Le jus de Bissap : l’amélioration des techniques de fabrication permettra l’ouverture des marchés européens.

Le Bissap CHAPEAU Certains l’appellent le vin sénégalais. Il s’agit du jus d’hibiscus, plus communément appelé jus de Bissap. Le Bissap est en fait le mot wolof pour l’Oseille de Guinée, le Carcadet ou la Roselle ou encore l’Hibiscus Sabdariffa de son nom latin. Riche en vitamines C, le Bissap est bu en infusion et est réputé faciliter la digestion et faire baisser la tension artérielle. Le CIRAD, le Centre International de Recherches Agronomiques pour le Developpment s’intéresse au Bissap pour le valoriser : en effet selon les chercheurs de Montpellier, une amélioration des techniques de fabrication pourrait développer le marché existant, et notamment vers l’Europe. Max Reynes est chef de recherches au CIRAD, spécialiste des produits extraits des fruits : il répond aux questions de Laurence Lalanne. DURÉE DE LA BANDE : 4’28 Raynes Le Bissap nous intéresse depuis très longtemps et nous avons des coopérations assez intenses avec, entre autres, l’ITA de Dakar et là ça aide vraiment les gens qui sont des cueilleurs, qui sont des petits producteurs donc on est sûr qu’à terme, ils vont gagner de l’argent pour pouvoir améliorer leurs conditions de vie. Le Bissap est intéressant parce qu’il est rouge : Les européens et les consommateurs en général, adorent les boissons rouges. Dans les jus de fruits, il faut que ce soit rouge et plus c’est rouge, plus on est sûr que la boisson se vendra. Donc c’est vrai que le CIRAD est toujours à la recherche de développement de ces produits parce qu’on sait que le marché est demandeur. Donc le Bissap fait partie de ça. Donc le Bissap c’est très facile à faire, c’est une infusion, on met de l’eau et des fleurs de Bissap ou d’oseille de Guinée ou de Carcadet, selon les endroits et on fait un e boisson, une boisson qui est amère avec une couleur rouge. Or les problèmes que nous rencontrons, c’est qu’il y a des différences de variété, des différences qui sont dues aux périodes de récolte et donc là nous travaillons avec nos collègues pour voir un petit peu quelles sont les meilleures variétés à mettre sur le marché, à développer disons, mais aussi aux techniques, parce qu’il est bien évident qu’en Europe, il n’est pas question par exemple d’importer de l’eau infusée donc il faut travailler sur la concentration et la stabilisation c’est à dire que cette boisson qu’on va faire localement, je dis bien localement, eh bien il faut qu’elle puisse répondre aux normes internationales de sécurité des aliments c’est à dire qu’il faut qu’elle soit stabilisée, pasteurisée, appertisée comme on dit et aussi il faut qu’elle soit concentrée c’est à dire qu’il est pas pensable de transporter de l’eau du Sénégal, même si l’eau du Sénégal est très bonne, et ça c’est sûr, on va pas la transporter en Europe, donc il faut la concentrer. Alors très souvent les techniques de concentration détruisent en partie les arômes et la couleur. D’où on développe des techniques, des procédés avec nos collègues locaux qui permettent d’avoir du concentré c’est à dire comme de la confiture un petit peu, qui va être re-dilué après au niveau des conditionnements finaux, c’est à dire quand vous allez boire une bouteille de jus à Paris, ce sera du jus qui sera fait à partir de l’eau de Paris mais avec du concentré qui arrivera de Dakar, voilà. Lalanne Bon, alors ces concentrés là c’est déjà commercialisé depuis longtemps ? Raynes Non, le marché n’est pas très important jusqu’à présent. C’est un marché, une niche en pleine expansion. Nous avons des demandes d’industriels qui nous disent « Donnez-nous des concentrés de carcadet, hein, ou de Bissap donc on a pris contact avec nos collègues de Dakar pour avoir des échantillons, pour faire des premières formulations parce que l’industrie de la boisson en France cherche vraiment ce produit là, il n’y en a pas assez, il n’y a pas assez de produits sur le marché. Donc là c’est très encourageant pour nos collègues du Sud parce que là c’est quand même de l’argent à faire … Lalanne Il y a une demande … Raynes Il y a une forte demande, sous réserve toujours de garantir une boisson sans contaminant, dangereux pour l’homme, sans contaminant chimique bien sûr …ça c’est un gros problème, il faut être sûr qu’il n’y ait pas eu de produits toxiques et bien sûr que ce soit de qualité constante, toute l’année, hein ça c’est un gros problème, il faut qu’il y ait le même goût, la même couleur parce que quand vous êtes Danone, quand vous êtes X,Y,Z, il faut que le consommateur retrouve le me goût toute l’année. Voilà, ça fait partie justement de nos rôles d’intermédiaire, de recherche, de mettre au point ces techniques qui permettent de limiter les destructions de ces qualités organoleptiques et olfactives aussi puisque il faut que ça sente bon et qu’il y ait de l’arôme. Lalanne En fait votre rôle ce n’est pas de découvrir quelque chose, c’est plus de l’améliorer ? Raynes Ah oui oui, nous n’avons aucun rôle de pionnier ni de découvreur, c’est plus un travail …c’est un travail de scientifique d’abord c’est à dire que nous travaillons entre scientifiques, nous n’avons aucune action commerciale. Donc l’intérêt est de dire « Et bien écoutez, vous, vous avez les produits, nous on a d’autres connaissances et on se met ensemble pour voir si on peut aller plus loin. Donc le fait de dire scientifiquement que tel produit est intéressant, eh bien automatiquement il y a des publications internationales, automatiquement il y a des industriels qui vont dire « Tiens, c’est intéressant, est ce que je peux prendre contact » et dans ce cas, ce sont nos collègues locaux qui interviennent, nous on intervient plus. Lalanne Et on parle de quel volume actuel et potentiel ? Raynes Ah on parle de plusieurs milliers de tonnes quand même, de jus hein … donc il faut remonter ça parce que vous savez que les pétales séchés, ça fait pas beaucoup de poids hein, donc ça fait à mon avis plusieurs centaines de tonnes de pétales d’hibiscus… centaines de tonnes donc quand on pense que … je ne sais pas …quand on cueille les pétales, quand on ramasse quelques kilos par jour c’est beaucoup parce qu’il faut vraiment les récolter, les faire sécher donc là il y a du travail… quoi, je veux dire … donc si on veut, on peut gagner de l’argent en faisant du Bissap et le Sénégal est déjà bien lancé dans ce domaine là.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2005
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59541
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