Petite graine et gros dégâts … le striga

Le striga, herbe parasite des principales cultures des savanes, s'étend en Afrique et les paysans n'ont que de bien faibles armes à lui opposer. La lutte contre cet envahisseur s'ajoute donc à la liste des priorités de recherche. En quinze ans, le striga est devenu le fléau des cultures d'Afrique soudano-sahélienne et orientale. Cette plante parasite se nourrit aux dépens des plantes cultivées. Elle cause des pertes de rendement considérables, qui peuvent atteindre 100 % sur certaines parcelles et sur des cultures essentielles : sorgho, mil, maïs, niébé, tabac et patate douce. La diminution des pluies, la réduction des jachères et la mise en culture de terres plus pauvres favorisent encore son extension. Le striga dissimule sa perfidie derrière la belle apparence d'une fleur rose. Sa minuscule graine germe en quelques jours aux premières pluies. Dès qu'elle se trouve à moins d'un demi centimètre des racines d'une autre plante, elle s'y accroche au moyen d'une radicule. Ainsi «branché» sur le réseau racinaire de son hôte, le striga développe un haustorium, sorte de suçoir qui pompe l'eau et les substances minérales nécessaires à sa croissance. Encore caché dans le sol, il se développe pendant plusieurs semaines en épuisant la plante parasitée avant même que l'on puisse s'apercevoir de sa présence. Dès l'apparition des premières feuilles, le striga commence à développer ses propres racines et à se nourrir par lui-même. Mais il ne se débranche pas pour autant. En quelques semaines, il donne de ravissantes fleurs roses pendant que, de son côté, la plante vampirisée se flétrit, végète et, souvent, meurt. Enfin de cycle, chaque pied de striga produit 40 000 à 90 000 graines qui, en attendant des conditions favorables, peuvent se conserver en terre quinze ou vingt ans Aussi, pour éradiquer ce parasite il faudrait détruire tout le stock de graines présent dans le sol. Des solutions inadaptées Pour cela, il existe deux solutions radicales. La première consiste à détruire les graines dans le sol pendant leur période de dormance, à l'aide de bromure de méthyle. La deuxième consiste à provoquer une germination artificielle, ce qui peut être fait notamment avec de l'éthylène ; sans le support nourricier d'une plante accueillante à proximité, les graines meurent très vite après leur germination. Mais, comme les herbicides, ces traitements onéreux et délicats ne sont pas à la portée des paysans. Une technique de lutte basée sur les façons culturales a été mise au point. Elle consiste à cultiver de «faux hôtes» qui induisent la germination mais ne sont pas parasités. Coton, arachide et soja peuvent jouer ce rôle. Si l'infestation est légère, une rotation des cultures, ne serait-ce qu'une seule année, apporte une amélioration notable. Mais, en cas d'infestation importante, il faut plu sieurs années pour venir à bout du stock de graines de striga. Que feront pendant ce temps les paysans qui n'ont pas en réserve des terres saines où semer leurs céréales? Une autre voie explorée surtout par l'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) est la sélection de variétés résistantes. Quelques variétés de sorgho et de niébé ont déjà été trouvées. Les travaux sur le mil sont moins avancés. En outre, ces résistances ne sont pas définitives. En quelques années, le striga peut s'adapter à de nouveaux hôtes. Dernier espoir des chercheurs, la lutte biologique. Quelques insectes, ennemis du striga, ont été repérés. Mais beaucoup reste à faire avant de pouvoir les utiliser largement au champ. Sensibiliser les agriculteurs Pour l'instant, une seule chose à faire arracher à la main et brûler les plants de striga avant qu'ils donnent des graines. Difficile à réaliser sauf sur de très petites surfaces, cette méthode se heurte aussi à l'incrédulité des paysans qui ne voient pas le rapport entre les jolies fleurs roses qui parsèment leurs champs et le flétrissement des cultures. Dans certaines régions, les agriculteurs pensent qu'ils peuvent se tirer d'embarras en changeant de culture. Quand le sorgho est trop attaqué, ils le remplacent par du mil. Mais celui-ci, au bout de quelques années, est infesté à son tour et les agriculteurs sont obligés d'abandonner leurs champs. Il est donc indispensable d'améliorer leur information pour qu'ils puissent au moins limiter les dégâts du striga, en attendant que les équipes de chercheurs repèrent les points faibles de ce parasite et proposent des moyens de lutte plus efficaces.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1990
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59383
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