La profession vétérinaire envahie par les non professionnels

CHAPEAU Dans un contexte généralisé de libéralisation, les services vétérinaires n’ont pas échappé à la privatisation. Cette privatisation repose aujourd’hui sur le principe d’une redéfinition du rôle de l’état et donc la remise en cause des habitudes et comportements issues de la tradition des services de l’élevage. De plus la privatisation entraîne une augmentation du nombre d’opérateurs, publics, privés et clandestins. Si cette multiplication du nombre d’intervenants permet aux éleveurs de faire jouer la concurrence et de diminuer les coûts, des opérateurs non formés se font passer pour des vétérinaires et prescrivent des médicaments qui peuvent présenter des dangers. Le point avec Blandine Kanga au Cameroun. DUREE DE LA BANDE 3’57 Studio Le Cameroun compte officiellement 300 docteurs vétérinaires mais aussi une multitude d’auxiliaires formés sur le tas. Pour le Docteur Tchoubia, vétérinaire lui même, ces auxiliaires outrepassent quelque fois leurs compétences Tchoubia Quand des non professionnels rentrent dans un métier donné, bon ils commettent des actes qui ont de nombreuses répercussions. Les médicaments interdits, s'ils les prescrivent, le problème qui va se poser, c’est comment il va être administré. Si c’est un non professionnel, il peut ne pas savoir comment on l’administre, quelles sont les doses à prescrire et ensuite, si c’est un médicament qui nécessite un délai d’attente avant que l’animal ne soit abattu, est ce que ce délai est respecté… C’est autant de problème que un non professionnel ne peut pas maîtriser Kanga Vous pensez à un médicament Tchoubia Prenons l’exemple du Chloramphénicol qui est interdit ailleurs. Bon il y a certains médicaments à base de ce produit qui circule encore et qui sont administrés … bon, c’est des médicaments qui en réalité sont efficaces mais il faut un certain délai d’attente après administration pour qu’on abatte l’animal et généralement dés lors que les non professionnels ou les éleveurs ne maîtrisent pas cette donnée, il va sans dire que c’est possible qu’on retrouve des animaux qui viennent d’être traités, abattus et mis à la commercialisation. Kanga Certains éleveurs disent que les personnes formées sur le tas, bien que non professionnels ont des services moins coûteux, et parfois efficaces parce que maîtrisant des traitements traditionnels. Qu'est ce que vous en pensez ? Tchoubia C'est un point de vue discutable. Mais je dirais tout simplement qu'une personne formée sur le tas fait généralement de la routine. il a du mal à expliquer ce qu'il fait ou à évoluer scientifiquement. Or la médecine vétérinaire comme toutes les autres sciences, évolue et nécessite en plus des connaissances de bases solides, un recyclage permanent. Une personne formée sur le tas, commise à des tâches précises, peut bien s'en sortir. Au-delà de ça je doute bien qu'elle soit encore efficace. Studio Certains qui se disent auxiliaires vétérinaires ne sont en fait que revendeurs de provendes et pourtant il prescrit des médicaments. C’est le cas de Richard qui a requis l’anonymat auprès de Blandine Kanga puisqu’il sait que son activité est illégale. Kanga Généralement quand vous avez les clients qui viennent auprès de vous et qui vous demandent des conseils, peut-être leur prescrivez vous un médicament ? Richard Je vous dirai tout simplement que en ce qui concerne la prévention comme par exemple l'oxytetracyline, le pintresco, le remède des vers sont des médicaments préventifs, parce que concernant les porcs, la maladie telle que la peste porcine, qu’on appelle tantôt le rouget, nous avions orienté les éleveurs vers les vétérinaires, bon… ils n’ont jamais pu traiter cette maladie appelée rouget ce qui fait que tout ce que nous pouvons conseiller aux éleveurs ce n'est que la propreté. Kanga: Vous avez suivi une formation, c'était une formation dans une école, dans une école de vétérinaire ? Richard: Non, j'ai été formé par un vétérinaire mais pas dans une école de vétérinaire, ça concernait l'élevage de poulets et l'élevage des porcs, dans la santé, dans les bâtiments, comment les entretenir, comment les soigner. Ça a été une formation simple et rapide mais je ne vous dirais pas que le vétérinaire m'a tout informé. Je ne sais pas si la formation de 30 jours pourrait suffire pour donner conseils aux éleveurs que je reçois ici de temps en temps.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2003
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59511
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