La régénération naturelle assistée dans les parcs à Faidherbia.

La régénération naturelle assistée dans les parcs à Faidherbia. CHAPEAU Les parcs à Faidherbia sont des systèmes agroforestiers traditionnels qui associent cet arbre, appelé aussi Acacia Albida, à des cultures de mil et de sorgho- voire de mais et de coton- et au bétail. Ce Faidherbia a de nombreux avantages et est généralement conservé par les paysans mais à la suite de la déstructuration des sociétés paysannes et à la libéralisation de l’économie, ces parcs à Faidherbia ont souvent été abandonnés et remplacés par des cultures de rente. Le CIRAD, le Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement a entrepris des recherches consistant à évaluer la dynamique de ces parcs et à proposer des améliorations par rapport aux méthodes traditionnelles, en particulier grâce à la technique de « régénération naturelle assistée ». Denis Depommier, chercheur en agroforesterie au Cirad était chef d’un de ces projets de revalorisation de ces parcs, au Burkina Faso. Il répond aux questions de Laurence Lalanne dans les locaux du CIRAD à Montpellier DURÉE DE LA BANDE 5’43 Depommier C’est une espèce traditionnellement conservée par les paysans qui est tout à fait particulière car elle a un rythme phénologique inversé donc très simplement c’est une espèce qui est feuillée en saison sèche et qui se défeuille en saison des pluies et ce particularisme phénologique a été mis à produit depuis de très nombreuses générations par les paysanneries sahéliennes qui l’associent donc à des cultures, notamment céréalières mais également de coton et autres cultures commerciales plus récemment donc l’espèce, l’arbre ne rentrant pas en compétition avec les cultures associées en saison des pluies puisque l’espèce est défeuillée et de façon complémentaire et très intéressante en saison sèche, cet arbre là qui est un arbre fourrager dont les feuilles et les gousses ont une haute valeur nutritive, cet arbre là est émondé et donc produit un fourrage feuillé tout à fait important, donc un complément fourrager indispensable aux troupeaux. Lalanne Alors quand vous dites, Acacia Albida, est conservé, vous voulez dire par régénération naturelle ou… comment? Depommier Alors oui c’est un arbre donc qui n’est pas planté hein, c’est un arbre qui traditionnellement est conservé sous forme de parcs, donc on parle de pars à Faidherbia, parce que ce sont des arbres qui sont dispersés de façon généralement irrégulière dans les champs, et donc ces arbres là sont élevés à partir de rejets ou de régénération naturelle, les paysans faisant donc une sélection des tiges les plus vigoureuses en fonction de l’arrangement spatial le plus intéressant et donc renouvelant de génération en génération le parc à Faidherbia, voilà. Lalanne Alors ça c’est le système traditionnel qui s’est toujours fait. Alors vous vous êtes intervenu en quelque sorte pour améliorer ça… donnez-moi un exemple très précis de ce que vous vous avez fait. Depommier Alors très concrètement comment régénérer les parcs parce que ce qui a été observé dans de nombreuses régions sahéliennes c’est qu’il y avait une dégradation voire un abandon de ces parcs là, souvent dans le contexte d’un transfert d’intérêt ou du développement de cultures commerciales… Alors comme l’intérêt s’est focalisé ces dernières années… enfin ça date même de 10, 20 ans déjà, sur ces cultures commerciales, sur ces cultures de rente, donc il y a eu effectivement un abandon progressif des parcs traditionnels qui donc occupaient les terres proches du village… donc un abandon de ces parcs et un non-renouvellement des arbres, voilà. Donc il y a eu quand même un travail qui a consisté à reconnaître ces modes de propagation et à re-coloniser ou à reconstituer des parcs avec des populations locales alors… Lalanne Alors comment vous avez fait exactement parce que… bon, vous avez reconnu que ces parcs diminuaient, la régénération naturelle ne se faisait plus parce qu’il y avait le coton qui prenait de plus ne plus d’espace, alors vous êtes arrivés dans un village, vous avez dit aux paysans « Ça va plus, il faut continuer vos systèmes » ou quoi… comment vous avez fait? Depommier Non alors pour le cas de la régénération, un cas très concret, la question était posée: est-ce que ces parcs à Faidherbia ont la capacité de régénérer et dans quelles conditions?. S’ils ne régénèrent pas, est ce que c’est parce que les paysans s’en désintéressent ou bien finalement parce qu’ils n’ont pas cette capacité, finalement il y a peut être des problèmes qui sont liés au milieu… Alors déjà il fallait démontrer que l’on pouvait, disons, régénérer un parc assez rapidement. Alors ça on l’a démontré puisque comme je le disais précédemment, la plupart des Faidherbia sont régénérés à partir de rejets généralement, donc de rejets de souche. Ça peut être au départ à partir de semis qui se sont développés en plantules mais qui sont souvent recépés par la houx du paysan, qui sont coupés, qui rejettent et comme ça qui végètent pendant de nombreuses années jusqu'à un moment où, si l’on décide de conserver cette tige qui s’est développé sur un pivot racinaire déjà très consistant, très puissant eh bien on obtient un rejet vigoureux, pour peu qu’on puisse le protéger… alors en sachant que la protection de ce rejet peut poser aussi un problème parce qu’en saison sèche les animaux retraversent et pâturent sur ces parcs, et donc il y a une protection évidemment qui pose problème. Donc on a pu démontrer que techniquement c’était faisable avec l’aide des paysans… et leur intérêt qui évidemment devait être confirmé, on pouvait régénérer un parc. Alors très concrètement il y a eu mise en place de ces projets pour régénérer, alors ce qu’on appelle la régénération naturelle assistée, n’est ce pas, qui s’est pratiquée dans des pays comme le Niger, comme le Sénégal, comme le Burkina et qui ont été couronnés de succès. Alors on n’a peut être pas suffisamment de recul dans certains cas pour dire que bon, 5 ans, 10 ans, 20 ans après, ces parcs sont reconstitués et sont fonctionnels mais dans certains cas ces parcs ont été reconstitués et en y associant le paysan et en s’assurant de ce qu’il voulait, lui à terme, sur ses terres et pour son bien-être, on a parfois fait des propositions composites qui consistaient à la fois en Faidherbia Albida et en espèces d’intérêt commercial c’est à dire en introduisant par exemple des espèces fruitières ou en introduisant des espèces à bois donc on peut arriver un peu je dirais, « à la carte » des parcs composites qui permettent à la fois un maintien de la fertilité de ces sols et une production fruitière, ligneuse ou en autres produits.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2004
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59515
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