Le retour de la caisse de stabilisation, une solution pour les producteurs ivoiriens de café cacao ?

LE RETOUR DE LA CAISSE DE STABILISATION, UN VOEU EXPRIMÉ PAR LES PRODUCTEURS IVOIRIENS DE CAFE CACAO ? CHAPEAU : En Cote d’Ivoire, avec l’avènement de la libéralisation, la Caisse de Stabilisation et de Soutien des prix des produits agricoles , la fameuse CAISTAB était dissoute. Désormais livrées à elles-mêmes après la disparition de ce filet de sécurité, de nombreuses coopératives de producteurs pensaient pouvoir profiter de la brèche ainsi ouverte pour prendre en main l’exportation de leurs propres produits. Mais elles se sont révélées insuffisamment armées pour aborder un créneau dominé par les multinationales américaines et européennes. Alors il y en a beaucoup en Cote d’Ivoire qui souhaitent le retour de la Caistab. Parmi eux, Cissé Lociné, président de la Fédération Ivoirienne des Producteurs de Café-Cacao, au micro de Boni Kabié DURÉE DE LA BANDE : 5’37 Lociné Notre bataille c’est une bataille de retour à l’ancien système : la Caisse de Stabilisation, c’était une structure vraiment extraordinaire. Avec la Caisse de Stabilisation on savait quelle quantité chaque village produisait mais aujourd’hui, d’abord les acheteurs viennent de partout, ils prennent le café de Sipilou pour envoyer à Diacouma, ils prennent le café de Diacouma pour envoyer à Issia ou à Rangourou, pour mélanger… Donc aujourd’hui on ne sait même plus quelle est la qualité qui sort par région et là c’est la libéralisation, ça pose problème. Alors avec la Caisse de Stabilisation, on organisait quand même la sortie du produit, les quotas pour que il n’y ait pas de monopole, c’est tout cela que la Caisse faisait et la Caise donnait un prix aux planteurs qui étaient payés jusqu’en fin de campagne. La seule différence que nous avons décriée, c’est les excédents. Les excédents de la Caisse de Stabilisation, après la création de la Fédération en 98, c’est l’état qui prenait cela…et là je n’ai pas été d’accord sur ce principe : la gestion de l’excédent. Sinon tout le système mis en place était bien. Au niveau de la libéralisation, les bailleurs de fonds ont dit de ne pas fixer les prix…Pourtant aux États Unis, les planteurs de coton, de mais et tout ça, sont subventionnés. Subventionner quelqu’un, c’est d’abord donner un prix et ces prix réajustés. Ça veut dire que quand le planteur américain plante le mais, le prix sur le marché mondial, c’est 200 francs, les États Unis lui met 200 francs, ça lui fait 400 francs, il produit à 200 francs mais il gagne 400 francs. Donc il a une subvention, donc il est stabilisé et il sait que si il produit telle tonne, c’est multiplié par 400. Donc il a une idée de ce prix et quand je fais 10 hectares, 15 hectares, voilà ce que je gagne. Mais chez nous, ici, on nous dit, tu peux pas …le nombre d’hectares égal a tels francs… tu ne peux pas parce que demain tu ne sais pas a quel prix ce sera acheté. Donc c’est pourquoi nous voulons une stabilisation, pour que le paysan soit un homme d’affaires, s’asseyent, fassent ses calculs , pour dire voilà ce que je peux gagner cette année, voilà ce que je vais gagner dans 5 ans, voilà ce que j’aurais dans 10 ans…pour que ce ne soit pas de la loterie ! Donc nous, notre bataille c’est conscientiser toute la base, tous les planteurs pour leur dire « il nous faut une stabilisation mais gérer les excédents parce que quand vous leur donnez un prix, par exemple 700 francs et que en cours de campagne, les prix montent à 1000 francs. Bon il est difficile de réajuster immédiatement donc il y a une caisse qui reçoit tous ces flux et normalement, une partie de ces flux devrait être partagé au pro-rata de chaque planteur. Donc notre problème c’est que il faut on connaisse le poids produit par chaque planteur. Et je crois que c’est dans ce but là aussi que l’état est en train de faire le recensement des producteurs de café- cacao pour qu'on sache qui sont les producteurs, combien ils sont, quelle est leur superficie…Donc le retour à la stabilisation est une meilleure chose Kabié Alors une dernière question, la solution qui était préconisée face aux problèmes nés de la libéralisation, serait une meilleure intégration régionale des tous les pays producteurs de café cacao dans la sous région, qu’en est il aujourd’hui ? Est ce que il y a eu des tentatives réussies ? Lociné Il y a eu des tentatives mais il faut dire que les gens ne sont pas sincères. L’intégration régionale, on peut pas laisser faire par l’état : ils ont leurs idées ailleurs, ils ont leurs besoins ailleurs …Parce que quand vous parlez de l’intégration sous régionale, il y a le Ghana qui est dans un système stabilisé, il y a la Côte d’Ivoire à qui les bailleurs de fonds ont demandé de déstabiliser… il faut libéraliser pour qu’on vous paye vos dettes. Donc ces deux qui ont deux politiques différentes, peuvent pas mettre leurs produits ensemble pour vendre ! Alors il faut trouver une plate-forme, c’est à dire la stabilisation ….c’est à dire le Cameroun, le Nigeria, le Ghana , la Cote d’Ivoire, mettre tous leurs produits ensemble : on fait environ les deux tiers de la production mondiale et là on peut donner un prix, on peut dire que le cacao de la sous région, c’est 3000 francs : tous les opérateurs économiques vont acheter ce cacao et qu’il faut faire un Bureau, un seul Bureau pour vendre … Avec les mêmes dates de livraison que nous avions ici, moi je pense que nous allons maîtriser le monde et je pense que c’est nous qui allons donner les prix … c’est ça ! …parce que on ne peut pas continuer de subir les prix. Nous savons qu’ils ont besoin, nous savons qu’ils n’en ont pas et c’est nous aujourd'hui qui attendons que la Bourse de Londres donne un prix, la Bourse de New York donne un prix pour qu’on l’exécute ….Ils fabriquent des véhicules, ils font les prix, nous achetons. Nous faisons du cacao, c’est eux qui font les prix et ils achètent ! Mais écoutez, il y a un dysfonctionnement, un asservissement là dedans et nous voulons que cela change mais par l’intégration sous-régionale, que chacun se dépasse et qu’on unisse les forces. Et là les associations des producteurs, nous pouvons nous rencontrer, nous pouvons discuter et amener nos états à accepter le principe parce qu’après tout c’est nous à qui le produit appartient ! Fin de la bande.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2002
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59550
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