Les biotechnologies nécessaires au développement

Les biotechnologies ont un rôle important à jouer pour accroître la production alimentaire des pays en développement. De nombreux scientifiques, des instituts de recherche et des universités utilisent déjà ces techniques pour améliorer les principales cultures vivrières de leurs pays. Mais le manque de coordination, les contraintes administratives et la faiblesse des échanges d'information réduisent considérablement la portée de leurs efforts. Tel a été le verdict des 60 'biotechnologistes' du Tiers Monde et de la centaine de scientifiques, politiques et bailleurs de fonds réunis à Luxembourg du 26 au 30 juin 1989 lors du symposium sur les 'Biotechnologies végétales pour les pays en développement' organisé par le CTA et la FAO. Que faire pour que les plantes tropicales bénéficient, au même titre que les plantes tempérées, des progrès des biotechnologies ? En cernant de près les problèmes, ce symposium a permis de proposer des solutions aux organisations internationales, comme le CTA et la FAO, qui peuvent et doivent aider les pays en développement à mieux profiter des améliorations apportées par les biotechnologies. Le large éventail de recherches que recouvre le terme 'biotechnologies' - de la multiplication in vitro, aux plantes transgéniques en passant par la lutte biologique - rend toutefois difficile l'élaboration d'un plan d'action. Cette diversité se retrouve d'ailleurs parmi les participants. Certains sont des spécialistes en biologie moléculaire travaillant en laboratoire, d'autres sont des sélectionneurs qui travaillent dans les champs. Bien que leurs objectifs soient communs, les moyens et les appuis dont ils ont besoin sont très différents. Pour le professeur Frédéric Buttel, socio économiste de l'Université de Corneli aux Etats-Unis, les biotechnologies sous les tropiques n'auront pas d'effet sensible, dans un premier temps, sur le développement de plantes vivrières améliorées. Dans ce domaine 'les biotechnologies ont été surestimées' Mais explique-t-il 'on les sousestime actuellement en tant que technologies diverses et polyvalentes qui peuvent permettre un développement plus équilibré et reproductible' Dans les pays en développement, ce sont les cultures de rente qui vont les premières être améliorées par les biotechnologies. De fait, les agriculteurs de ces pays non seulement peuvent bénéficier de ces nouvelles techniques, mais ils jouent aussi un rôle essentiel.Depuis des générations, en conservant soigneusement des semences, ils agissent comme des gardiens du matériel génétique dont les bio technologistes ont besoin. C'est dans ce stock de plantes que le généticien va puiser pour trouver les gènes nécessaires à l'amélioration des plantes. Actuellement, les ressources génétiques sont les anciennes variétés de plantes encore cultivées localement par les petits agriculteurs et les millions d'espèces de plantes sauvages qui poussent sous les Tropiques. Les scientifiques qui travaillent sur le terrain reconnaissent la contribution vitale des gardiens de ces irremplaçables banques de gènes. Mais ces efforts ne sont pas aussi largement reconnus par le monde commercial. Les grandes sociétés internationales font la course pour breveter au plus vite des gènes naturels qu'ils ont identifiés. Ainsi n'importe qui voulant utiliser ces gènes devra payer des droits au détenteur du brevet. Ce système fait actuellement l'objet de débats et de controverses, mais les ressentiments sont particulièrement forts parmi les pays fournisseurs de matériel génétique. Les chercheurs africains et asiatiques ne voient pas pourquoi ils paieraient aux sociétés nord américaines ou européennes des droits pour utiliser du matériel végétal provenant de leur propre pays. Tandis que les législateurs et les firmes commerciales se disputent les bénéfices financiers des biotechnologies, les scientifiques veulent plutôt être sûrs que les résultats de leurs recherches atteignent le plus vite possible le plus grand nombre de gens. A Luxembourg, les sélectionneurs de pommes de terre du Pérou, les experts en palmier dattier du Maroc et les spécialistes indiens du thé ont rencontré de nombreux autres collègues des pays en développement. Ensemble ils ont expliqué aux agences internationales comment les aider à accélérer la révolution biotechnologique. Les capacités scientifiques existent dans de nombreux pays mais les chercheurs ont besoin d'aide pour coordonner leurs efforts et d'assistance pour la formation et le transfert du matériel génétique. Les participants ont quitté Luxembourg encouragés par les fermes engagements de soutien pris par le CTA et la FAO. Pour eux il est désormais certain que les biotechnologies joueront un rôle important pour l'avenir des pays en développement. Les actes de ce symposium seront disponibles au CTA dans quelques mols. Leur publication sera annoncée dans SPORE

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1989
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59166
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