Lutte contre les criquets à la recherche de nouveaux insecticides

Chaque année, des milliers de litres d'insecticides sont déversés sur les pays du Sahel pour tuer les criquets. Pour limiter leurs dégâts sur l'environnement, il convient de choisir le produit le plus efficace et le moins nocif et d'en limiter l'épandage au strict nécessaire. Cette année encore, les criquets ont fait des pays sahéliens leur zone de prédilection. Les criquets pèlerins décimés par les traitements massifs, le froid ou la sécheresse ne se sont guère montrés menaçants. Mais les sautériaux, et particulièrement les criquets sénégalais, favorisés par les pluies abondantes, ont pris le relais. Arrivés dans les cultures au moment des récoltes, ils ont causé dix fois plus de dégâts que leurs congénères l'an passé. Pour éliminer ces ravageurs, on répand chaque année des milliers de litres d'insecticides (700 000 litres de concentrés sur 14,5 millions d'hectares en 1988) sur les régions envahies. Acridologues, spécialistes de ces insectes, et défenseurs de l'environnement s'affrontent souvent sur le type de produit à employer. La dieldrine interdite Ainsi, pendant près de trente ans, on a utilisé la dieldrine pour lutter préventivement contre le criquet pèlerin. Cet organochloré est très efficace, même à faible dose. Rémanent, il permet de traiter à l'avance des bandes de terrain où viendront s'empoisonner les criquets. Peu coûteux et facile à conserver même dans les pays chauds, cet insecticide présente de nombreux avantages. Mais lorsque voici deux ans les pullulations de criquets pèlerins sont devenues inquiétantes, les écologistes se sont vigoureusement élevés contre l'utilisation de la dieldrine, jugée dangereuse pour les hommes et les animaux (voir Spore 15, Tribune Libre p.7). Aux traitements ponctuels dans les contrées désertiques, habitat des larves avant leur envol, on a préféré des épandages massifs, couvrant entièrement de vastes zones, avec des produits à action de choc. Au bout de quelques jours, ils n'agissent plus et il faut recommencer les épandages si le danger ri est pas écarté. Résultat : des coûts beaucoup plus élevés, un travail important et une destruction complète des insectes dans la zone traitée. Mais sur les cultures et les pâturages, ces organophosphorés présentent effectivement l'avantage d'être peu toxiques pour les populations. Efficaces - ils tuent les criquets en 24 h -, ces insecticides très onéreux sont utiles pour combattre rapidement un vol de criquets mais ils ne peuvent être utilisés en lutte préventive. Il en est de même des pyréthrinoïdes, les produits de traitement les moins nocifs, qui sont utilisés dans les zones habitées. Aucun de ces produits, actifs pour traiter les invasions en cours, ne peut remplacer la dieldrine comme moyen efficace de prévention. La recherche n'a pas encore eu le temps de trouver de nouvelles formules acridicides. Pourtant, un nouveau produit semble porteur d'espoir. Il s'agit d'un «dérégulateur de croissance» qui perturbe la mue chez les larves quand elles mangent la végétation traitée. Rémanent mais peu toxique sur les vertébrés, ce produit peut être utilisé en barrière. Il est efficace sur les criquets pèlerins et sur les sautériaux et peut être épandu sans danger sur les zones cultivées. Mais avant de commercialiser ce produit à grande échelle, des expériences sur le terrain sont encore nécessaires. Surveiller l'environnement En attendant l'arrivée sur le marché de nouveaux produits, on se préoccupe davantage, ces dernières années, des effets sur l'environnement de ces traitements massifs et répétés. Plusieurs études ont été entreprises, au Mali par des Norvégiens et au Sénégal par une équipe pluridisciplinaire hollandaise alliée à des Français, afin de mesurer avec précision les conséquences sur la faune et sur les hommes. On sait ainsi que le Fénitrothion est toxique pour les oiseaux. Mais il est très difficile d'évaluer les effets à long terme des pesticides les moins nocifs employés aujourd'hui. Plus subtils, ils sont délicats à déceler d'autant que les recherches ne font que commencer. Il est certain cependant qu'une application plus rigoureuse de ces produits permettrait de réduire les doses et de limiter les dégâts sur le milieu naturel. L'utilisation par les populations des fûts et emballages qui ont contenu des insecticides constitue un autre danger. Souvent recyclés, ces récipients font courir de grands risques d'intoxication à leurs utilisateurs qui prennent rarement la précaution de les nettoyer suffisamment pour éliminer tous les résidus. Enfin, il reste au Sahel d'importants stocks de dieldrine encore active qui ne serviront plus puisque cette substance est désormais interdite dans la plupart des pays. Qu'en faire? Dans une première étape, ils ont été recensés. Les bailleurs de fonds, en particulier les Américains, cherchent aujourd'hui une solution pour les éliminer. CIRAD/PRIFAS - BP 5035 34032 Montpellier cedex - FRANCE,

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1990
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59271
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