Sorgho et mil : les céréales traditionnelles font peau neuve

Le sorgho et le millet étaient des denrées indigènes de base dans la plus grande partie de l'Afrique avant l'introduction du maïs par les Portugais au XVIIe siècle. Ils constituent encore la nourriture de base de 200 millions d'Africains répartis dans 13 pays. Selon les chercheurs, grâce au potentiel en matière d'augmentation des rendements et aux progrès techniques, il sera bientôt possible d'introduire des améliorations sur le plan de la transformation et même de nouvelles utilisations pour ces robustes variétés de céréales. Pour l'Afrique qui tente d'accroître sa production agricole afin de nourrir sa population en constante augmentation, le sorgho et le millet vont prendre une importance croissante, notamment dans les régions où le temps est imprévisible. En effet, le maïs s'adapte beaucoup moins bien aux climats à pluviométrie variable. Il existe deux grandes familles de sorgho :le sorgho rouge ou brun, dont l'enveloppe contient souvent des tannins au goût amer, et le sorgho blanc, sans tannins. Le sorgho résiste à la sécheresse et, en même temps, il tolère la saturation en eau mieux que le maïs grâce à un système radiculaire profond et bien ramifié. Il résiste également très bien aux parasites mais, malheureusement, les substances qui le protègent des oiseaux et des insectes altèrent le goût du grain et du fourrage et les rendent moins digestes pour l'homme et les animaux. Une multitude de variétés Il existe aussi deux grandes variétés de millet : l'éleusine et le millet perlé, d'apparence très différente. L'éleusine mesure rarement plus de 1 mètre de haut. Le millet perlé peut mesurer jusqu'à 3 mètres. Le millet résiste encore mieux à la sécheresse que le sorgho et peut produire un bon rendement sur des sols peu fertiles et sablonneux sur lesquels la plupart des céréales ne pousseraient pas. Cependant, il est très vulnérable aux dégâts causés par les oiseaux. En outre, les agriculteurs, notamment au Kenya et en Tanzanie, préfèrent passer au maïs, plante dont la récolte, le stockage et la transformation demandent beaucoup moins de travail que le millet et le sorgho. L'ICRISAT (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics, Institut international de recherche sur les cultures pour les régions tropicales semi-arides) de Hyderabad, en Inde, a collecté les semences de plus de 22 500 variétés de sorgho et de 15 500 variétés de millet. Durant les dix dernières années, des travaux de prospection en Inde, dans le Nord du Nigeria, dans le Sud du Soudan, au Malawi et en Sierra Leone ont permis de rassembler de multiples variétés de sorgho et de millet, y compris des variétés sauvages. La diversité génétique de cette banque de semences devrait permettre de développer davantage de nouvelles variétés dont le rendement serait plus élevé et la résistance à la sécheresse encore meilleure. L'ICRISAT est également présent dans plusieurs pays africains : le Burkina Faso, le Kenya, le Malawi, le Mali, le Niger et le Zimbabwe. Ses deux principaux centres en Afrique sont FISC, centre sahélien de l'ICRISAT près de Niamey, au Niger, et le programme SADCC/ICRISAT pour l'amélioration du millet et du sorgho à Matapos près de Bulawayo, au Zimbabwe. L'organisme de recherche et développement sur les céréales vivrières en zone semi-aride (SAFGRAD) de l'Organisation de l'Unité Africaine de Ouagadougou, au Burkina Faso, apporte également son concours aux travaux de recherche interafricains. Transformation et nouvelles utilisations Le sorgho et le millet ont pratiquement la même valeur nutritive que le maïs. Traditionnellement, on pile ces céréales pour les débarrasser de la balle. Toutefois, comme la farine de millet et de sorgho se conserve mal, il faut renouveler l'opération régulièrement. Il est urgent d'introduire de nouvelles techniques facilitant la transformation. On a déjà noté des progrès intéressants dans les procédés de décorticage mécaniques. L'Institut britannique des ressources naturelles (Natural Resources Institute, NRI) a mis au point une technique de broyage semi humide du sorgho. Les grains sont humidifiés avec 25 % de leur volume d'eau puis broyés 12 heures après dans un aplatisseur, comme le maïs ou le blé. Même dans les variétés contenant beaucoup de tannins telles que le sorgho rouge, l'endosperme est normalement blanc. Or, cette technique permet une séparation efficace de l'endosperme blanc, tout en laissant le son et la majorité des couches colorées propres et presque intacts. S'il est possible de perfectionner des techniques permettant une utilisation durable de quantités beaucoup plus importantes de millet et de sorgho (notamment de sorgho rouge) qui peuvent être cultivées sur les vastes terres semi-arides d'Afrique encore sous-exploitées, cela aura des conséquences considérables dans des domaines aussi divers que la sécurité de l'approvisionnement en produits alimentaires, les emplois en zone rurale et le revenu des agriculteurs dans de nombreuses régions du continent.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1990
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59385
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