Le compost la vie qui vient de la mort

L'emploi des engrais organiques en agriculture tropicale doit être plus que jamais encouragé et développé. En effet, les engrais chimiques importés posent de plus en plus de problèmes aux pays en développement : ils accroissent la dépendance économique des pays ACP et sont trop onéreux pour les paysans. Parmi les engrais organiques, le compost est particulièrement adapté aux cultures des pays chauds. Dans certains pays ACP, les agriculteurs consacrent l'essentiel de leur travail à payer la dette contractée pour acheter les engrais tout préparés dans les pays industrialisés. Lorsque les fertilisants sont largement subventionnés, c'est la dette de l'état qui s'accroît. Dans un cas comme dans l'autre, le bilan économique n'est guère favorable. Techniquement, l'emploi des engrais chimiques n'est pas non plus la panacée. Dans les régions sèches, s'il ne pleut pas ou pas assez, les granulés ne se dissolvent pas bien et 'brûlent' les cultures. Dans les zones humides, les pluies torrentielles 'lavent' la terre et entraînent les éléments nutritifs. Sous l'un ou l'autre de ces climats, les produits chimiques peuvent aussi tuer les microorganismes utiles contenus dans le sol. Les agronomes ont même constaté que les plantes qui ont reçu des engrais azotés à forte dose deviennent plus sensibles aux maladies et aux nuisibles. Ainsi, les paysans qui s'engagent sur la voie des engrais chimiques se voient bien souvent contraints d'investir aussi dans des pesticides avec les conséquences économiques et écologiques que l'on connaît aujourd'hui. A l'opposé, les engrais organiques apportent non seulement les éléments nutritifs mais améliorent l'état général du sol, accroissant sa capacité à retenir l'humidité, qualité particulièrement importante dans bien des régions des ACP. Des avantages multiples Le compost n'a pas certains des inconvénients des autres engrais organiques : facile à stocker, il ne contient pas de germes pathogènes et ne dégage pas d'odeur désagréable. Le compostage est le processus par lequel les végétaux, en tas ou dans une fosse, fermentent et pourrissent sous l'action de micro-organismes. Les déchets organiques sont décomposés, les virus pathogènes sont détruits et des substances nutritives pour le sol sont produites. Grâce à ses qualités chimiques et physiques, le compost nourrit les plantes et améliore la texture du sol en permettant à l'eau d'y rester, ce qui est de première importance dans les régions où l'eau est le plus grand facteur limitant à la production. Les cultures maraîchères tirent tout particulièrement profit des éléments nutritifs rapidement assimilables du compost. Mais c'est surtout dans les régions, comme le Sahel arachidier, où la monoculture a épuisé le sol que le compost est une bonne alternative à la chimie. Les avantages du compost sont multiples. Bien des produits utilisés comme fumure organique ont, à l'état frais, un haut ratio carbone/azote. Le compostage, qui minéralise en partie les végétaux, réduit ce ratio en favorisant la production d'azote. Par ailleurs, la formation du compost provoque des températures qui peuvent atteindre 60 et même 70°C. A ces températures, les graines et les pathogènes indésirables sont détruits. Sous les tropiques, ce phénomène est peut-être le but principal du compostage. Autre avantage : le compost est plus léger que les engrais organiques frais et les éléments nutritifs y sont plus concentrés. Sensibiliser et former les paysans Mais il ne suffit pas que le compost ait des avantages pour se développer. Encore fautil que ceux-ci soient connus et que les paysans sachent le produire. C'est pourquoi le PRONAT, programme de protection de la nature de l’ENDA (ENvironnement et Développement en Afrique), organise depuis 1983 des sessions de formation de deux ou trois jours. Ces sessions, effectuées en langue nationale, sont animées aussi bien par des techniciens du PRONAT que par des paysans qui ont eux-mêmes acquis une expérience en la matière. Les paysans formés iront à leur tour montrer aux autres ce qu'ils ont appris. ENDA a édité sur le compost un livre en Wolof, largement illustré de manière à surmonter l'obstacle de l'analphabétisme. Le CTA et AGROMISA ont pour leur part produit un ouvrage en anglais (collection Agrodok) sur la préparation et l'emploi du compost. Politiquement, le compost peut être un moyen efficace pour atteindre le niveau d'autosuffisance alimentaire souhaité parles gouvernements. Au Sahel par exemple, où le sol offre peu de résistance à l'érosion, le compost peut aider à reconstituer cette ressource qui s'en va. Bibliographie: Abou Thiam (coordinateur PRONAT) Institut d'Etude de l'Environnement Université de Dakar BP 3370 Dakar SENEGAL AGROMISA (1984) The Preparation and Use of Compost Agrodok BP 41 6700 AJ Wageningen PAYS-BAS ENDA (1984) Une expérience de compostage villageois au Sénégal oriental ENDA TM BP 33 70 Dakar SENEGAL

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1989
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59132
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