de traiter leurs semences. Aidasso Les quelles par exemple ? Hounpé Par exemple l’utilisation des piles. Aidasso De ? Hounpé Piles …. Piles à torches ! Aidasso Piles à torches ? … Comment ils utilisent ça ? Hounpé Ils cassent et ils mélangent ça avec la semence… Aidasso Ils mélangent les piles avec les semences … ? Hounpé Oui, oui, ils transforment ça en poudre. Dans les piles il y a de l’acide, il donc ils mélangent ça ou bien ils utilisent par exemple d’autres feuilles … Aidasso Comme quoi ? Hounpé Certains utilisent « Veronia » qui est amer, ou d’autres feuilles que les gens appelent en Fon « Niesiké » … Aidasso Oui mais ces méthodes traditionnelles, vous les encouragez à faire ça ? Est-ce que ce n’est pas dangereux ? Quand on prend des piles, qu’on écrase pour protéger des semences … Hounpé Moi je suis contre les piles mais s’il s’agit des Veronia, des feuilles naturelles là, ça c’est biodégradable donc ça n’a pas d’inconvénients. Fin de la bande.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2007
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59565
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